En Guinée on marche pour ne pas avancer et on parle pour ne rien dire.

Dansa Kourouma est installé à la tête du conseil national de la transition, l’organe qui devra jouer le rôle du parlement. 

Et l’allocution de son président renoue avec l’art dont la maîtrise est bien guinéenne: marcher pour ne pas avancer et parler pour ne rien dire. 

Ce discours prouve que la transition de Mamady Doumbouya est en train de se vider de sa substance. 

Il laisse transparaître une ambiguïté et une instabilité d’un président du CNT, ce soutien de la deconfiguration de la démocratie guinéenne. 

Ce discours met surtout à nu, que Dansa Kourouma n’a pas le caractère des grands esprits qui laissent entendre en peu de paroles beaucoup de choses. 

On sent à travers ses mimiques qu’il s’y plaît bien dans ce nouveau rôle. 

Même s’il manque de charisme, d’éloquence, même s’il sait que sa présidence souffre d’une légitimité écornée puisqu’il a été imposé par la junte militaire guinéenne. 

Et c’est pourquoi il tente d’ailleurs de rassurer le peuple en faisant croire à celui-ci qu’il serait en mesure de se mettre au dessus de l’intérêt privé du clan qui l’a imposé au peuple de Guinée. 

Donc il tente de duper, de manipuler le peuple aussi.

Or il sait pertinemment qu’il ne pourra pas à travers ce discours démagogique, soulever les foules ou encore toucher les cœurs. 

Car Il n’a jamais appris à parler le langage du peuple en tant que membre de la société civile guinéenne. Il avait fait le choix d’être du côté de la caste des jouisseurs pour humilier, diviser et opposer le peuple. 

Alors ce n’est pas en devenant le  président du conseil national de la transition, qu’il pourrait à travers des slogans populistes abreuver le peuple de formules choc pour redonner de l’espoir aux guinéens assoiffés de liberté, de paix et de progrès.

Car vous savez pertinemment que vous êtes un valet de la junte militaire au pouvoir depuis cinq mois. 

Et que votre conseil national de la transition qui doit jouer le rôle du parlement pendant cette phase de transition politique va  être sans doute un endroit où l’on essaie sur fond d’accord, de compromis, de compromission, de consensus à  dénaturer les exigences fondatrices de la démocratie. 

Cet organe législatif, donc le dernier maillon du dispositif prévu dans le cadre de la transition à durée encore inconnue, n’a pas été au cœur d’âpres discussions. 

Et le choix des membres de cet organe à été fait sur fond de faux calculs politiques. 

La junte militaire à laisser des personnes sans compétence et aptitudes interpersonnelles, sans humilité, sans conscience de soi, sans vertu, sans intégrité être membres du CNT. 

Elle a ainsi ouvert la voie à une nouvelle crise sans précédent qui prolongera le maintien de la junte militaire à la tête de l’État. 

Mieux, le combat politique étant d’abord clanique, factionnel, ethniciste, mafieux, régionaliste, votre discours d’aujourd’hui disparaîtra sans trace comme un fauve en liberté. 

Vos échecs seront donc visibles et vos limites vont se matérialiser dès que le vent de l’histoire se lèvera un peu.

Donc M le président du CNT vous marcherez alors pour ne pas avancer. 

Et commencer alors à jouer franc jeu, pour faciliter la tâche au peuple. 

Car vous êtes tout sauf cet homme politique, capable de dire à l’avance ce qui va arriver demain, la semaine prochaine, le mois prochain, l’année prochaine. C’est-à-dire cet homme capable d’expliquer pourquoi tout cela n’est pas arrivé.

Et qui accepte surtout de s’exprimer d’abord que par ses actes et prouver que c’est seulement d’eux dont il est comptable. 

Mais que faire d’autres ? 

Du moment où les guinéens ont refusé de confier la destinée de ce pays à une classe intellectuelle capable de mettre à nu les contorsions et les agitations des fossoyeurs de la république, afin que ce pays ne se laisse plus abuser des pyromanes, faux politiciens de tout bord confondu à l’image de M Sékou Sanoh qui se réfugient derrière des visages de samaritains à la place de leurs tronches hideuses, pour que vive la Guinée éternelle. 

D’ici là nous restons ces  marginalisés de ce pays laissés à la porte de la citoyenneté. 

Et chassés par ceux qui occupent la rue des damnés de ce pays parce qu’on voulut crier nos droits dans la rue, sous le soleil, dans le froid. 

On se retrouve sans voix. 

AISSATOU CHERIF BALDE

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