Ethnisme: Jusqu’où peut-on dire ce que l’on pense, qu’il s’agisse d’un raisonnement structuré ou d’un sentiment ?

La haine anti-peule n’est pas une opinion, son expression est un délit!

Guinéo-Allemande, peule, citoyenne du monde, née et grandi à Kindia, la ville des agrumes; suis-je aussi responsable de par mon appartenance ethnique des actes inappropriés de certains membres de la communauté haali-pular en Guinée ? 

Tellement indignée ce matin ! 

Et pourtant j’étais émerveillée hier par les actes du lion guinéen Mamadi Doumbouya. 

Alors, dois-je laisser libre cours à mes pensées, mes sentiments voire dépasser les espaces les plus démoniaques pour répondre coup par coup aux abrutis qui confondent par exemple l’attitude inappropriée de certaines personnes à toute la communauté haali-pular de la Guinée ? 

Ou dois-je plutôt chercher à travers ma plume à les combattre pour atteindre la suppression pure et simple de leur liberté de pensée et pour ainsi mettre fin à ce droit donné sur les réseaux sociaux et ailleurs à ces personnes, excessives, extrémistes donc petit d’esprit pour ne plus devoir, les lire, les écouter ?

Ces abrutis qui confondent le plus souvent le racisme, l’intolérance, la discrimination, la misogynie, l’ethno-strategie à une opinion sont présents dans toutes les sociétés. 

De l’Allemagne en passant par la France avec son Eric Zemmour et en Guinée, on les trouve partout et ils sont de toutes les couleurs. 

Comme pour dire qu’il existe des bons et des mauvais partout, mais cela ne te donne pas le droit de propager la haine anti-peul sur fond de préjugés fallacieux. 

Tiens, même si mon cerveau est encore trop lourd ce matin à force d’entendre des insanités, des fausses interprétations de certains guinéens sur les réseaux sociaux. 

Et surtout par le fait de voir que des personnes avec une étroitesse d’esprit peuvent offenser une  communauté à cause d’un fait particulier lié à la vie privée des personnes, qui est censée être sacrée, je refuse néanmoins de faire comme eux. 

Car dans mon pays la Guinée où tout abrutie, tout imposteur peut devenir ministrable, présidentiable. 

Alors il est devenu de coutume que ceux qui mangent dans l’assiette de la caste des jouisseurs se permette publiquement de brimer à chaque occasion une communauté à cause des faits particuliers, privés. 

Et ces gens osent appeler cette fumisterie, cette haine d’opinion.

Or, s’en prendre à toute une communauté à cause de faits divers et particuliers n’est ni une opinion, ni un sentiment. 

Il s’agit ici de l’intolérance, de l’excès, de l’extrémisme, de l’injustice, de l’arbitraire. 

Et il faut savoir que la liberté d’expression est certes garantie par la convention universelle des droits de l’homme et par les lois guinéennes. Mais elle reste soumise à des limitations: elle n’est pas absolue. 

Je refuse quand même de tomber dans ce genre de débat insensé et de faire comme eux. 

Et je préfère plutôt libérer mes pensées. 

Car c’est seulement avec des mots justes, sensés que j’espère pouvoir parsemer leurs esprits avec de l’amour, la paix, la tolérance. 

Pour ainsi, les amener à  comprendre que la haine de l’autre, l’ethnisme, l’intolérance, l’exclusion, le rejet de l’autre à cause de ce qu’il est, se cacher derrière l’ethnie pour prêcher la haine est un leurre.

Cette façon de penser ne peut pas être perçue comme une opinion, mais plutôt un délit et c’est surtout les plus stupides de toutes les passions. 

Donc je ne laisse  aucune mauvaise pensée paralyser mon esprit. 

Mieux: les grandes pensées ne parlent qu’aux personnes réfléchies et pas aux personnes aux esprits tordus.

Refusez d’être des petits esprits qui ne discutent que des gens, soyez des grands esprits qui discutent des idées. 

L’Afrique et la Guinée en ont besoin. 

Les mentalités et les valeurs évoluent avec le temps. Malheureusement en Guinée, elles stagnent ou évoluent dans le mauvais sens. 

Pourtant, elles déterminent des manières différentes de jauger l’ethnicité pour fixer une limite moyenne entre ce qui est tolérable et ce qui ne l’est pas ou plus. Les traces du passé douloureux de ce pays, perçues comme normal par certains, heurtent par exemple aujourd’hui la sensibilité du plus grand 

nombre et ne sont plus acceptables. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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