Bamako: L’ambassadeur français sommé par les autorités maliennes de quitter le Mali sous 72 heures.

La junte malienne a décidé d’expulser l’ambassadeur de France à Bamako. Le représentant français a été sommé ce lundi de quitter le pays sous 72 heures

Les autorités ont justifié cette décision par les récentes déclarations “hostiles” des responsables français à leur encontre. 

En réaction, la France a pris note et décidé de rappeler son ambassadeur au Mali.

Une situation qui ne surprend personne en réalité. 

Car la France de Macron a multiplié sa guerre médiatique, ses invectives sur fond de white supremacy et d’un complexe de supériorité ces derniers mois vis-à -vis du gouvernement de transition malien. 

Or la France qui qualifie aujourd’hui la junte militaire malienne d’illégitime, soutient sans gêne les coups d’État constitutionnels en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Togo, au Congo-Brazzaville, au Cameroun avec des régimes dynastiques, despotiques et a soutenu récemment le coup d’État militaire survenu au Tchad pour imposer aux tchadiens une dynastie despotique. 

Macron et la plupart des politiciens français de la droite ou de l’extrême droite souffrent d’un complexe de supériorité vis à vis des africains. 

Et elle souffre surtout d’une humeur ombrageuse qui occasionne orgueil, supériorité et domination, avec une fausseté de jugement qui provoque des déviations du raisonnement et une altération logique, se traduisant par des interprétations tendancieuses irréductibles. 

Ils ont du mal à admettre qu’un  africain à l’image de l’actuel président malien Assimi Goita décide de sortir son pays du pré-carré français, de mettre fin à l’étau de la France-Afrique, cet instrument d’asservissement néocolonialiste en privilégiant l’intérêt du peuple malien.  

Il faut rappeler que le Mali est en proie à une guerre antiterroriste,  à une guerre sécessionniste depuis 2013. 

Et la France y est présente avec ses alliés européens depuis ce temps, mais reste incapable d’aider les maliens à mettre fin à cette guerre qui a causé assez de dégâts humains et matériels. 

Assimi Goita, venu dans un contexte très instable, complexe au pouvoir avec une armée presque en débandade et des équipements obsolètes a tenté de se faire de nouvelles alliances avec la Russie afin de mettre fin à la guerre au Mali. 

Une décision qui met mal à l’aise la France qui considère encore cette partie de l’Afrique comme sa propriété privée. 

Et c’est pourquoi d’ailleurs la plupart des pays de cette zone ont une indépendance confisquée. 

La preuve est que le Mali n’a pas sa propre monnaie. Elle utilise encore aujourd’hui la monnaie coloniale CFA dont le cours est arrimé à celui de l’euro. Et elle doit déposer une partie de ses réserves de change (hors trésorerie courante et transactions avec le FMI) à la hauteur de 50% pour la BCEAO et la BEAC au trésor français. 

Et c’est pourquoi le gouvernement français pour asphyxier les maliens et les contraindre à rester sous le joug du néocolonialisme français a fait appel à l’organisation ouest-africaine la cedeao, et à la banque centrale (la BCEAO) des pays de la zone UEMOA, pour prendre des sanctions inédites le 09 janvier dernier contre le peuple malien. 

Mais ils oublient que les temps ont changé et que l’autodétermination des peuples africains est non négociable. 

Ce qui fut possible en 2010 en Côte d’Ivoire ne peut pas être possible aujourd’hui au Mali. 

Car les peuples maliens et africains se sont montrés solidaires avec la junte militaire malienne. 

Les africains ont compris que les sanctions contre le Mali d’Assimi Goita n’ont rien à voir avec la question du calendrier électoral. 

Sinon comment se fait-il que la même France refuse  d’exiger au putschiste tchadien un calendrier électoral de la même façon qu’elle le fait avec le Mali. 

Les autorités françaises et certains politiques de l’extrême droite en France qui prétendent que l’armée française est au Mali pour protéger les maliens des terroristes souffrent d’un manque de discernement et d’un certain déni persistant de leur histoire liée à l’Afrique. 

Ils exigent à ce que les maliens respectent la mémoire des 54 soldats français morts au front pour disent-ils protéger les maliens. 

Et que l’expulsion de l’ambassadeur français serait une humiliation. 

Sauf que la meilleure façon de se faire respecter, c’est de commencer par respecter la volonté des peuples maliens qui ne veulent plus de l’armée française au Mali. 

Mieux si des soldats français meurent aujourd’hui au Mali, il n’y a pas longtemps ce fut les africains qui mourraient pour libérer la France de l’emprise nazi. 

On parle ici des tirailleurs sénégalais, ces anciens combattants des colonies françaises enrôlés par la force pour libérer un pays qui les opprimèrent. 

Et selon Jean-Yves Le Naour on comptait 180 000 tirailleurs sénégalais, « dont 130 000 ont combattu en France » et « 30 000 sont morts, ce qui représente un mort pour six mobilisés ». 

Mais les véritables chiffres peuvent aller au-delà. Car la France a du mal à expliquer à son peuple que ce furent les Africains qu’ils asservissent, qui les ont pourtant aidés en grand nombre à se libérer de l’emprise du nazisme allemand. 

Donc que les autorités françaises comprennent qu’ils ne peuvent plus continuer à tromper le peuple africain et malien. 

Le droit à l’autodétermination des peuples africains est reconnu par la charte africaine des droits de l’homme . 

Ainsi “tous les peuples africains ont le droit à l’auto-détermination en vertu duquel ils déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel”. 

Tous les peuples de ce monde peuvent selon la charte de l’onu, à leurs propres fins, disposer librement de leurs richesses et ressources naturelles sans préjudice de toute obligation découlant de la coopération économique internationale, basée sur le principe de bénéfices mutuels et du droit international. Un peuple ne peut, en aucun cas, être privé de ses propres moyens de subsistance.

Il est donc temps gouvernement français de mettre fin à vos ingérences subversives, à votre indignation sélective, à votre justice à géométrie variable, à votre pillage systématique. 

Car pour vous, la déclaration universelle des droits de l’homme existant depuis plus de 60 ans n’est valable que pour vous  les “civilisés” qui évitent la guerre chez vous et se serrent les coudes dans la mise au pas des “barbares“.

Aïssatou Chérif Baldé 

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