Nous célébrons demain mercredi 10 avril, la fête du ramadan 2024 en Guinée.
Ce mois de jeûne suivi par les musulmans constitue l’un des cinq piliers de l’Islam. La fin du ramadan est marquée par la fête de l’Aïd el Fitr.
La date de celle-ci est en principe confirmée lors de la Nuit du doute.
Cette fête est une bonne occasion pour rendre hommage à nos ancêtres du Fouta Djallon qui furent des précurseurs et défenseurs d’un islam tolérant et adapté à nos réalités culturelles.
Et le royaume théocratique musulman du Fouta‑Djalon qui se développa dans la partie centrale de la Guinée à partir de 1727 et dura jusqu’à la conquête française de la fin du xixe siècle a donné naissance à des grands érudits, des savants, des théologiens hors pairs.
Et dans ce royaume le pouvoir des dirigeants était tenu tant par la coutume que par l’islam.
Des savants fiers de leur pulaaku
Les lettrés notamment les savants se sont toujours investis afin que l’islam tout comme le pouvoir puissent avoir une connotation africaine.
Cerno Sa’du Dalen, qui fut un des plus grands auteurs du Fouta-Djalon, est un des exemples les plus connus pour avoir conseillé aux Almamys d’avoir « une conception orientale valorisant un pouvoir fort, centralisé et bienveillant, et une conception africaine locale préconisant un pouvoir plus éclaté et soulignant les liens quasi contractuels existant entre le souverain berger et son troupeau ».
Et il écrivit dans un de ses ouvrages : « Nous sommes tous des pasteurs et nous aurons à répondre de notre troupeau ».
Une façon pour lui de mettre l’accent sur l’africanisation de la conception islamique du pouvoir.
Le cas de Thierno Aliou Bouba Ndian
On peut aussi citer parmi les grands waliyou c’est-à-dire les lettrés du fouta djallon Thierno Aliou Bouba Ndian décédé en 1927.
Il commença ses études auprès de son père Thierno Mamadou et les continua chez son cousin Thierno Abdoulaye ibn Idrissa grand érudit.
Après la mort de ce dernier, Thierno Aliou continua d’apprendre auprès du fils de Thierno Abdoulaye, Thierno Sadou également très cultivé. Thierno Aliou apprit la grammaire et la littérature arabes auprès de Thierno Bokar Bhoye et le droit musulman auprès de Thierno Doura Sombili.
Il partit ensuite dans le Boundou ( Actuel Sénégal) se perfectionner pendant une vingtaine d’années auprès de grands Chouyoukhs .
Chef spirituel incontesté de Labé, Thierno Aliou était lui-même un soufi, un exégète du Coran, un théologien émérite et un juriste distingué.
Sa perception théologique était des plus rigoureuses. Considéré comme un des hommes de Dieu les plus dignes de respect et de vénération, Thierno Aliou était pour les Chouyoukhs du Fouta-Djallon le maître, le guide inspiré dont toute la vie n’aurait été qu’une imitation de celle du Prophète Sayyiduna Muhammad (صلى الله عليه وسلم عليه).
Thierno Aliou , qui excellait dans l’enseignement du fiqh et le commentaire des ḥadîth, était lui-même une sommité de la Tariqa Tidjaniya.
Il a reçu d’abord le wird tidiani de Tierno Doura Sombili, et se rattacha ainsi à Cheikh Maouloud Fall, et Cheikh Mohammed El-Hafed Al Alawi chinguetti des Idawali de l’actuel Mauritanie (Trarza).
Par la suite, il se fit confirmer cette initiation par Thierno Oumarou Rafiou de Dara-Labé, et à travers ce dernier il se rattacha à El Hadj Omar.
Ses disciples se sont accrus avec le temps et il devient lui-même un grand maître de la voie tidiani, distribuant à la fois le wird et le pouvoir de le conférer. Il était un des dirigeants de l’esprit public dans le Fouta Djallon.
C’était un lettré arabe de première valeur. Il a composé deux ouvrages ( parmi ses nombreux ecrits) en vers consacrés à la vie et au panégyrique du prophète Sayyiduna Muhammad(صلى الله عليه وسلم عليه)
- Dourat al-abrar, c’est-à-dire « La perle des gens vertueux»
- Maqalid al-Saadah, fi Mad seyid al-sadah, c’est-à-dire « Les clefs du bonheur, sur la louange du prince des prophètes.
Dans une Guinée de plus en plus confrontée à un extrémisme religieux, fondée sur des idéologies et déviations islamistes, il est primordial de rappeler à la jeunesse guinéenne le rôle qu’ont joué nos ancêtres dans la propagation de l’islam tolérant avec une connotation africaine dans notre pays.
Ils n’ont jamais voulu être des alliés aliénés d’un islamisme détruisant les fondements de nos sociétés valorisant notre pulaaku..
Gloire à nos ancêtres !
Il faut noter que ces récits sont tirés en partie du livre d’Histoire du Fouta Djallon Tome 1 d’El Hadj Mamadou bah.
Mais aussi du lien suivant https://books.openedition.org/pur/62377?lang=de
1. Monenembo T., Le roi de Kahel, Paris, Le Seuil, 2008.
2 Barry I., Contribution à l’étude de l’histoire de la Guinée : les Houbbous du Fitaba et les Almami du Futa, mémoire, Conakry, 1970-1971 ; Botte R., « Révolte, pouvoir, religion : les Hubbu du Fuuta Jalon (Guinée) », Journal of African History, XXIX (3), 1988, p. 391-341.
vraiment bonne fête à vous et de me Barack vraiment Djadja vous merci beaucoup que Dieu nous bénit à tous que Dieu nous aide nous tous tout le monde
Djarama pour cette illustre œuvre