Militer pour l’abolition de l’excision dans certains pays africains ne signifie pas ôter l’âme à tout ce qui est différent du modèle occidentale.

Dans ce débat lié à l’excision de la jeune fille en Afrique qui est une pratique pourtant répandue dans d’autres contrées non africaines, on a comme l’impression que les militantes africaines exécutent, propagent, suivent les dictates des organisations occidentales, sans chercher à puiser la dynamique du changement dans l’univers africain. 

Et ceci est d’ailleurs le cas par rapport à beaucoup de pesanteurs socioculturelles auxquelles sont confrontées la femme africaine et guinéenne. 

Pour la plupart de ces militantes “l’Europe fournirait le modèle, l’Afrique une bonne copie ; l’une serait spirituellement dispensatrice, l’autre simple partie prenante”. 

Triste réalité, car cette copie ne résout pas les problèmes liés à l’univers africain.

Le hic est que l’excision reste pratiquée en Malaisie , Indonésie, Irak, Inde, Pakistan), en Amérique du Sud (Colombie, Pérou).

Mais le déferlement sur le continent africain est plus aggressif, negationiste de la femme africaine. Et cela malgré qu’il existe sur le continent beaucoup plus de pays africains qui ne pratiquent pas l’excision.

Pour rendre ce déferlement encore plus aggressiv, certains n’hésitent pas à créer des liens de cette forme de circoncision de la femme avec l’islam. 

Or, les pratiques d’excision sont considérées comme traditionnelles dans la mesure où elles se sont installées dans un contexte animiste ou pharaonique c’est-à-dire bien avant l’arrivée des grandes religions monothéistes dans ces contrées. 

Mais dans ce débat, les ONG aux ordres s’agitent et elles ne se posent jamais la question de savoir pourquoi un tel déferlement aggressiv, voir humiliant sur la femme africaine. 

Elles préfèrent soutenir le fait que l’on continue de présenter la femme africaine comme un être sans âme, sans culture et surtout comme une coquille vide sans dignité. 

Et pourtant, il revient à ces femmes de s’atteler à leur façon sur ce problème et afin d’y trouver une solution africaine. 

L’accès à l’éducation des jeunes filles peut constituer un rempart à certaines cultures africaines jugées donc rétrogrades. Et c’est fut d’ailleurs le cas pour les femmes européennes. 

Ainsi promouvoir la scolarisation des filles et la formation des femmes pour combattre toute forme de discrimination, de pesanteurs socioculturelles rétrogrades ou de stigmatisation en leur égard serait la meilleure façon d’emmener les femmes africaines à faire face à n’importe quelle tradition rétrograde. 

De plus ce combat ne veut pas signifier qu’il faut  déculturaliser la femme africaine. Car une telle transformation lui fait perdre son âme et ses origines.

Les efforts du modernisme et de la mondialisation ne doivent pas être présents en nous sous forme de complexes.

Et c’est pourquoi d’ailleurs le continent africain se trouve divisé aujourd’hui en deux :« d’une part l’Afrique des minorités représentée par un groupe de conservateurs qui se réclament gardiens de la tradition africaine et d’autre part, se hisse un groupe de modernistes véreux optant pour le changement radical de la culture africaine. Ce groupe est constitué des intellectuels africains aliénés par l’occidentalisation,l’arabisation, dans les façons de voir, d’être, de faire et de penser le monde ». 

À ceux-là s’ajoutent un troisième groupe difficile à catégoriser dans les deux groupes ci-dessus.  Il s’agit bien évidemment des pseudo-féministes très actifs sur les réseaux sociaux et vivants dans les pays francophones en Europe et en Afrique qui au nom d’un féminisme en déphasage avec les réalités africaines se déferlent sur la pratique de l’excision sans tenir compte des réalités des pays concernés et des contraintes socioculturelles auxquelles les femmes sont confrontées pour proposer des solutions adaptées et appropriées aux réalités des sociétés concernées par la pratique de l’excision. 

Or, ces pensées sont si souvent incompatibles avec les réalités africaines. Et là, se joue d’ailleurs la crise d’une identité indéfinie.

Nos chances d’épanouissement et de réalisation doivent être extraites de notre culture, de notre univers africain, car les problèmes auxquels nous faisons face résultent presque tous de notre milieu vital.

Pour finir, si la circoncision des hommes n’était pas pratiquée par les juifs européens, elle aurait aussi subi le même déferlement negationiste des pays occidentaux, fidèles à leur idéologie eurocentriste.

D’où la nécessité de chercher à puiser dans l’univers africain la dynamique du changement. 

Aissatou Cherif Balde

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