L’unilatéralisme est nuisible au processus de démocratisation.

Une junte militaire qui puise sa légitimité de l’onction populaire qui est loin d’être figée ou acquise doit forcément se méfier d’adopter des attitudes qui ne prennent en compte qu’un seul côté, qu’une seule position, qu’un seul point de vue. 

La nécessité de créer un cadre de dialogue franc, réaliste, sage pour privilégier le consensus politique puisqu’un coup d’état militaire est une situation hors norme est inévitable pour la réussite de toute transition politique.

Car le consensus politique reste dans un processus de démocratisation l’instrument le mieux adapté pour éviter des crises et trouver des solutions à celles existantes. 

Et cette pratique du consensus consiste à rechercher des décisions unanimes non uniformes : « nous pouvons être

d’accords d’être en désaccord, de tout faire différemment sans que cela remette en cause notre volonté de rester

ensemble ». 

Ce qui compte, c’est la cohésion au sein de la société, tant qu’elle est préservée, il peut y avoir des divergences d’opinion, d’action. 

Mais la cohésion de la société est en cause dès que des personnes veulent imposer leur point de vue ou que d’autres ne peuvent plus y rester à cause de leurs désaccords. 

Cela nécessite alors de retravailler sur les“Orientations”, les finalités de la société. 

Alors il est temps de rappeler ceci à la junte militaire guinéenne qui n’écoute que cette partie de la classe intellectuelle paranoïaque, source de la crise de ces dix dernières années. 

Et cette fausse classe intellectuelle, dont la junte militaire guinéenne fait allégeance, souffre sans doute d’une déficience intellectuelle,d’une humeur ombrageuse qui occasionne orgueil, supériorité et domination, avec une fausseté de jugement qui provoque des déviations du raisonnement et une altération logique, se traduisant par des interprétations tendancieuses irréductibles. 

Et pourquoi écouter une telle élite? 

La plus vorace ou violente dictature tombera faute de consensus. 

L’exemple d’Idriss Deby du Tchad ou encore de Blaise Compaoré au Burkina Faso en sont des exemples illustratifs sur le continent. 

Le régime putschiste de Conakry doit comprendre qu’un putsch militaire reste un recul démocratique, car il remet en cause les fondements de la République tels qu’ils avaient été institués  par la volonté du peuple. 

D’où la nécessité de faire usage du consensus politique pour rapprocher les positions des unes et des autres de dépasser les différends, d’adopter une position commune qui arrangerait toutes les parties sans qu’aucune d’entre elles ne se sente vaincue. 

Et il faut y faire recours maintenant, pour éviter qu’on arrive à une impasse et que l’intérêt général se trouve menacé. 

Les circonstances du moment en Guinée et dans sa phase actuelle vous imposent cette solution. 

Car elle a le mérite de faire éviter le pays des crises qui si elles ne sont pas résolues à temps, risquent de s’accentuer et d’exploser à tout moment. 

Comme cela fut d’ailleurs le cas le 05 septembre 2021. 

Junte militaire guinéenne ne jouez pas donc à la surdité sociale et politique. Elle ne mènera la Guinée que vers le chaos. 

Ne refusez pas de prendre la voie de la solution de bon sens et de mesure pour sortir la Guinée de cette situation crisogène. 

N’est-ce pas c’est ce qui a motivé votre prise du pouvoir par les armes? 

Certes la classe politique guinéenne réfute le plus souvent le consensus politique et préfère les compromissions contre nature. 

Elle a l’habitude de ne choisir que cette voie basée sur l’affrontement sans consensus politique qui disqualifie par principe la notion du dialogue social et politique et expose la Guinée à toute sorte d’éventualité. 

Mais il ne faut pas pour autant adopter la stratégie du genre ça casse ou passe. 

Même si cette stratégie flatte les concepteurs de la violence d’état et de l’ethnisme politique autour de vous et les militants extrémistes et reste perçue par ces groupes sans doute comme payante. 

Car pour eux, elle joue au pourrissement de la situation socio-économique et politique du pays, creusant ainsi davantage le fossé au sein de la société guinéenne. Et ce pourrissement les arrange. 

Mieux, le changement générationnel en Guinée ou le renouvellement de la classe politique guinéenne ne se décrète pas. 

Le mieux serait de travailler sur une alternance mentale. 

L’espoir d’une alternative générationnelle n’est possible que lorsqu’il ya une alternance mentale afin d’empêcher la nouvelle génération de reproduire les mauvaises pratiques de leurs aines.

                                                        Refusez d’ôter à cette transition politique  son âme. 

Les élections sont l’occasion de départager démocratiquement les voix, c’est une compétition volontaire où les électeurs sont invités à choisir ceux parmi les candidats les mieux aptes à les gouverner.

Alors faire intervenir d’autres procédés et changer les règles sur le terrain de jeu égalitaire et responsable, pour exclure certains c’est ôter toute qualité de citoyens aux guinéens et toute liberté à leurs volonté.

Si vous voulez responsabiliser le peuple de Guinée et leur apprendre la démocratie, leur inculquer la culture politique et citoyenne, il ne faut pas les priver de tels droits. 

Une telle attitude ne pourrait que faire d’eux des sujets qui acquiescent servilement au bon vouloir de ceux qui veulent les guider comme un troupeau de moutons. 

Avec ce genre d’attitude, la Guinée continuera de rester dans son cul de sac habituel. 

Aïssatou Chérif Baldé. 

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