L’Afrique célèbre l’anniversaire de l’union africaine et la journée mondiale de l’Afrique. 

La journée du 25 mai marque la date de la création de l’organisation continentale africaine l’Union africaine (UA) créée en 1963 à Addis-Abeba en Éthiopie avec la signature des accords de l’OUA

Cette date d’anniversaire  de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA, dénommée Union africaine actuellement) coïncide avec « la Journée mondiale de l’Afrique ». Et elle est célébrée cette année à Malabo en Guinée-Équatoriale. 

C’est à cette date que les dirigeants des 30 sur 32 États africains indépendants signèrent la charte fondatrice de l’organisation à Addis-Abeba. 

Elle change de nom en 2003 à Durban en Afrique du Sud et devient ainsi l’Union africaine.

C’est dans un contexte exceptionnel, marqué par des questions sécuritaires, des questions de paix, d’instabilité politique, de coup d’états militaires, de coups d’états constitutionnels, de la montée en puissance de l’idéologie fondatrice de l’organisation qui est le panafricanisme, que l’on célèbre cette journée. 

Journée mondiale de l’Afrique 

Cette journée mondiale de l’Afrique est l’occasion pour chaque pays d’organiser des événements dans le but de favoriser le rapprochement entre les peuples africains. 

Elle est aujourd’hui devenue une tradition fortement enracinée dans l’ensemble des pays africains. Elle représente le symbole du combat de tout le continent africain pour la libération du continent, de la restauration de sa dignité bafouée, le développement et le progrès économique. 

Car L’Afrique reste tout de même le berceau de l’humanité, à l’origine d’un grand nombre de peuples, de langues, et surtout des grandes civilisations qui ont marqué l’histoire de l’humanité. 

Quel bilan possible pour l’Union africaine? 

Le bilan de l’organisation panafricaine reste malgré les avancées dans beaucoup de domaines très mitigé. 

L’Afrique à travers l’Union africaine enregistre de nos jours des changements et acquis réels sur le continent. Les pays africains disposent d’une plateforme institutionnelle pour s’engager auprès d’autres agences mondiales, d’institutions financières et d’acteurs extérieurs.

Des progrès ont également été réalisés en vue de rendre opérationnelle la Force africaine en attente. La doctrine, le commandement et le contrôle, l’allocation des forces, les scénarios de déploiement et les plans logistiques sont en place et régulièrement pratiqués jusqu’au niveau de la brigade. C’était un rêve de longue date des fondateurs du prédécesseur de l’UA, l’Organisation de l’unité africaine (OUA).

Les défis à relever sont encore énormes

Nous avons assisté depuis l’année dernière au retour des coups d’Etats militaires sur le continent (Mali, Guinée, Burkina Faso, Tchad, Soudan, Burundi). 

À cela s’ajoute les coups d’États constitutionnels (Guinée, Côte d’Ivoire, Togo, Gabon, Congo-Brazzaville, Cameroun, Burundi) devenus un moyen de confiscation du pouvoir par les présidents antidémocratiques. 

Les conflits armés (Soudan du Sud, Centrafrique, République démocratique du Congo, l’Éthiopie, Cameroun) le terrorisme (au Mali, au Niger, Nigeria, Benin, Burkina Faso, Cameroun) demeurent un problème majeur, recurrent et voire pathologique que l’organisation n’arrive pas à résoudre pour l’heure. 

L’autre défi à relever est le fait que la plupart des États africains à l’image de la Guinée livrent aux peuples africains une démocratie de façade avec des graves violations des droits de l’homme, les restrictions et voire la fermeture des médias. 

La classe dirigeante des pays africains où règnent des régimes françafricains (Guinée, Tchad, Gabon, Congo Brazzaville, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire) est beaucoup plus préoccupée à empêcher l’autodétermination des peuples africains que de faire du droit au développement économique et social une réalité. 

En Guinée où règne par exemple un ancien légionnaire français, pion de la françafrique, la démocratie réelle, malgré une transition démocratique en cours est devenue illusoire. Le débat public libre est remplacé par la gestion des opinions et de l’indignation ; le principe directeur du citoyen responsable a cédé sa place à un idéal néopatrimonial. 

La démocratie, qui est à l’origine associée à des grands espoirs d’autodétermination politique et de sauvegarde de la paix intérieure, n’est  plus qu’une coquille formelle dans la structure réelle de ces sociétés africaines. 

Elle est réduite à une  simple mise en scène d’élections périodiques, où la population ne peut choisir qu’un parmi  le « spectre d’élites » qui lui est offert. 

Les récentes élections au Tchad ou encore au Togo illustrent cet état de fait. 

Et pourtant L’Union africaine détient l’une des meilleures chartes des droits de l’homme au monde. Mais compte des violences et violations graves des droits des peuples africains et guinéens, cette charte n’a pas sa valeur. 

L’union reste peu significative dans la vie des africains 

Pour être plus significative dans la vie des citoyens sur le continent et surtout pour mieux réaliser la vision de ses fondateurs, l’Union africaine devra renforcer ses institutions techniques, législatives et judiciaires.

Car les organes législatifs, judiciaires et techniques de l’UA restent faibles, notamment par rapport à l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement, qui comprend les dirigeants de ses 55 États membres. 

Le Parlement panafricain et le Conseil économique, social et culturel, conçus pour donner une voix aux organisations de la société civile au sein des institutions de l’UA, restent des organes consultatifs sans pouvoir. 

La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, créée pour protéger les droits humains et réduire l’impunité au niveau national, reste paralysée. 

Seuls 32 pays ont ratifié son protocole et parmi ceux-ci, seuls huit acceptent sa compétence pour entendre les plaintes des citoyens. En outre, elle n’est pas autorisée à sanctionner ou à enquêter sur les présidents en exercice.

La question de l’immigration mortelle 

Il ne faut surtout pas oublier l’immobilisme et le désintérêt affichés par l’union africaine face à la migration mortelle des jeunes africains en méditerranée. 

Ni actions, ni réactions. 

Pourtant dans ce drame, la responsabilité des chefs d’État est grande. 

À l’origine de ces migrations mortelles, se trouve en premier lieu leur défaillances à assurer la sécurité et le bien-être de leurs populations.

Le financement de l’union et sa dépendance extérieure 

C’est devenu un sujet récurrent pour les sommets de l’Union africaine : le financement de l’organisation.

Plus de 60 ans après sa naissance, l’UA cherche toujours les moyens de s’autofinancer, en clair ne plus avoir à compter sur l’argent des chinois et occidentaux. 

En 2016, l’UA a mis en place une contribution sur les importations.

Baptisé « décision de Kigali », le système prévoit que 0,2% du prix de chaque importation sur le continent soit reversé à l’organisation. 

Mais malheureusement, « la décision de Kigali (…) a du mal à être respectée par les pays membres de l’organisation. Cinq ans plus tard, seuls 17 pays représentant environ 31% des membres de l’UA étaient à divers stades de son application.

Pour l’heure, les contributions extérieures représentent toujours plus de la moitié du budget de l’organisation panafricaine.

L’influence des puissances néocolonialistes est énorme

La dépendance économique et financière de l’Union explique l’influence de l’Union européenne ou encore d’un de ses pays membres notamment la France sur l’institution panafricaine. 

L’organisation transformée en antichambre du néocolonialisme, la France, l’Union européenne, les États-Unis veulent continuer à maintenir sous le joug du néocolonialisme, tous les pays africains qui veulent se libérer de leur emprise. 

Or tant que le continent ne sait toujours pas se faire entendre ni parler d’une seule voix contre ce traitement inéquitable, humiliant, indigne, dont il est victime depuis plus de 8 siècles, à défaire de sa dépendance financière, économique et politique, l’Afrique ne connaîtra ni paix, ni développement, ni sécurité. 

Le continent continuera avec la complicité, la niaiserie, d’une élite politique aux ordres à n’être que le réservoir des matières premières pour développer les autres régions de ce monde. 

Et le discours de l’actuel président en exercice de l’Union africaine pour célébrer la création de l’organisation panafricaine n’y changera pas grand-chose. 

Il est bien grand temps d’arrêter de croire au messianisme des autres sur le destin de l’Afrique.

Car il revient aux africains de développer leur continent. 

Et l’élection de Bassirou Diomaye Faye a la tête du Sénégal, ce jeune président adepte du panafricanisme de gauche et la montée en puissance de l’idéologie panafricaniste sur le continent doivent nous rendre afro-optimistes. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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