Et si le débat sur le renouvellement de la classe politique en Guinée était une façon d’exclure ceux qui dérangent la junte militaire guinéenne ?

Diagnostique de la classe politique guinéenne qui se fait appeler jeune:

Lorsqu’on analyse, l’attitude de la jeune classe politique guinéenne, notamment celle qui aspire à faire de la politique, à diriger ce pays ou qui dirige actuellement la Guinée, on se rendra très vite compte qu’ils sont tout sauf exemplaires. 

Ils sont dans la presque totalité plus despotiques, ethnicistes, divisionistes, manipulateurs que les acteurs politiques tels que Cellou Dalein Diallo, Kassory Fofana, Damaro Camara, Sidya Touré, Bah Ousmane, Bah Oury taxés aujourd’hui de vieux. 

On peut d’ailleurs dire, qu’ils sont plus amoraux que ces acteurs politiques guinéens  et savent par conséquent mieux tirer les rideaux.

Donc la  jeune génération actuelle brille le plus souvent avec des attitudes moins vertueuses, antidémocratiques, démagogiques, que la génération actuelle de Cellou Dalein Diallo qui occupe le paysage politique guinéen.

L’affaire de don des trois bus au CNT présenté par le Colonel Amara Camara comme un don du CNRD au conseil national de la trahison, démentie par le président de la dernière assemblée nationale M Amadou Damaro Camara prouve combien de fois, ces jeunes sont faux et irrespectueux des valeurs de la République de Guinée. 

Ces actuels tenants du pouvoir à l’image de Dansa Kourouma ou du Colonel Amara Camara ne ratent aucune occasion pour prouver aux guinéens qu’ils n’ont atteint le sommet que grâce à leur négativité. 

Le premier clash de Dansa Kourouma hier au CNT de la trahison avec un de ses conseillers qui l’accusait de faire le choix des membres des commissions sur fond de copinage et d’ethnicité en fait foi. 

Ceci prouve que ces jeunes politiciens à la solde de la junte militaire guinéenne, qui étaient hier avec l’opposition ou avec la mouvance, ces vrais transhumants politiques ne se soucient pas de l’avenir du pays. Ils ne pensent qu’à leur famille, clan, ethnie, région et leur ventre. 

Et c’est grâce à l’ancien régime de M Alpha Condé, qu’on a pu voir beaucoup de ces gens à l’œuvre. Ils ont en dix ans détourné plus de fonds publics que toute la classe politique actuelle qu’elle qualifie aujourd’hui de vieille ou corrompue. 

Car tous les jeunes ministres, les directeurs généraux, les chefs de cabinet propulsés par Alpha Condé à des postes de responsabilité parce qu’il voulait rajeunir la fonction publique se sont avérés être très voraces et des vrais spécialistes en corruption organisée. 

La venue de la junte militaire au pouvoir  n’y changera rien puisqu’elle est aussi entourée presque que de telles personnes. Elle a fait le choix du changement dans la continuité. 

Et pire, cette nouvelle génération de la caste des jouisseurs, souffrant de précarité matérielle qui accompagne le président Mamady Doumbouya, sont plus figés dans des schémas ethnicistes, mafieux et claniques, que les acteurs politiques tels que Cellou Dalein Diallo ou Kassory Fofana. 

À cause de la lutte factionnelle pour le contrôle suprême de l’État, ces gens travaillent aujourd’hui d’arrache-pied pour façonner comme jadis les colons les distinctions ethniques au sein de la société guinéenne.

Or au fond, ils sont le reflet de la décadence de la société guinéenne. Ils n’ont qu’un seul projet: s’enrichir sur le dos de la population guinéenne.

Ce sont de pareilles personnes qui ont conduit le professeur Alpha Condé à sortir par la petite porte et aujourd’hui en bon entrepreneurs politiques, en bon journaleux, guignols zélés, ils sont désormais en train de pousser Mamady Doumbouya à être la prochaine déception programmée de l’histoire récente de la Guinée. 

Ces gens ont leurs veste à la main. Ils peuvent ainsi la retourner quand leurs intérêts sont en jeu.

On tourne la veste du côté du pouvoir pour aller à la mangeoire, puis on la retourne dès que l’on est plus en bon terme avec le parti au pouvoir. 

De Sékou Touré en passant par Conté, Dadis Camara jusqu’à Alpha Condé, ils sont partout et nulle part. 

D’autres parmi eux sont par le biais de leurs parents des pilleurs héritiers. Donc corrompus d’office afin d’assurer la continuité du système mafieux, instauré par leurs parents. 

En effet ce qui est encore plus pathétique c’est le cas des jeunes cadres de la diaspora, qui évoluent ou ont évolué dans des pays occidentaux, où ils ont soit fréquenté des grandes écoles, ou soit travaillé pour des grandes boîtes. 

Ou à défaut, ils faisaient partie de cette catégorie de guinéen, qui n’arrivait pas à s’intégrer dans leur pays d’accueil. Ils souffraient d’une précarité matérielle et étaient obligés d’être des caisses de résonance de l’opposant politique Cellou Dalein Diallo pour survivre. 

Ceci dit, ils ont vécu quand même dans des sociétés démocratiques où le mérite, l’alternance, la compétitivité, sont entre autres des critères sacrés dans l’exercice des fonctions occupées.

Mais une fois en Guinée sous le soleil, ils portent tous le costume de futur criminel financier, aux attitudes ethnicistes, népotistes, régionalistes. 

Ils deviennent tout simplement des calembours déguisés, des girouettes politiques ou se transforment en des  arrivistes inféodés dans un système néo-patrimonialiste où les cadres compétents sont obligés de se mouvoir au milieu des médiocres pour ne pas se faire dévorer par ces nouveaux arrivistes sans valeur et  vertu.

Propositions:

Alors, il faut rappeler à la junte militaire guinéenne que le renouvellement de la classe politique guinéenne puisque composé aujourd’hui de Cellou Dalein Diallo, de Sidya Touré, de Amadou Damaro Camara ou de Kassory Fofana ne passe pas. 

Car c’est juste une manipulation sur fond d’ethnisme politique et d’exclusion, une mission donc impossible. 

Si elle veut réellement renouveler la classe politique, elle doit commencer par se libérer de ses attitudes tyranniques, claniques, ethnicistes, mafieuses pour que puisse enfin émerger une Guinée nouvelle. 

Le  renouvellement de la classe politique ne doit pas être perçu comme une priorité dans cette phase de la transition politique. 

Toute l’attention doit être focalisée sur le retour rapide à l’ordre constitutionnel. 

Il faut donc recentrer le débat sur les sujets prioritaires: les élections, l’éradication de la corruption, de l’ethno-stratégie, la justice, la réconciliation, la moralisation de la fonction publique, la mise en place des institutions fortes. 

Des institutions étatiques composées d’hommes et de femmes capables de faire de la démocratie une construction volontariste d’un Etat de droit et avec un montage intellectuel d’une architecture politique qui garantit l’équilibre institutionnel et la sécurité juridique des citoyens en tenant compte de toutes les classes qui composent la société guinéenne. 

C’est-à-dire cette démocratie qui a pour avantage de privilégier la primauté du droit sur la pratique politique. 

Ainsi le renouvellement de la classe politique guinéenne prendra son cours normal. 

Aucun acteur politique ou agent  de l’Etat ne sera tenté de personnaliser la teneur de la continuité de l’Etat à leur seul bénéfice, ou de se maintenir éternellement à la tête de leur parti politique quel que soit le  motif de leur performance dans la gouvernance politique ou économique, ou le degré de manipulation au sein de leur famille politique et le caractère clientéliste, ethniciste de leur partis politiques.

Aïssatou Chérif Baldé. 

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