À ces dinosaures, cleptomanes qui œuvrent à l’appauvrissement de la population guinéenne: l’indépendance, l’unité nationale, la bonne gouvernance, la justice ne sont pas que des vains mots

Préserver  la paix à travers l’unité nationale, la justice, instaurer une véritable démocratie et une bonne  gouvernance doivent être au cœur de tout État africain, de tout gouvernement ou régime politique qui se dit indépendant et souverain.

En effet compte tenu du passé colonial de l’Afrique et de la Guinée, avec des frontières arbitraires, donc un héritage très difficile à gérer, les termes indépendance, souveraineté ne doivent en aucun cas servir d’alibi pour oppresser un peuple ou enterrer l’alternance démocratique. Car la création des frontières arbitraires de 1885 à Berlin n’était pas fortuite. Elles furent à cet effet conçues pour dominer, spolier le peuple africain. Donc empêcher à long terme son épanouissement, son indépendance et son unité. 

Dans un tel contexte, le renforcement de l’unité africaine, de l’unité nationale en Guinée en vue de garantir la volonté de vivre et de bâtir ensemble, tout en tenant compte de la diversité de la société africaine, guinéenne (régions, ethnies, cultures, générations, genre, classe sociale, classes intellectuelles, civiles et militaires, religions, etc.) ne doivent pas être des vains mots pour un président qui se dit être intellectuel, économiste, panafricaniste. 

Ces termes ne doivent en réalité pas servir d’alibi pour la pérennisation d’un pouvoir pathologique, despotique. 

Car la paix, la démocratie et l’état de droit ne peuvent tirer leurs fondements que de la liberté, de l’égalité, de la justice et de la souveraineté du peuple.

Mais en Guinée ces termes demeurent après 62 ans d’une indépendance confisquée par les différents régimes répressifs, que de vains espoirs. Son ciel continue de donner au peuple de Guinée que des dealers politiques, des présidents dinosaures, cleptomanes avec pour seul objectif: « Imposer à la Guinée un parti hégémonique dominant sur fond d’ethnicité et de la politique du ventre pour ainsi continuer à y faire enraciner un État néopatrimonial » 

Et pourtant, ils savent pertinemment qu’un tel État est incompatible à la bonne gouvernance, à la Démocratie et ne favorise pas l’unité nationale. L’État neo-patrimonial étant le plus souvent source de dissensions intestines qui déchirent les États africains, et est le plus souvent porteurs d’exclusion et de violences. Et le pouvoir actuel guinéen est le reflet exact d’un tel État.

Dans ce type d’état à l’image de celui guinéen, l’exercice du pouvoir et les considérations économiques personnelles pour le contrôle des ressources de l’État, sont en effet chez nombre d’acteurs nationaux, l’un des principaux enjeux de l’engagement politique et parfois d’ailleurs la seule pour les acteurs politiques guinéens. 

Or ce néo-patrimonialisme, auquel se rattachent l’instrumentalisation de l’ethnicité, l’utilisation du népotisme et du clientélisme comme critères de distribution des ressources convoitées, concourt ainsi à éclairer les violence, et à obscurcir le peuple.

À cela s’ajoute le fait que le caractère néo-patrimonial des États africains à l’image de la Guinée, contiennent en eux-mêmes des germes d’exclusion et d’affrontements meurtriers. Le cas actuel des tueries et affrontements meurtriers en Guinée juste après la sélection du 18 octobre 2020 est illustratif de cet état de fait.

Ainsi, aucun leader politique sensé, visionnaire qui ne veut pas voir son peuple périr ne peut continuer à étendre les jalons d’un tel système politique périlleux, car il est non seulement source de décadence mais aussi et surtout incompatible à la démocratie, la justice, la paix et la bonne gouvernance.

Et c’est pourquoi , lorsqu’on est leader pour servir son peuple, on cherchera à élever sa vision vers de hauts sommets, en améliorant la performance de sa nation vers des standards plus élevés. 

Pour y arriver, on aura forcément les objectifs suivants:

  • Constituer et  promouvoir le renforcement des libertés individuelles et collectives; 
  • Permettre l’émergence d’une société civile forte et la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire); 
  • rester attaché aux principes et valeurs d’éthique pour une moralisation financière dans la gestion des biens publics. 

Par ailleurs, un tel leader accordera surtout une place prépondérante au renforcement des principes de bonne gouvernance administrative à travers :

  • le développement d’une politique de coordination des missions et interventions entre les différents corps de contrôle, l’application objective du principe universel de reddition des comptes, y compris en matière d’exécution budgétaire ; 
  • Le renforcement du rôle, des missions et des moyens de la Cour des Comptes, si cours des comptes y’en a;
  • La généralisation du système d’évaluation des performances de l’administration et de la justice ; 
  • La systématisation des appels à candidature pour certains emplois du secteur public et parapublic. 

Enfin, il veillera en tant que leader qui se définit par les résultats et non par les attributs: 

  • au rééquilibrage des pouvoirs au sein de l’Exécutif au profit du Gouvernement ; 
  • au renforcement des pouvoirs et de la légitimité du Parlement;
  • au renforcement des institutions de la République ; 
  • à la réforme de la Justice et au renforcement de l’indépendance du pouvoir judiciaire. 

Alors c’est en atteignant de tels objectifs que l’on peut s’arroser être intellectuel, économiste, souverainiste ou panafricaniste. 

Donc à Mr Alpha Condé ce nouveau despote guinéen et ces subalternes, c’est à dire ces champions de la transhumance politique, ces manipulateurs zélés: l’indépendance, le panafricanisme, la justice, la démocratie, la bonne gouvernance ne sont pas des vains mots. C’est plutôt une responsabilité avec un prix très élevé.

Il est donc temps d’arrêter d’utiliser ces termes à mauvais escient pour asseoir un pouvoir autoritaire et injuste. 

Le faire c’est insulter la mémoire des vrais leaders panafricains tels que Thomas Sankara, Patrice Lumunba, Modibo Keita, Sylvanus Olympio qui ont péri parce qu’ils ont fait le choix de servir leur peuple, pour ainsi mettre fin au joug du neocolonialisme. 

#Aissatou Chérif Balde

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