Le pluralisme socioculturel ne devrait être incompatible avec la démocratie, comme idée et mode de régulation politique en Guinée. Mais hélas ! Depuis son indépendance jusqu’à nos jours, ce qui, sous d’autres cieux, constitue une richesse de l’espace sociopolitique, est devenu dans le pays de sieur Alpha Condé, le « nœud gordien » du marigot politique guinéen.
Et pour cause, le débat politique est réduit à l’instrumentalisation ou à la manipulation des différences ethniques à des fins strictement électoralistes et ultimement pour accéder ou se maintenir au pouvoir.
Ce phénomène demeure d’ailleurs l’une des causes de participation de certains partis politiques de l’opposition à la sélection du 18 octobre 2020, une sélection fondée pourtant sur une constitution avec une légalité forcée.
Certes, c’est un euphémisme de dire que les acteurs politiques guinéens, tout bord confondu, procèdent à la substitution de l’intérêt communautaire à l’intérêt national, au favoritisme, au népotisme, au clientélisme.
Mais qu’à cela ne tienne, les questions essentiellement liées au développement du pays, à la réduction des inégalités sociales, tout comme celles relatives à la sauvegarde des acquis démocratiques, sont reléguées au dernier plan au profit des idéologies éthnicistes.
Et d’ailleurs pendant les campagnes électorales présidentielles, il n’est jamais question de programme électoral ou de programme politique, tout tourne autour des questions superflues.
Et pourtant aucune démocratie ne peut fonctionner dans une société éthniciste, aucune vision d’ensemble des choses, aucune politique sérieuse ne peut être entreprise, avec succès dans un tel contexte.
Mais à côté de l’ethnocentrisme politique comme instrument de blocage de la consolidation démocratique en Guinée, existe cet autre facteur axé sur la déconstruction de la dimension institutionnelle du pouvoir politique par des acteurs politiques eux-mêmes en usant de la culture du mythe du chef dans les sociétés africaines.
Une posture qui a eu en Guinée, depuis le régime de Sékou Toure jusqu’à nos jours, des conséquences très négatives, car donnant à la notion du pouvoir politique un caractère patrimonial.
Dès lors, aussi bien ceux qui gouvernent que ceux qui aspirent à gouverner, se comportent comme si le pouvoir était leur propriété personnelle, un élément de leur patrimoine qu’ils pourraient transmettre à leurs héritiers. Et ces comportements commencent d’abord au sein de leurs partis politiques respectifs et se poursuivent une fois au pouvoir.
Le cas de l’actuel président de la République sieur Alpha Condé en est exemple illustratif.
Aussi, il n’est pas surprenant de constater que les constitutions depuis 1990 ont toujours été du « taillée sur mesure » en Guinée, c’est-à-dire en faveur d’un chef inamovible. Une façon donc d’assurer la pérennité d’un régime, enterrant ainsi, définitivement, toute possibilité d’alternance démocratique en Guinée.
À côté de ces facteurs cités ci-dessus favorisant le blocage de la consolidation démocratique en Guinée, Il y’a aussi cet autre dû à la vaste plaisanterie démocratique orchestrée par la classe politique guinéenne, avec comme tendance majeure la prolifération des partis politiques inutiles.
En Guinée les partis politiques poussent comme des champignons, chacun veut faire de la politique, même s’ils n’ont ni la capacité, ni les compétences, ni les valeurs et vertus morales pour occuper les services publics, ils s’y engagent quand même, puisque l’État guinéen est le seul endroit où l’on peut devenir riche sans fournir des efforts.
Le phénomène est souvent couplé avec celui d’un réel vagabondage politique dont les coupables se retrouvent acteurs au sein de plusieurs partis politiques qu’ils créent suite à des désaccords avec leurs anciens collaborateurs.
Et ce fait prouve que le système multipartiste facilitant la création des partis politiques est mal ficelé en Guinée et favorise immanquablement la discorde sociale dans ce pays avec la naissance de nombre élevé de partis politiques et des candidats qui semblent confondre les élections présidentielles aux élections de quartiers de Conakry. La sélection du 18 octobre 2020 ne fait pas exception, puisqu’il y’a beaucoup de partis politiques sans base électorale qui y participent et qui font d’ailleurs allégeance au chef d’état guinéen Mr Alpha Condé.
En effet, une telle situation exhorte assurément une politique qui ne se fait que dans le contexte régionaliste, ethnocentrique et clientéliste et encourage la comédie démocratique, la polarisation des divisions éthniques et surtout des violences post-électorales meurtrieres.
Et les partis politiques en lieu et place d’être des organisations véhiculant des idéologies, où on parle de projets de sociétés, de projets de développement de la société guinéenne; un endroit où l’on parle de l’édification d’une société démocratique caractérisée par une culture politique élevée qui demeure un travail quotidien et incessant; sont passés plutôt maîtres dans l’organisation de véritables calembours déguisés en alliances politiques. Celles-ci se font et se défont au gré des enjeux électoraux, juste avant leur précipitation mécanique dans une dislocation plus ou moins parfaite. Et les grands partis de l’opposition sont victimes constantes des manipulations du pouvoir visant la scission au sein de leur formation politique.
Ainsi, pour lutter contre ces phénomènes de blocage de la consolidation de la démocratie en Guinée; notamment l’ethnocentrisme politique, la comédie démocratique, le tripatouillage constitutionnel, le néopatrimonialisme, il est impératif de réinstaurer le caractère institutionnel du pouvoir politique, à commencer par les partis politiques d’abord, afin d’amener les dirigeants à se conformer aux textes préétablis, et ne pas être tenté de les modifier à leurs ambitions politiques personnelles. Et surtout les amener enfin à reconnaître qu’ils ne sont que des représentants de la nation et non les propriétaires de la souveraineté.
En somme, pour éradiquer l’instrumentalisation des questions ethniques pour accéder au pouvoir, il faudrait mettre impérativement en place des systèmes qui reconnecteront les partis politiques avec leur mission primaire: Celle de constituer des vecteurs d’idéologies axées sur la résolution de problèmes de développement dans un monde bloqué par la complexité d’idéaux socio-politiques et économiques.
Aissatou Chérif Baldé.
C’est une analyse pertinente… cependant les maux de la Guinée dépassent les seuls cadres institutionnels- nous avons à faire à un problème d’identité démocratique, autrement dit un modèle de démocratie qui n’est pas en phase avec les réalités socio culturelles de la Guinee.
En effet, le guinéen est profondément marqué par son identité régionale. Conséquence, le guinéen est plus régionaliste que patriote. C’est une faiblesse grave dans « les régimes démocratiques » actuels et antérieurs. Mais un catalyseur très intéressant dans un régime fédéral.
La Guinée par sa constitution géographique dispose des atouts naturels pour se constituer en État fédéral. Les quatre (4) régions administratives deviennent des régions fédérales, dotées chacune d’un pouvoir Excutif (calqué sur l’exécutif national) et d’une assemblée fédérale régionale.
Ce modèle totalement décentralisée, permettrait aux 4 regions de connaître un développement très dynamique et profitable à toutes les communautés. ..
Les parts des recettes minières permettraient aux différents exécutifs et législatifs régionaux d’élaborer des projets de développement: infrastructures, services publiques efficaces…les systèmes de santé, de l’éducation seront nettement améliorés.
Le régionalisme dans un régime fédéral créera la competition saine entre chacune des régions- mais aussi, il créera la cohesion et l’union entre elle pour défendre des projets d’envergure utile à la nation, face à l’exécutif fédéral…
La beauté d’une nation réside dans ses diversités. Les leaders politiques « marchands » en Guinéep, en manque d’inspirations patriotiques, ont toujours exploité les faiblesses du régionalisme Guinéen à leurs avantages. Et pourtant il (le régionalisme) constitue notre véritable arme pour être la Suisse de l’Afrique GeM
Pourquoi c’est la seule communauté qui est opposé à tout depuis 1958 jusqu’à nos jours ? Ils ont dit que Sékou touré n’est pas bon, Lansana conté n’est pas bon,Dadis n’est pas bon, Sékouba konaté n’est pas bon et Alpha condé aussi n’est pas bon, ils étaient même opposé à l’independance de la Guinée ça je ne comprend pas. Alors c’est Cellou qui est bon.