Comment développer nos pays avec des élites ambivalentes qui n’ont de foi qu’en l’argent et attendent, dans la jouissance, l’avis de l’extérieur ?

Après plus de 60 années d’indépendances l’africain et surtout les hommes de pouvoir en Afrique ont du mal à s’émanciper de l’esclavage mental. 

Leur esprit reste encore pris au piège par l’esclavage mental qui encourage l’auto-infantilisation, l’humiliation, la servitude du peuple noir. 

Les opposants politiques, les hommes du pouvoir africains tels que Macky Sall, Alhassane Ouattara, Paul Biya, Ali Bongo, Faure Eyadema, Alpha Condé s’opposent à toute correction systématique dans la conscience des peuples africains à s’échapper réellement de la servitude mentale. 

Le président Macky Sall disait par exemple, le samedi 26 mai 2018 ceci: « Les Français sont nos amis car le régiment des tirailleurs sénégalais, durant la colonisation, avait droit à un « dessert » lors des repas dans les casernes, contrairement aux autres Africains ».  

Il versait sans gêne dans la banalisation, l’apologie et dans l’atténuation des méfaits du crime contre l’humanité qu’est la  «colonisation ». 

Ainsi c’est de cette façon que lui et son homologue ivoirien Ouattara font tout pour banaliser les méfaits de la monnaie coloniale CFA pour continuer d’empêcher toute souveraineté monétaire des États de l’UEMOA et la naissance d’une zone monétaire des États de l’Afrique de l’ouest.

La conférence internationale sur l’ÉCO prévue à Lomé entre le 26 au 28 mai 2021 où ne sont presque invitées que des personnes favorables à la naissance d’une monnaie Éco sous contrôle français en est un exemple illustratif. 

À l’évidence, les chefs d’États africains qui brillent par leur mimétisme et tricherie permanente continuent de croire mordicus que la solution aux problèmes africains se trouverait dans les mains des autres pays tels que la France. 

C’est pourquoi 18 chefs d’États africains ont répondu à l’invitation de la France qui organisait le mardi 18.05.21 un sommet international sur les questions de financement et de dette en Afrique. 

Ce sommet, disent t-ils, préconise un soutien financier à l’Afrique après la crise sanitaire d’une envergure mondiale. 

Or, Il faut vraiment être aveuglé par l’auto-infantilisation pour penser que la France, source de pillage systématique du continent africain depuis plusieurs siècles et parrain des présidents franc-maçons, despotes depuis plus de 60 ans peut aider les africains à trouver des solutions aux problèmes africains. 

Peut-on d’ailleurs en tant qu’État surendetté, confronté à une récession économique record, comme c’est le cas de la France trouver des solutions adéquates liées aux questions de financement et de dette en Afrique?

Apparemment, aux yeux des présidents africains, à l’élite africaine sans vision, et conviction, la solution à leurs problèmes de développement socio-économique doit venir d’ailleurs. 

Ils restent donc fidèles aux idéologies dont les fondements sont le paternalisme, l’infantilisation et l’impérialisme.

Des idéologies selon lesquelles, l’homme africain incapable de tout faire, doit continuer d’être l’éternel enfant assisté qui ne veut donc pas grandir. 

Ces présidents africains tout comme l’élite africaine considèrent les anciens colonisateurs comme des puissances tutélaires éternelles dont l’opinion sur ce que nous sommes, ce que nous faisons et où nous allons est vitale. 

Quant aux élites d’Afrique francophone, elles souffrent surtout des maux tels que:  suffisance, bureaucratie, culture de l’assistanat, dirigisme, élitisme.

Elles versent dans des contradictions et dans une politique de l’autruche et de l’auto-infantilisation qui font des ravages.

Ces présidents africains ont une attitude plus que ambiguës.  Ils se montrent virulents envers l’Occident, sans doute pour amuser la galerie, tout en singeant, dans leurs faits et gestes, cette partie du monde dont ils attendent pourtant leur salut.

Quel paradoxe!

C’est le cas par exemple de l’élite guinéenne qui ne parle de souveraineté que  lorsque l’occident pose la question taboue de la responsabilité du gouvernement guinéen dans les malheurs du pays. 

Vu que la plupart des chefs d’États africains ont fait le choix de l’auto-infantilisation continue. Ils ne peuvent pas comprendre que la solution aux drames du continent se trouve dans leur mains. 

En analysant par exemple de près la situation économique actuelle de la France, ce pays ne peut pas être le sauveur des États africains. 

Elle reste l’un des pays les plus endettés de l’Union européenne. Son taux de chômage est aussi l’un des plus élevés en Europe et elle peine à maîtriser surtout le chômage des jeunes. 

Selon les statistiques de pôle emploi en France le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 800 700 pour la catégorie A.  Pour les catégories A, B, C ce nombre s’établit à 6 012 600. 

L’institut national de la statistique écrit que la France a enregistré une récession record  en 2020 (-8,2%), son PIB se situant encore à 4,4%, donc sous son niveau de fin 2019, juste avant le début de la crise sanitaire.

Ainsi, les raisons d’organisation de ce sommet se trouvent donc ailleurs.

Car une chose est certaine, la France est talonnée aujourd’hui en Afrique et cela malgré ses efforts fournis pour maintenir des dynasties à la tête des États africains. 

Le président Emmanuel Macron ne cherche donc pas à travers ce qu’il appelle le “New Deal” à financer des économies africaines ou pour aider les pays africains à surmonter le ralentissement de leurs économies lié à la pandémie du Covid-19.

Il cherche plutôt à élargir son influence pour continuer d’avoir accès aux immenses ressources minières des pays africains et avoir la mainmise sur le marché africain qui reste dynamique et prometteur. 

Le rapport de l’ancien ministre français Hervé Gaymard rendu en 2019 en dit long. Selon ce rapport, en vingt ans, la France a perdu près de la moitié de ses parts de marché en Afrique par rapport à la concurrence, passant de 12% à 7%. 

L’observatoire de la complexité économique qui compile les données du commerce international écrit d’ailleurs que la France dont le montant d’exportation s’élève à 29,4 milliards est suivie en matière d’exportation de près par l’Allemagne (dont le montant d’exportation en Afrique s’élève à 26,3 milliards de dollars) et les Etats-Unis ( dont le montant d’exportation est de 26 milliards).

Secouée donc par la pandémie du covid-19 plus que les États africains dont il prétend sauver, la France a en clair beaucoup plus besoin de l’Afrique que celle ci n’a besoin d’elle. 

L’image selon laquelle l’Afrique francophone serait son pré carré se dissipe peu à peu et son recul est aujourd’hui avec l’arrivée de la Chine, la Turquie, la Hollande, l’Allemagne plus prononcé dans ses anciennes colonies.

Ceci qui explique d’ailleurs le fait que le président Emmanuel Macron cherche des alternatives en orientant sa stratégie vers les pays anglophones ou encore vers le Rwanda. 

Mais comme lorsqu’il s’agit de trouver les solutions aux problèmes africains créés d’abord par les dirigeants eux-mêmes, ils préfèrent donc sombrer dans l’auto-infantilisation.

Alors les drames de ce continent vont malheureusement perdurer. 

Sinon, il n’y a pas longtemps, la Chine, la Malaisie, l’Inde ou encore le Brésil étaient au même niveau de développement économique que certains pays africains. 

Or aujourd’hui, grâce à un travail remarquable de leurs élites, ils font partie des grandes puissances économiques de ce monde. 

Les pays africains connaissent certes un ralentissement de leurs économies dû à la pandémie du covid-19. 

Mais pour y mettre fin, l’élite africaine doit arrêter de rendre les autres responsables de ses turpitudes, de ses ambivalences, de son auto-infantilisation et irrationalité. 

Si nous sommes contre les drames africains tels que le sous-développement, les coups d’états constitutionnels…

Battons-nous sans attendre l’avis de Paris, de Bruxelles, de Berlin, de Pékin, de Moscou ou de Washington. 

Car aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les complots ourdis par l’Occident qui tuent l’Afrique ; ce sont ses propres dirigeants. 

Si l’Occident est criminel, c’est plutôt par son indifférence.

Aissatou Cherif Balde

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