La Guinée « ne tourne pas rond». 

La preuve en est que le pouvoir de la junte militaire guinéenne devient de plus en plus irrespirable .

Et le chef de la junte militaire Mamady Doumbouya soutenu par le système mafieux françafrique use de tous les moyens pour verrouiller les médias du pays. 

Djoma TV vient d’en faire à ses frais. Le directeur de la chaîne de télévision privée Kalil Oularé, jadis porte-voix du régime déchu d’Alpha Condé, a fait savoir aujourd’hui 07.12.2023 que sa chaîne de télévision vient de se faire retirer du bouquet Canal +. Un média français au service du système mafieux françafrique. 

Elle est devenue aujourd’hui la cible principale du pouvoir, puisqu’elle dénonce sans cesse les failles du gouvernement de transition. 

Cette attitude infantile du CNRD venu au pouvoir pour prétendument mettre fin aux mauvaises pratiques du régime déchu, est en train de reproduire les mêmes erreurs du passé. On assiste à un changement dans la continuité. 

Une grave allergie aux critiques 

Tout porte à croire que Mamady Doumbouya et son clan ont développé une grave allergie aux critiques. 

On voit que cette pathologie se manifeste désormais de manière régulière et aucune opinion divergente n’est tolérée. 

Certes, certaines critiques venant de l’ancien parti au pouvoir le RPG-arc-en-ciel d’Alpha Condé sont faciles, simplistes, démagogiques sur fond d’une politique politicienne. Mieux, ce parti politique est responsable de la situation de cul de sac actuel et leurs erreurs pendant ses dix ans de règne, sont multiples et multiformes. 

N’empêche, que les fondements de tout gouvernement qui se veut démocratique et de surcroît un  gouvernement de transition est de rendre compte au peuple et d’accepter les critiques. 

En ne le faisant pas, le peuple étant assoiffé d’explications et de réponses sur vos démarches et décisions liées à la gestion de l’État ira les chercher auprès des médias ou directement les obtenir, comme c’est le cas depuis quelques années déjà, à travers les réseaux sociaux. 

C’est une évidence, d’où la nécessité de communiquer avec le peuple. 

Et aucun gouvernement de ce monde ne peut prétendre adopter des politiques infaillibles et parvenir à gérer les affaires de l’Etat parfaitement. 

Actuellement la plupart de vos décisions gouvernementales – comme l’attribution de marchés publics se passent dans des conditions peu transparentes et rassurantes. Et la population guinéenne est informée là-dessus à travers les médias et les réseaux sociaux. 

Or, dans de pareilles circonstances, il serait judicieux d’éviter des réactions démesurées et déroutantes face aux médias qui dénoncent les failles de votre gouvernance. Car ils jouent juste leur rôle. 

Il faudra plutôt essayer de comprendre que la peur, le doute, l’incompréhension ou encore la colère peuvent animer de nombreuses personnes lorsqu’elles font face à un problème ou à une situation qu’elles ne comprennent pas ou face à laquelle elles se sentent impuissantes.

Et vouloir adopter des attitudes infantiles face à ceux qui ne sont pas favorables à votre régime, c’est montrez que vous manquez de leadership et d’intelligence. 

Et que vous apportez plus de problèmes que de solutions aux guinéens. Cela démontre votre impuissance et votre incapacité d’écoute. Vous prouvez que vous n’êtes qu’un clan fournisseur de crises et non des leaders. 

Le CNRD manque de leadership 

La censure des médias et la restriction d’internet prouvent que le régime militaire guinéen manque de leadership éclairé. 

Et c’est ce qui explique son intolérance face aux critiques qui semblent déranger son pouvoir.

Le CNRD préfère mater avec un certain empressement les colères les plus légitimes sur fond de surdité politique et sociale. Et c’est du bout des lèvres que les regrets sont exprimés – quand ils le sont vraiment et surtout avec une certaine arrogance en étouffant tous les avis discordants. 

La junte militaire guinéenne pense d’ailleurs que ces critiques sont l’œuvre d’une opposition émiettée qui pour lui est pleine de détracteurs aigris. 

De ce fait, tous les guinéens doivent être à la merci de la manipulation et de l’achat de conscience. C’est cela la devise du CNRD. 

Sur fond d’un esprit manichéen, le CNRD cherche à nous mettre dans une situation où on peine à saisir des situations complexes. 

Car nous vivons aujourd’hui en Guinée, en deux ordres distincts: les bons et les mauvais. Ce procédé nous divise en deux. C’est réducteur mais reste efficace.

Or, le peuple de Guinée est surtout las d’être gouverné, d’être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, contrôlé, censuré, commandé, divisé par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la vertu, ni le mérite, ni la compétence, ni la légitimité. 

Et c’est pourquoi les guinéens comme moi écrivent et dénoncent, et c’est pourquoi ils se révoltent. 

C’est surtout cette jeunesse guinéenne, cette partie du peuple épanouie, qui veut avoir la chance d’évoluer dans un pays où l’on peut écrire, chanter et créer en toute liberté sans être inquiété qui nous lit qui comprend le bien fondé de notre démarche. Ils ne sont pas en petit nombre. 

Donc il serait vain de nous reprocher cette envie de liberté. 

Pour nous autres si l’une des vertus du journaliste, consiste à se ranger systématiquement dans l’opposition et sans être à la solde de l’opposition en informant avec objectivité, c’est parce qu’il est ainsi assuré de n’en retirer aucun profit.

Et si on vous critique, c’est parce que notre pays ne tourne pas rond. 

La critique constructive et prudente est un levier du progrès. 

Et « nous prenons garde que notre esprit critique ne se transforme en esprit de dénigrement systématique». 

Car nous avons un droit de regard objectif sur nos dirigeants de maintenant et de demain. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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