Guinée: est il encore opportun de parler de “dialogue national inclusif” du moment où la date de l’enterrement de la démocratie a été irrévocablement fixée pour le 18.10.2020 par le président de la République de Guinée ?

Dans la situation actuelle de la Guinée, où l’état se livre depuis bientôt 10 ans à des assassinats ciblés, à des emprisonnements pour permettre éventuellement à une seule personne de se maintenir au pouvoir, et avec une date des élections présidentielles sur fond de tripatouillage constitutionnel déjà entérinée par décret présidentiel hier 11.08.20, il est en effet trop tard pour parler de dialogue inclusif.

Mieux pour un combattant de la liberté lucide, sincère, il doit avant tout miser sur l’existence des conditions préalables à un dialogue politique. Et ces préalables devraient être notamment: la libération des prisonniers politiques, l’identification des responsables des tueries des jeunes martyrs, pour non seulement faire respecter la loi et les principes d’un état de droit, c’est à dire le retour à la légalité constitutionnelle, la sauvegarde de l’alternance démocratique mais aussi et surtout pour faire taire à jamais les sirènes de la haine, du mépris et de l’extrémisme.

À défaut tout dialogue, tout concensus n’est que du dilatoire et chimérique et ne sert qu’au renouvellement du système mafieux mis en en place depuis 1958..

Et tout acteur politique qui a du respect pour l’âme de ses militants martyrs, qui veut faire enraciner les principes fondamentaux d’un État démocratique ne peut parler de dialogue sans ses préalables.

Évidemment tout acteur politique qui parlera de dialogue sans le respect de ses préalables citées ci-dessus, et surtout après que la date de l’enterrement de la démocratie guinéenne soit fixée déjà par décret présidentiel pour le 18.10.20, et cela après la mort tragique de la constitution de 2010 au mois de mars dernier; devrait accepter dans toute sa dimension tragique l’accusation de complicité, voire de collaboration avec le mal. Il doit alors accepter d’être complice de cet État policier qui tue, brutalise, vole, rend l’injustice légalement.

Et d’ailleurs qui vous a empêché pendant tout ce temps de prendre le chemin du dialogue ?

Et pourquoi n’aviez vous pas priveligier le dialogue après les premiers martyrs tombés sous les cribles des balles du régime guinéen le 14.10.2019 pour pouvoir sauver la vie des guinéens assassinés lors de la mort de la constitution du 2010 le 22.03.20 à N’Zerekoré, à Labé, à l’axe, si la finalité de votre combat était de rendre l’alternance démocratique pacifique lettre morte en Guinée?

Peut-on encore dialoguer avec un chef d’état dont la façon d’être, sa psychologie, ses réactions sont incompréhensibles et imprévisibles ?

Peut-on en toute sincérité composer avec un gouvernement qui mise sur l’extrémisme, le clientélisme, le népotisme, l’ethnocentrisme politique, la corruption le mépris de l’autre qui ont pourtant conduit beaucoup de sociétés africaines dans l’abîme, car étant un poison qui divise, pervertit, détruit tout dans l’âme d’une société ?

Peut-on dialoguer avec un gouvernement qui refuse d’élever la voix de l’humanisme, la puissance de la démocratie contre les forces de haines, de rejet, d’incompréhension ?

Et pourtant à bien analyser, il n’est pas difficile dans un pays comme la Guinée, avec un valeureux peuple d’élever cette voix, de la faire triompher, pour que les guinéens apprennent à se parler, à travailler ensemble, dans le respect, la lucidité et la fierté de ce que nous sommes. Sauf que la classe politique guinéenne y compris le gouvernement guinéen n’ont pas voulu en faire une mission et notre mission aussi.

Ainsi même si cette démarche paraît impossible pour une opposition guinéenne et un gouvernement qui sont des habitués des compromissions toute nature, des contournements des lois de la République, en les substituants à des accords politiques, des agissements qui pendant les deux mandats du président actuel, ont conduit à une faible crédibilité de la constitution et de la justice constitutionnelle guinéenne, vitrines d’une démocratie émasculée; parler de dialogue ici ressemble tout simplement à du dilatoire, un fait simulacre pour cacher de manière sournoise son envie d’enterrer avec Alpha Condé les acquis démocratiques.

Pour finir en tant qu’homme politique, il est impératif de savoir que s’il y’a le temps pour la concertation, le dialogue, à un moment donné il y’a le temps de la décision. Si vous ne comprenez pas cela renoncer à faire de la politique, tout en arrêtant d’envoyer les enfants des pauvres populations à l’abattoir du gouvernement guinéen.

Faites vos compromissions contre nature alors , enterrez l’alternance démocratique le 18.10.20. Mais laissez le peuple vivre dans sa pauvreté, pour pouvoir au moins sauvegarder la vie de ses enfants innocents.

#Aissatou Cherif Baldé

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