Le gouvernement de Mamady Doumbouya vient de désigner M Ousmane Gaoual Diallo ministre de l’urbanisme et de l’habitat au poste de porte-parole du gouvernement guinéen.
M Diallo pourra t-il cumuler ce poste de porte-parolat à un ministère sans oublier que le job de communication est devenu un job à part entière et qu’il faut absolument un plein temps pour expliquer une politique gouvernementale?
Compte tenu de son expérience dans le domaine de la communication au compte de son ancien parti politique L’UFDG, on ose croire qu’il pourrait bien être en mesure d’assumer cette fonction.
Mais il reste à savoir s’il peut cumuler ces deux fonctions et s’il pourra adopter une nouvelle posture différente de celle qu’il avait lorsqu’il était dans l’opposition.
Car nous avons vu avec M Alpha Condé qu’il n’est pas donné à tout le monde de quitter la posture de l’opposant lorsqu’on occupe un poste de service public. M Alpha Condé est resté pendant dix ans cet éternel président opposé n’est-ce pas ?
Alors, pour la réussite de sa mission, il lui faut forcément adopter une autre posture différente de celle qu’il avait, lorsqu’il était opposant.
Car s’il a peut-être les critères recherchés, pour mériter ce poste, il doit apprendre à faire preuve de tact sûr, efficace.
Pour la réussite de cette mission, dans un pays comme la Guinée et dans cette phase de transition politique délicate. Il doit surtout s’armer de bienséance, de sagesse, de retenue, de finesse et de délicatesse.
Avoir de l’audace c’est bien, mais combiné de tact on peut donc aller très loin.
Un porte-parole de gouvernement étant cette personne dont la fonction est celle de porte-parole pour le compte d’un gouvernement, qui aura la tâche d’exprimer à la presse, et donc à l’opinion publique, la position et l’opinion de son gouvernement sur certains sujets – même les plus sensibles telles que justice pour les victimes de violences et tueries sous le régime de M Alpha Condé, préservation de l’aspiration au changement, le nettoyage de la fonction publique, la récupération des biens de l’État, le manque criard de passeports pour les guinéens de l’étranger, l’incompétence des ambassades guinéennes.
À travers un tel rôle, on ne peut en aucun cas être absent dans le débat public.
Car un porte-parole doit pouvoir s’exprimer régulièrement sur l’ensemble des domaines d’action et des sujets d’actualité.
Et cette fonction est en réalité une Mission bien possible pour M Diallo.
Il sera certainement en mesure de répondre sur les sujets les plus variés tels que l’économie, affaires intérieures, affaires étrangères, agriculture, culture, environnement.
Mais il doit éviter de se limiter, comme ses prédécesseurs, à ne rendre compte que du conseil des ministres.
M Diallo doit sûrement être capable de riposter aux interrogations les plus précises ou plus pointues ou encore pouvoir jongler entre elles.
Car, un porte-parole est obligé d’affronter la mitraille quand les autres ministres restent dans la tranchée. Il doit absorber la défiance, la personnifié, la surnager grâce à des actions fortes pour atteindre l’adversaire politique.
À défaut, il jouera ce rôle tout comme les autres avant lui, c’est-à-dire en étant tout simplement l’écho du conseil des ministres, le perroquet des éléments de langage présidentiels, le “Jacques a dit” de la République.
Et les bonnes nouvelles telles que l’obtention des passeports pour les guinéens de l’étranger, la justice pour les victimes des violences politiques, la récupération des biens de l’État, la lutte contre la corruption organisée dans l’administration publique, dans les ambassades, la déclaration des biens des membres du gouvernement, la fin de l’accord de rapatriement entre la Guinée et l’Allemagne seront réservées au président de la République et au Premier ministre. Et il va botter en touche.
Mais, espérons que dans ce temps médiatique où l’information est toujours plus rapide et changeante, le nouveau porte-parole du gouvernement de Mohamed Beavogui connu pour son audace surprendra les guinéens pour enfin permettre à l’action politique de s’inscrire dans le temps long, et de donner à chacun les moyens d’en comprendre le sens.
Aïssatou Chérif Baldé.
