GUINÉE: Pourquoi après 61ans d’indépendances le domaine de la Santé publique, de L’éducation et de la sécurité peinent à sortir du trou d’air ?

La Guinée a le désavantage, depuis déjà longtemps, de se présenter sous une physionomie de plus en plus inquiétante et l’arrivée de l’opposant historique guinéen au pouvoir n’a en réalité rien changé à cette physionomie.

Le contexte dans lequel se trouve le pays reste en effet marqué par des déséquilibres aussi bien économiques (difficile accès à l’eau et à l’électricité, hausse des prix, déficit des comptes publics et extérieurs, gabégie, détournements de deniers publics, fermeture en cascade d’entreprises nationales, difficultés d’accès au financement et aux marchés publics pour les PME/PMI, etc.) que sociaux (chômage persistant des jeunes, pauvreté galopante dans les zones périurbaines et rurales, insécurité, situation précaire des femmes et des retraités, grèves cycliques dans le secteur de l’enseignement, faible prise en charge de l’économie populaire et informelle dans les politiques publiques, etc.).

La manifestation à Kankan le 30 juin 2020 contre le manque d’électricité est un exemple illustratif de ces déséquilibres d’ordre sociaux économiques. 

Et pourtant l’opposant historique a fait trop de promesses allant dans ce sens. Sauf que les promesses clamées depuis toujours et par l’opposant historique et par les régimes d’avant, dans les domaines de la santé, éducation, sécurité, énergie et eau etc… ne se sont  jamais traduites de façon concrète dans la vie quotidienne des populations.

Certes, certains me diront que les efforts à faire et les sacrifices à consentir sont abyssaux, mais avec une détermination et volonté ferme de relever les défis et préoccupations majeurs qui depuis 61 ans n’ont pas encore trouvé de réponses satisfaisantes aux yeux de nos compatriotes, rien n’est impossible et l’on peut changer en 10 ans beaucoup de choses. 

En effet l’actuel président de la République Mr. Alpha Condé étant le premier président démocratiquement élu de la République de Guinée aurait pu avec tout l’espoir et la confiance que le peuple de Guinée ont porté en lui, ouvrir la perspective d’un avenir plus prometteur à notre gouvernance politique, économique et juridique. 

Ainsi pour y arriver, il aurait pu faire du domaine de la santé publique, de la sécurité et de l’éducation la priorité des priorités et surtout une priorité du développement pour stopper le désagrègement de ces secteurs clés du développement. 

Et il aurait pu avec des objectifs précis pour le développement de ces secteurs impulser une ingéniosité, une créativité extraordinaire qui auraient laissé de nombreuses innovations en héritage.

Et cela même si la liste de ce qu’il faut faire dans un pays comme la Guinée s’avère être certes longue; mais je pense que si l’opposant historique était ambitieux, déterminé avec un gouvernement competent et surtout conscient de l’ampleur de la tâche, leurs chances de succès seraient très bonnes aujourd’hui. Ainsi il aurait pu par exemple, dans le domaine de la la  santé publique et protection sociale chercher à : 

  • garantir de façon transparente la gratuité des soins pour les personnes les plus vulnérables (femmes, enfants, sujets âgés et handicapés) tout en veillant constamment à préserver l’équilibre financier du système et à pérenniser ses acquis ; 
  • mettre un terme au processus de privatisation rampante des prestations de santé qui freine l’accès au grand nombre de nos concitoyens aux services de santé ; 
  • affecter à cet égard aux secteurs préventif et curatif de la santé publique une part du budget national au moins égale au taux recommandé par l’OMS, soit 15%; 
  • renforcer l’offre des services et prestations de santé prénatale en vue de favoriser notamment le relèvement des indicateurs d’espérance de vie à la naissance; 
  • accroitre la couverture sanitaire du territoire national; 
  • renforcer la formation ainsi que le recrutement de personnel médical et paramédical adéquat en nombre comme en qualité. 

Et parlant du domaine de l’éducation qui demeure l’arme la plus redoutable pour changer le monde, ainsi donc la clé fondamentale de tout processus de développement, il aurait pu:

  • adapter les cursus d’éducation et de formation ainsi le contenu des programmes aux besoins réels du pays et garantir aux langues le statut officiel de langues de travail dans la constitution;
  • promouvoir romouvoir la scolarisation des enfants et jeunes des milieux défavorisés par des mécanismes d’entraide et de solidarité (allocations, bourses, etc.) ;
  • éradiquer l’exploitation et la maltraitance des enfants (travaux pénibles, mendicité) préjudiciables à leur santé, leur éducation

  • promouvoir la scolarisation des filles et la formation des femmes pour combattre toute forme de discrimination ou de stigmatisation en leur égard ;
  • instaurer un dialogue social et politique permanent incluant les acteurs concernés sans exclusion (parents, enseignants, élèves, étudiants, partenaires techniques et financiers, Etat, etc.) pour la recherche d’un consensus fort, ce qui permettrait de définir à la fois un modèle d’école guinéenne et les responsabilités des acteurs et le type de partenariat éventuel souhaité. 

Par ailleurs, il s’agira d’améliorer l’employabilité des jeunes par le relèvement, dans les niveaux secondaire et supérieur, de la proportion des élèves dans les filières scientifiques et technologiques, de promouvoir l’émergence de l’économie du savoir et de développer des écoles de formations spécialisées ainsi que des centres de formation professionnelle modernes. 

Enfin il aurait pu dans le domaine de la la sécurité avec la montée inquiétante du terrorisme dans la sous région ouest africaine et les bavures policières lors des manifestations pacifique en Guinée soldées par des tueries insensées:

  • Anticiper sur  les questions géopolitiques et géostratégiques. 
  • renforcer la coopération sous régionale et l’unité africaine en favorisant l’avènement de la paix dans la justice ; 
  • garantir la recherche constante de la paix et la sécurité dans la perspective de l’unité des guinéens et africaine;
  • Mettre  des actions fortes afin de conforter la paix et la sécurité publique en Guinée;
  • le développement du concept : « Police de Proximité »;
  • le recours accru aux moyens de surveillance satellitaire; 
  • La promotion de l’initiative privée encadrée dans la gestion de la sécurité;
  • La création d’une police des polices qui veille au respect par les fonctionnaires de police des lois et du règlement et du code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie pour dissuader les tueries insensées, les bavures policières… . 

Mais malheureusement la Guinée n’a pas pu retrouver ce chemin avec l’opposant historique guinéen, elle a pour une énième fois de son histoire eu la malchance de porter confiance à un chef d’état, opposant éternel, qui n’a jamais eu le soucis de laisser aux guinéens un bilan axé sur un modèle de développement orienté vers la construction d’une société démocratique, d’une économie à la fois productive et inclusive où chaque guinéen disposera d’un accès à la richesse et au bien-être. Ainsi ses dix ans passés au pouvoir sont juste une décennie perdue pour le développement de ce pays. 

Enfin, qui pour redonner aux guinéens un grand motif d’optimisme, dans une époque que je considère comme particulièrement sombre ? 

Aissatou Chérif Balde.

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