En Guinée, le chef de la junte lève le voile sur la durée de la transition.

Huit mois après le coup d’État contre Alpha Condé en Guinée, le président de la transition M Mamady Doumbouya dévoile enfin la durée de la transition politique en Guinée. 

Et il l’a fait samedi soir, dans un discours solennel adressé à la nation et diffusé à la télévision nationale. 

Le militaire au pouvoir depuis 8 mois, et chef de la junte souhaite que l’ordre constitutionnel soit rétabli d’ici « 39 mois », soit un peu plus de 3 ans.

Il dira donc lors de  ce discours adressé à la nation ceci: 

« Je ne décide pas seul, j’agis avec tout le monde. C’est pourquoi, il y a eu successivement, les journées nationales de concertation, les assises nationales et maintenant le cadre de concertation et de dialogue, qui viennent de rendre leurs conclusions provisoires, a déclaré Mamady Doumbouya lors d’un discours à la nation. 

C’est le lieu pour moi de remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite de ces différents travaux. Chaque Guinéen a droit à la parole, l’avis de tout le monde compte. C’est la volonté de la majorité qui tranche les contradictions. Il ressort une proposition médiane d’une durée consensuelle de la transition de 39 mois. Le CNRD Comité national du rassemblement pour le développement, l’organe dirigeant de la junte, et le gouvernement à leur tour soumettront au CNT (Conseil national de transition), qui tient lieu de Parlement, cette proposition qui est consécutive à de larges et patientes concertations. »

Il s’agit selon le Colonel psdt Doumbouya d’une « Proposition médiane consensuelle d’une durée de transition de 39 mois ». 

Et pour l’heure nul ne sait à partir de quand ! 

En tout état de cause, l’on se demande quelle valeur donner à une telle décision fondée sur des conclusions dites provisoires issues à la fois des assises, des consultations et des concertations, auxquelles une grande partie de l’opposition politique tout une partie de la société civile n’ont pas participé. 

Et cela malgré la main tendue de l’actuel ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation M Mory Condé. 

Sa main tendue aux acteurs politiques et membres de la société civile dont le FNCD, absents au dialogue, lequel devait être pourtant inclusif pour justement, aussi discuter de la durée de cette transition n’a jusqu’à présent pas trouvé un écho favorable auprès de ces acteurs majeurs de la vie politique guinéenne. 

Et lors de la clôture du  « cadre de concertation inclusif », le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, avait déclaré vendredi que l’« ensemble des acteurs » ayant accepté d’y participé avaient « proposé des durées allant de 18 à 52 mois » pour la transition, sans préciser à partir de quelle date. 

Le CNT qui joue le rôle du parlement dans cette phase de transition politique, n’a pas encore réagi pour dire quand exactement, il sera amené à donner sa position sur le sujet.

La réaction du FNDC tout comme celle de l’opposition politique guinéenne ne sait pas fait attendre. 

Elle qualifie cette proposition d’inacceptable et injustifiée. 

Pour la coordination nationale du FNDC, et tout comme pour L’ANAD la coalition autour de M Cellou Dalein Diallo, il s’agit là d’une violation de l’article 77 de la charte de la transition. 

On attend aussi la réaction de l’organisation sous-régionale ouest africaine CÉDÉAO, qui se montre déjà très souple avec les putschistes. 

Elle a déjà accordé un délai supplémentaire aux autorités guinéennes pour présenter leur calendrier de transition, après la date butoir qui avait été initialement fixée en mars au 25 avril sous peine de l’extension des sanctions économiques décidées contre le pays après le putsch de septembre. 

Après tout, vu l’instabilité politique, les crises récurrentes que connaissent la Guinée depuis des années (coup d’état militaire, coup d’état constitutionnel, corruption, impunité). 

Des crises qui sont entre autres dues aux dysfonctionnements et à la faiblesse des institutions, au manque de volonté politique des élites ambivalentes qui n’ont de foi qu’en l’argent et attendent, dans la jouissance, l’avis de l’extérieur. 

Serait-il réellement opportun cette fois-ci encore de courir derrière un calendrier électoral intangible comme ce fut le cas en 2010 avec les conséquences désastreuses qu’on connaît aujourd’hui ? 

Le retour à l’ordre constitutionnel est une question d’une impérieuse nécessité. 

Mais l’élite politique guinéenne qui souffre des maux tels que: suffisance, bureaucratie, culture de l’assistanat, dirigisme, élitisme, népotisme, corruption doit comprendre que la junte militaire guinéenne malgré son insincérité parfois affiché, malgré son tâtonnement est la seule capable de mettre la Guinée sur les rails et rendre le pays gouvernable.

Et à bien analyser, on constate que les transitions démocratiques en Afrique et particulièrement en Guinée ainsi que le vote ne servent qu’au renouvellement du personnel local du système-monde. 

Si on veut alors ériger la Guinée en une société démocratique non conflictuelle et éviter d’avoir un autre despote à la tête de l’État guinéen à l’image de M Alpha Condé. 

Il faut apprendre à faire du consensus politique, le dialogue, le compromis le socle du fondement de la société guinéenne. Et il faut donc privilégier le consensus politique, le dialogue social inter-guinéen. 

Ce qui compte dans cette phase cruciale de l’avenir de la nation guinéenne, ce n’est pas le fait de courir derrière un calendrier intangible, c’est la cohésion, le retour à l’ordre constitutionnel tout en prenant en compte les vrais enjeux des crises et conflits en Guinée. 

Le plus important, c’est d’apprendre par trouver des solutions guinéennes aux problèmes posés par les guinéens eux-mêmes . 

Car avant tout, il s’agit d’une proposition qui parle d’une durée de transition de «39 mois».

Donc elle n’est pas intangible. 

Affaire à suivre… 

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