Refusons de vivre sous la dictature de la peur!
Le décès d’Elhadj Ibrahima Sow dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 novembre 2020 à l’hôpital national d’Ignace Deen, alors qu’il était en détention à la maison d’arrêt de Conakry, suscite indignation et interrogations. Selon ses proches, le sexagénaire aurait subi des tortures pendant sa détention.
Sa fille, Halimatou Sow lui ayant rendu visite le dimanche à la maison centrale dit avoir constaté que son père a été brutalisé. « Il y avait des traces de corde au niveau de ses poignets et le vieux était fatigué » confie-t-elle aux médias de la place.
Face au tollé et l’émoi que cet énième décès d’un détenu arrive dans des conditions non élucidées au milieu carcéral en Guinée, le ministère de la Justice par le biais de sa cellule de Communication, s’est fendu un communiqué laconique pour démentir ces allégations. Pour Sékou Keita, le conseiller du ministre, « … le vieux Ibrahima Sow est certes décédé, nous le regrettons, mais il est décédé suite de diabète à l’hôpital Ignace Deen le lundi à 22h. Il n’a subi aucun traitement qu’on peut qualifier de dégradant ».
Plus loin, il étaye que Monsieur Sow est arrivé à la maison centrale avec un carnet médical diabétique et qu’entre temps le prisonnier a contracté la Covid-19 puis a été traité.
Mais cet argument ne suffit pas pour apaiser les esprits. Les organisations des droits de l’homme demandent un éclairage. Ce qui serait compliqué, puisque le corps a été rendu à la famille, son inhumation a eu lieu ce mardi.
En effet, Mr Ibrahima Sow, 69 ans et père de 9 enfants, a été arrêté par des forces de l’ordre le 24 octobre 2020 à son domicile, sis au quartier Hafia Carrière avant d’être conduit à la gendarmerie (Eco3) puis déféré à la prison de Coronthie.
Son crime a été de vouloir empêcher des loubards appuyés par des éléments des forces de l’ordre ayant envahi sa concession de vandaliser la maison et son contenu.
Alors face à cette situation catastrophique, faudrait t-il à l’image des militants extrémistes gelés du pouvoir guinéen continuer à prendre fait et cause pour la répression des libertés fondamentales du Peuple Souverain de Guinée ?
Car une chose est certaine, le vieux Sow aurait bel et bien subi des tortures et s’il existe des doutes c’est plutôt sur les causes de ces tortures.
Et c’est pourquoi d’ailleurs, sa famille reste catégorique sur le sujet: pour elle, Il a été bel et bien torturé puisque des traces de corde étaient visibles au niveau des bras. Alors qui l’a brutalisé, ses codétenus ou les services pénitentiaires ?
La première hypothèse serait difficile à croire. Par contre, la seconde serait plausible. Et s’il s’avère que le détenu a été torturé, que voulaient avoir ses bourreaux ?
Connaissant les pratiques habituelles dans les prisons guinéennes, puisque j’y ai vécu entre mars et juillet 1996, on peut déduire que les bourreaux voudraient lui arracher des aveux pour culpabiliser les prisonniers politiques. Car cette méthode de tortures, accompagnée d’humiliations, d’injures, de viols fut utilisée par mes bourreaux en 1996 afin que j’accuse feu Bah Mamadou et feu Siradio Diallo d’avoir été les commanditaires de notre grève estudiantine. Mieux connaissant l’esprit borné et la dureté de cœurs des geôliers et subalternes de la tyrannie en Guinée, les accusations de la famille du vieux ne font preuve d’aucune ambiguïté.
Ainsi ce triste évènement qui intervient pendant que cinq figures de l’opposition viennent d’être écrouées inquiète et interroge. Et ces accusations portées contre le régime guinéen sont d’une extrême gravité. Un plat de salade qu’ont toujours servi les services des renseignements guinéens pour valider un tel ou tel complot contre la Nation. Alpha Condé a toujours dit « en Guinée plus le mensonge est gros, plus on vous croit ».
En somme, la fin tragique de ce père de famille prouve une fois de plus que le régime de Conakry se fiche pas mal de la vie du Guinéen. Outre la centaine des personnes tuées depuis la présidentielle du 18 octobre, les nombreux blessés et dégâts matériels, plus de 300 personnes sont en détention à travers le pays. La justice aux ordres traîne les pas pour débusquer les auteurs de ces tueries barbares et disproportionnées tapis au sein des forces de défense et de sécurité.
Voilà comment Alpha Condé, à l’instar de ses pairs dictateurs du continent comme Denis Sassou Nguessou, Idriss Deby, Alassane Ouattara, Paul Biya et autres, compte conduire la Guinée de sa 4ème République.
Que Dieu ait pitié des Guinéens !
Aissatou Cherif Baldé