Après l’expiration cette semaine de l’ultimatum de l’organisation sous-régionale ouest africaine (CEDEAO) à l’endroit de la junte militaire guinéenne par rapport à un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
L’organisation sous-régionale fidèle à sa posture de valets des puissances néocolonialistes s’est fendue un communiqué laconique, mais plein de sens.
Lorsqu’on sait que, pour ces syndicats des oppresseurs des peuples africains, dans toutes les décisions qu’ils prennent, c’est la honte qui se le dispute à l’indignation.
Elle doit selon ce communiqué dépêcher des émissaires en Guinée pour discuter avec la junte militaire guinéenne de l’évolution de la situation.
Une attitude qu’elle n’a pas adoptée vis-à-vis de la junte militaire malienne n’est ce pas.
Il ne faut surtout pas être étonné de l’immobilisme et le désintérêt affichés de cette institution obsolète africaine face aux différentes crises qui ne menacent pas l’intérêt des puissances néocolonialistes dans la sous-région.
Car depuis que le président ghanéen Nana Akufo Addo a pris la tête de cette institution, et qu’il est devenu l’allié de son homologue Ouattara de la Côte d’Ivoire, la posture de l’organisation sous-régionale ouest africaine ne fait plus preuve d’ambiguïté.
Et pour l’heure, pour qu’un État de la sous-région subisse des sanctions de cette institution, il faut être opposé aux intérêts des puissances néocolonialistes en Afrique de l’ouest.
Tant que tel n’est pas le cas, tout président de cette zone peut tuer, humilier, oppresser son peuple. Il peut organiser des coups d’états militaires, des coups d’états constitutionnels sans être inquiété.
Et on peut agir au-delà, et aller jusqu’à déstabiliser les chefs d’Etats africains opposés à l’asservissement des peuples africains.
Il n’y aura ni action, ni réaction de la part de l’institution devenue le représentant des intérêts des puissances néocolonialistes en Afrique.
C’est pourquoi elle n’a jamais daigné sanctionner Alpha Condé, Alassane Ouattara, Faure Eyadema, Patrice Talon malgré qu’ils soient connus pour la brutalité de leur pouvoir et qu’ils soient des tripatouilleurs de constitution.
Le pouvoir guinéen actuel étant un rallongement de l’ancien régime de M Alpha Condé, il sera probablement épargné de toute sanction.
La Guinée est avant tout pas comme le Mali et le Colonel Mamady Doumbouya est très différent du colonel Assimi Goita.
Car si le Colonel Psdt Assimi Goita se bat pour l’autodétermination des peuples maliens et africains, son homologue guinéen se bat plutôt pour faire intégrer la Guinée dans le precarré françafrique.
Mieux, cette institution sous-régionale a depuis au temps du feu psdt Lansana Conté toujours tenté de confisquer le combat du peuple de Guinée.
Pendant les remous sociaux de 2006 et 2007, elle avait refusé de se ranger du côté du peuple.
Et c’est ce qu’elle a fait aussi pendant les dix dernières années du régime de M Alpha Condé.
La Cedeao ne veut pas et ne va donc pas changer de posture vis-à-vis de la Guinée.
Car le faire signifie de pousser la junte militaire guinéenne et burkinabé dans les bras de celle malienne pour former un trio qui dans ce contexte actuel peut compter sur le peuple africain, las de son asservissement perpétuel.
Ils savent aussi que dans ces deux pays, les germes de l’anti-impérialisme et notamment de la françafrique sont existants.
Et il suffirait juste d’un faux-pas pour qu’à l’image du Mali les mouvements anti-impérialistes et tout comme le peuple affichent leur solidarité au pouvoir de Ouaga et Conakry.
La France de Macron dépassée et effarée par l’élan de solidarité des peuples africains à l’encontre du peuple malien, souhaite sans doute que ses valets aillent doucement avec les putschistes guinéens et burkinabés.
Une aubaine pour la junte militaire guinéenne avec son pouvoir aux allures de mandat.
Opposition politique guinéenne ouvrez donc les yeux et les oreilles : ce n’est ni les occidentaux, ni la CEDEAO pleureuse des peuples africains qui feront ce combat pour vous.
Mieux pourquoi l’élite africaine, notamment celle guinéenne, ne veut pas comprendre que nous sommes les seuls véritables responsables de l’alternance politique et de la défense de tous nos droits dans nos pays?
Il n’est en réalité un secret pour personne que les raisons de l’engagement des puissances néocolonialistes et de la CEDEAO dans l’actuelle crise guinéenne sont purement et simplement d’ordre économique et politique.
Vouloir penser que cette Institution aux ordres, de même que cette communauté internationale vont contribuer à l’instauration d’un système démocratique fiable et consolidé en Afrique plus précisément en Guinée, qui prend en compte l’intérêt des peuples africains, c’est faire preuve de naïveté.
Sachez bien que les transitions démocratiques en Afrique et particulièrement en Guinée ainsi que le vote ne servent qu’au renouvellement du personnel local du système-monde.
La junte militaire guinéenne est venue au pouvoir pour servir au renouvellement de ce personnel local du système-monde.
Elle restera donc au pouvoir tant que cela sera toléré par ce système, source de conflits, de pauvreté, d’asservissement et de pertes de revenus en Afrique.
Aïssatou Chérif Baldé