Quoi qu’on dise de l’actuel président guinéen M Mamady Doumbouya, il tente tout de même de rester en quelque sorte fidèle à son discours du 5 septembre 21.
Certes il a eu à prendre ces derniers temps des décisions politiques clivantes et par moment s’éloigner un peu de son discours.
Le recyclage de l’une des plus grandes figures emblématiques de l’enterrement de l’alternance démocratique en Guinée et l’incarnation de la corruption organisée au sein de l’administration publique guinéenne du nom de Madame Fatou Aribot en fait foi.
Mais au fond, il tente tout de même de rester fidèle à son discours, car il est quand même le président de ce pays où tout ce qui est interdit est permis et tout ce qui est permis, interdit.
Vouloir échapper alors à l’emprise spectrale des crocodiles politiques très nombreux autour de lui et très enraciné n’est pas du tout un jeu facile.
Sa récente décision approuvée en conseil des ministres de ce jeudi, portant sur la fin du monopole dans le secteur économique du pays reste salutaire et prouve qu’il veut toujours incarner la rupture.
Elle est déjà mise à exécution par l’actuel ministre du commerce, de l’industrie et des PME Bernard Gomou et stipule que désormais:
« Toute personne physique ou morale exerçant en République de Guinée une activité économique notamment de production, de transformation, de commercialisation, de distribution ou de prestation de services est dans l’obligation de se conformer aux règles de la libre concurrence et au respect des lois et règlements en vigueur en la matière. Ainsi, toute situation de monopole est interdite ».
Une décision salvatrice, car pour booster et diversifier l’économie guinéenne. Il est impératif d’exhorter les responsables politiques à briser le pouvoir des monopoles et à préserver le droit de toutes entreprises existantes en Guinée de rivaliser et de servir les besoins de nos communautés. La mainmise de certaines entreprises étrangères sur le commerce guinéen ces derniers temps est l’une des principales menaces que doivent affronter les commerces.
M le président Mamady Doumbouya, nonobstant ces décisions politiques positives. Il est temps de mettre fin au débat sur la mise en place du Conseil national de la transition (CNT), le dernier organe de la transition démocratique.
Car vouloir vous attelez seulement sur l’essentiel qui reste entre autres: ➖établir un État respectueux des principes de la démocratie; ➖accroître le potentiel de nos ressources humaines; ➖assurer la protection sociale et le bien-être pour tous; ➖mobiliser de manière stratégique nos ressources financières; ➖dynamiser les secteurs créateurs d’emplois et de richesse;➖ lutter contre le chômage des jeunes;➖ favoriser la transparence dans la gestion de la chose publique en renforçant les institutions étatiques; ➖favoriser la transition énergétique.
➖Favoriser surtout les investissements privés indispensables à la croissance économique pour créer des emplois, dynamiser la croissance économique, engranger les recettes fiscales pour développer les infrastructures et pour redonner espoir au peuple ne doit pas vous faire oublier la mise en place du Conseil national de la transition.
Beaucoup de vos actions sont en grande partie louables pour le moment.
Mais la mise en place de l’organe législatif pendant cette période de transition politique doit aussi rester une de vos priorités.
Sinon vous ferez involontairement germer la confusion, la supputation avec un risque énorme d’affaiblissement de votre pouvoir.
La formation du Conseil national de la transition (CNT) ne doit pas s’apparenter à un jeu d’équilibristes.
N’est ce pas vous connaissez pratiquement très bien ce pays pour savoir quel rôle à eu à jouer chacun de ses candidats dans ce pays ?
Le CNT est très important car la charte de la transition lui confère certains pouvoirs. Il vous faut aussi une Assemblée nationale pour faire les réformes prévues pendant cette période de transition politique liée par exemple au renforcement des institutions de la République.
On comprend votre souci d’inclusion face à un nombre pléthorique de parties prenantes et de leurs positions divergentes, mais plus de trois mois sans le CNT ne joue pas en votre faveur.
L’on comprend aussi, l’autre défi qui vous attend notamment celui de former un CNT qui ne soit pas contesté car cela pourrait entraîner une autre crise.
Mais sauf que vous êtes venu au pouvoir parce que vous voulez enclencher et incarner la rupture.
Et certaines de vos décisions unilatérales de ces derniers jours ont prouvé que vous êtes en mesure d’agir sans porter une oreille attentive à une partie du peuple.
Car ce ne sont pas toutes les décisions d’un président de la République qui peuvent faire l’unanimité.
Et retenez donc M le président de la République Mamady Doumbouya que gouverner c’est improviser et prévenir. « L’art de gouverner c’est l’art de vaincre les difficultés ; l’art de vaincre les difficultés, c’est l’art de choisir les hommes selon leur aptitude : et cet art, c’est le secret de toute grandeur, c’est l’explication que donne l’histoire de l’éclat des plus illustres règnes; L’art de gouverner, c’est l’art d’administrer un pays, d’en conserver et d’en accroître le bien-être et la moralité, l’art de gouverner c’est savoir céder par moment aux caprices de son peuple ».
Et le caprice du peuple guinéen à l’état actuel des choses c’est de juste renouer avec les idéaux d’un État juste, égalitaire, responsable et transparent.
La mise en place du Conseil national de la transition est l’un de ses caprices et doit être perçue comme une priorité.
Aïssatou Chérif Baldé.