Le culte de la personnalité a la vie dure en Guinée.

Après réflexion dans un silence religieux, je me rends compte que le choix de Mamady Doumbouya porté sur son ministre Ousmane Gaoual n’est pas fortuit.

Ils ont tous les deux un enthousiasme profond pour le culte de la personnalité ou encore la personnalisation du pouvoir. Et c’est leur trait d’union. Ils jouent en principe un personnage. 

C’est bien cette conception commune du pouvoir qui a certainement séduit Doumbouya.

De par sa mise en scène avec les militaires guinéens dans la préfecture de Gaoual, M Ousmane Gaoual Diallo prouve qu’il a bien la maîtrise du code de conduite politique guinéen pour les nuls. 

Il a bien mémorisé les données topographiques des bas-fonds politiques marécageux guinéens où règnent les crocodiles et gros poissons en maître. Il compte désormais evoluer  que dans ces eaux troubles. 

Car à vrai dire Ousmane Gaoual Diallo n’est pas un fin connaisseur de l’administration publique guinéenne pour apporter un changement important pendant cette période de transition ou impacter positivement la société guinéenne.

Mieux, il ne peut pas prétendre avoir une expérience dans le domaine qu’il occupe actuellement n’est ce pas ? 

Et il n’a pas non plus le même background que le premier ministre M Momed Beavogui.

Or l’administration reste une affaire de technique, le gouvernement une affaire de personnalité… Et c’est pourquoi le choix des agents de l’État doit se faire selon cette vision. 

Mais qu’à cela ne tienne, Ousmane Gaoual Diallo semble avoir beaucoup en commun avec Mamady Doumbouya.

Il s’agit bien évidemment de son enthousiasme pour le culte de la personnalité, son envie de vouloir être au centre de la décision publique et du jeu politique.

Pour ces deux hommes politiques guinéens, le pouvoir est un jeu de théâtre, une mise en scène politique.

Il faut personnaliser le pouvoir, se mettre en scène pour impressionner le peuple. On a pas besoin d’avoir un résultat et on n’est pas dans l’obligation de rendre compte.

Et d’ailleurs à qui du  moment où on se dit être l’État et donc au dessus de tout? 

Ousmane Gaoual Diallo est à mon avis ce genre de ministre capable de dire à Doumbouya: ” Excellence Monsieur le Président de la République, permettez-moi de vous dire combien de fois, je me sens privilégié de compter parmi vos collaborateurs les plus proches. A vos côtés, je me rends compte de comment il est difficile de gouverner un pays comme le nôtre”.

Il n’est pas comme le ministre Momed Beavogui, habitué à occuper des grands postes de responsabilité.

Et c’est pourquoi d’ailleurs ce dernier paraît être effacé et fait les choses naturellement.

Il ne fait rien de façon superficielle pour être vu et encore être sous la lumière. Et il est sur la même longueur d’onde que son ministre de la fonction publique ou encore celui de l’énergie.

Pourtant le culte de la personnalité signifie tout simplement une dépersonnalisation, un reniement de soi, on existe à travers la vénération de l’autre. C’est très grave. 

A vrai dire, nous avons de sérieux problèmes dont la résolution n’est pas pour demain, car la perception que des gens ont du pouvoir est telle qu’il nous faudrait encore beaucoup d’années pour la défaire et leur faire comprendre qu’il s’agit en réalité, d’un piédestal qui doit exclusivement servir à servir le peuple et non à se servir soi-même ou encore à se flatter l’ego.

Aïssatou Chérif Baldé 

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