Guinée: L’ancien premier ministre M Kassory Fofana ne peut pas être blanc comme de la neige/Chronique

Dans une interview téléphonique que M Kassory Fofana a accordé hier 28 février au site d’information guinéen Guineenews, il prétend être blanc comme de la neige. 

Il faisait allusion à son passage hier lundi 28 février à la direction des investigations judiciaires où il a été longuement auditionné. 

Après cette audition qui a eu lieu devant ses avocats, le très controversé premier ministre d’ Alpha Condé est rentré librement à la maison. 

Alors la question est de savoir comment peut-on prétendre en tant que chef de gouvernement de l’un des pays les plus corrompus au monde être blanc comme de la neige? 

Et surtout lorsqu’on a ses anciens ministres, directeurs généraux, chefs de cabinet écroués ou poursuivis pour corruption, détournement de fonds publics. 

L’on se souvient que c’est pendant sa période de gouvernance que le journal français mediatv faisait une révélation sur les parfums de corruption autour des mines guinéennes sur fond d’une France-Afrique. Et son ancien Ministre de la défense M Mamady Diane était au cœur de cette corruption financière. 

À cela s’ajoute d’autres cas de corruption impliquant deux de ces anciens ministres notamment M Dioubate et dame Djenab Nabaya Dramé. 

Mieux, c’est lorsqu’il était premier ministre que dans un article de “Jeuneafrique” basé sur un rapport de l’ONG Global Financial Integrity (GFI) et du groupe de travail Financial Transparency Coalition que la  Guinée a été cité parmi

les 5 pays de l’Afrique subsaharienne qui à travers le blanchiment d’argent investissent des milliards de francs guinéens dans l’immobilier aux États-Unis. 

Or, qui parle de blanchiment d’argent parle de corruption, de trafic de drogue, d’êtres humains, d’armes, de la contrebande et de la fraude fiscale.

M Ibrahima Kassory Fofana a occupé pendant ces 30 dernières années des postes clés dans le gouvernement de feu Président Lansana Conté et celui de M Alpha Condé. 

Et c’est sous ces deux gouvernements que la Guinée est devenue l’un des pays les plus corrompus au monde. 

M Kassory Fofana était pourtant au cœur des prises de décisions de ces deux régimes. Il y a occupé des postes clés et y a placé ses hommes de confiance à des postes juteux comme l’ancien directeur de l’impôt M Aboubacar Makhissa Camara. 

Kassory Fofana fut aussi sous le régime d’Alpha Condé, ministre d’État chargé des investissements publics et privés.  Il a organisé et participé pendant cette période à la négociation et à la signature de tous les contrats miniers qui souffrent d’anomalies et de désavantage pour les guinéens. 

La précarité dans laquelle est plongée la population de Boké où sont tirés des millions de tonnes de bauxite en fait foi. 

Ces contrats miniers ont été qualifiés par le FMI (fond monétaire international) de contrats frauduleux qui souffrent de manque de transparence. 

Et le FMI avait d’ailleurs exigé que les avenants aux contrats miniers signés par Alpha Condé et Kassory Fofana mais cachés au peuple de Guinée et aux partenaires extérieurs de la Guinée soient immédiatement publiés. 

Et lorsqu’il fut nommé premier ministre en 2018 la situation n’avait pas changé. La corruption devenait de plus en plus monnaie courante. 

Alors M Ibrahima Kassory Fofana ne peut pas être blanc comme de la neige. 

Il n’existe au fait aucun préalable qui puisse laver cet ancien premier ministre de tout soupçon. 

Même si la junte militaire guinéenne tentait de le faire Kassory Fofana laisse quand même en matière de corruption des traces indélébiles. Il traîne ces crimes financiers comme une sorte de tar au conséquence grave pour la République. 

Et en temps réel personne parmi ces agents de l’État ne peuvent être lavés de tout soupçon du moment où les gouvernances auxquelles ils ont participé ces trente dernières années étaient axées sur un paradigme autoritaire/patrimonial prédominant, une violation des droits de l’homme. 

Il s’agissait surtout des gouvernances sur fond d’un clientélisme systématique, la corruption et le mauvais usage des ressources de l’État, la détérioration du domaine public. 

Des facteurs qui ont encouragé la petite corruption des bureaucrates de base ainsi que la corruption à grande échelle de nombreux responsables guinéens. 

La toute nouvelle Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) en Guinée doit éviter de faire du deux poids deux mesures. 

Cette Cour doit mettre en avant sa volonté de ne pas laisser impunis les scandales économiques que la Guinée a connus depuis des lustres.  

Quant à M Kassory Fofana, il est trempé comme une soupe et ne peut être blanc comme de la neige certainement que dans le pays des ténèbres. 

Aïssatou Chérif Baldé

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