Ça sert à quoi d’être le premier d’un État qui rapetisse ses citoyens pour en faire des êtres dociles et sans aucun droit au développement?

Le premier de la Guinée Mr Alpha Condé est déterminé à continuer de présenter aux guinéens avec son slogan gouverner autrement” sa mise en scène orchestrée juste pour encore duper et tromper le peuple.  

Il continue d’ailleurs ses visites inopinées dans les ministères guinéens et s’insurge à l’occasion contre l’absence avérée des commis de l’État guinéen. Il annonce même des mesures disciplinaires à l’égard des fonctionnaires absents et leur ministre de tutelle. 

Sauf que cette attitude de Mr Alpha Condé ressemble plutôt à un aveu d’échec de sa gouvernance et prouve à suffisance que l’État guinéen est défaillant. 

Car si tel n’était pas le cas, l’État guinéen allait être en mesure de faire appliquer la loi aux fonctionnaires guinéens, lorsqu’ils commettent des fautes à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. Et il allait les exposer sans implication du chef de l’État à une sanction disciplinaire, sans préjudice, le cas échéant, faire usage des peines prévues par la loi pénale guinéenne à ce sujet. 

Vu que la gouvernance de l’ancien opposant guinéen est axé sur un paradigme autoritaire/patrimonial prédominant, y compris des violations des droits de l’homme, un clientélisme systématique, la corruption et le mauvais usage des ressources de l’État, la détérioration du domaine public, comme l’illustrent la petite corruption des bureaucrates de base ainsi que la corruption à grande échelle de nombreux responsables guinéens, ce jeu sinistre auquel il se livre aujourd’hui, ne peut en rien changer l’attitude des commis de l’État de façon conséquente. 

Et ce jeu de théâtre ne pourra en rien motiver les agents de l’État guinéen à devenir de bons gestionnaires ou encore à changer d’attitude. Car la politique actuelle ne récompense que les fonctionnaires médiocres, imposteurs, corrompus, faussaires et démagogues. 

Par contre, ceux qui sont honnêtes, efficaces, intègres, incorruptibles sont mis à l’écart par les maîtres du système de pillage systématique en Guinée. 

D’ailleurs, la plupart des fonctionnaires guinéens ne sont pas suffisamment rémunérés pour se « reproduire » (c’est-à-dire pour élever leurs enfants de manière à leur permettre d’occuper à l’avenir des postes équivalents dans la société). Les salaires dans le secteur public en Guinée sont, c’est bien connu, insuffisants.

Donc Mr Alpha Condé est en train de faire un mauvais constat de la situation du secteur public guinéen, tout en occultant que la Guinée est victime d’une crise de gouvernance, qu’il faut savoir diagnostiquer sans démagogie boueuse.

Les facteurs explicatifs du système de gouvernance guinéen que vous recherchez dans l’attitude des fonctionnaires guinéens, se trouvent d’abord en vous. Car nonobstant l’opposition à votre mode de gouvernance, vous continuez d’assurer un pouvoir autocratique indépendamment de votre résultat, du manque de confiance de vos citoyens et de l’opposition. Le caractère autocratique de votre pouvoir, la corruption endémique que vous entretenez aujourd’hui ont des conséquences destructrices sur la gouvernance en Guinée et en ces éléments se trouvent donc les facteurs explicatifs de la mauvaise gouvernance de votre pouvoir. 

Au lieu de déplacer les problèmes liés au système de gouvernance guinéen qui a un besoin criard de réformes, il faut plutôt avoir le courage de bien diagnostiquer les problèmes de la fonction publique en Guinée pour aboutir à des réelles solutions, car votre solution actuelle est plus que bancale. 

La complexité du désordre de la gouvernance guinéenne évoluant depuis toujours entre désordre, corruption, anachronisme d’un État faible et néopatrimonial pose certe problème. Mais on peut trouver des remèdes en essayant entre autre de privilégier les domaines suivants: 

  • Premièrement, il faut investir dans la production de connaissances sur des questions liées à l’équité et à la justice des actions stratégiques publiques dans la société, 
  • Deuxièmement, il est essentiel de s’efforcer de manière permanente d’identifier les interventions efficaces dans la lutte contre la corruption, notamment en utilisant des outils de mesure et de comparaison afin d’informer et de sensibiliser le public à la gravité de la corruption et à ses conséquences.
  • Troisièmement, adopter une technique de gestion du rendement stratégique pour résoudre les problèmes liés aux salaires de la fonction publique, un élément fondamental pour les questions de quantité, de qualité et de rendement de la fonction publique et de l’État. 

Et cela peut enfin permettre à la fonction publique en Guinée, d’être plus rentable, d’améliorer la capacité administrative, d’être performante, méthodologique, efficace, disciplinée et améliorer le recouvrement des recettes fiscales et la collecte des taxes plus éprouvante sur le plan administratif. Et pourtant ce dernier demeure l’une des sources de revenue inépuisable de l’État qu’il faudra savoir exploiter. Et les améliorations dans le recouvrement de l’impôt peuvent susciter des améliorations plus larges dans la capacité de l’État, mais cela demande des réformes approfondies. 

Sauf que le premier guinéen n’a ni la volonté, ni le courage d’enclencher de telles réformes. 

Il a plutôt décidé d’être le premier dans un État miséreux, incapable d’élever la condition humaine de son peuple, d’assurer par ses moyens puissants le développement harmonieux de sa population, de créer un environnement réellement propice au développement dans lequel il peut évoluer. 

Mr Alpha Condé a décidé de tout sacrifier pour que rien n’aboutisse. Il célèbre aujourd’hui les médiocres et refuse le droit au développement à son peuple et  fait en sorte que les richesses du pays ne profitent pas à tous les guinéens pour favoriser la naissance d’une  société qui repose sur des valeurs communes de solidarité, de justice sociale et de respect des droits de l’homme… La démolition arbitraire des habitations de la population de Conakry, le rapatriement arbitraire des jeunes guinéens immigrés de l’Allemagne en sont une preuve palpable. 

Alors, compte tenu de tous ces facteurs explicatifs du système de gouvernance en Guinée plus que désordonné et inefficace et surtout de l’impact de la politisation grandissante de la fonction publique, c’est à dire le contrôle partisan de la bureaucratie en Guinée, votre slogan “gouverner autrement” restera avec cette équipe actuelle juste qu’un vain slogan. Car la valeur d’un État repose sur les individus qui la composent. 

Et vous avez fait le choix en tant que premier guinéen de maintenir les guinéens dans les conditions de servitude les plus inimaginables en érigeant un système néopatrimonial basé sur: une extrême  personnification du pouvoir, sur un système fort de clientélisme et de patronage et sur une mauvaise utilisation et répartition des ressources de l’état.

Ainsi, il faut vraiment être un faux opposant historique pour être fier d’être le premier dans un tel État. 

Tout vrai opposant historique préfèrerait de loin être le millionième d’un ensemble solide, puissant, riche, écouté dans le monde, respecté dans le monde, seul capable d’assurer par ses moyens puissants le développement harmonieux de la société guinéenne, seule capable d’élever la condition humaine des guinéens, que d’être le premier dans État miséreux qui viole en permanence le droit de ses citoyens.

#Aissatou Chérif Baldé.

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