Guinée: Mamadi Doumbouya serait-il victime de son entourage? 

Le pouvoir de Mamady Doumbouya teinté de division, de diversion, de démagogie et de corruption interroge et inquiète. 

Car malgré le coup d’État militaire du 05 septembre 2021, suite logique d’un troisième mandat illégitime, le chef de la junte militaire guinéenne n’arrive toujours pas à rester fidèle à son discours après la destitution de son bienfaiteur, l’opposant historique Alpha Condé. 

Il ne parvient pas à recoller les morceaux de verre cassés pendant ces dix dernières années. 

Un pouvoir divisionniste décomplexé 

En deux ans de règne sur fond d’un recommencement perpétuel, l’ancien légionnaire français n’a surtout pas compris que l’on ne peut pas diviser un tout dont on fait la moitié… 

Car lorsque la division engendre la colère qui à son tour engendre la haine au sein d’une nation, il est impératif de faire usage de l’écoute et de la compréhension bienveillante pour panser les plaies déjà trop nombreuses et béantes dans ce pays en construction. 

L’union des contraintes, des différences demeurent surtout le secret de toute nation réussie. 

L’écoute, la tolérance et l’empathie sont à juste raison la loi maîtresse d’une nation qui se veut unie et solidaire. 

En effet, il faut retenir que la politique de diviser pour régner, dans le contexte africain, compte tenu de son passé colonial avec des frontières arbitraires devrait être bannie par tout homme politique africain ambitieux, progressiste, visionnaire qui veut faire de son pays une vitrine du développement économique en Afrique et ailleurs. 

Mais le président de la transition guinéenne Mamady Doumbouya peine à le comprendre. 

Pour l’actuel pion du système criminel françafrique, la ruse, la force, la division doivent être la source de son pouvoir. Il ne doit régner qu’à condition de diviser. 

D’où l’existence des concepteurs de la violence d’État autour de lui.

Cette énergie peut être utilisée autrement 

L’énergie que Mamady Doumbouya et son entourage font usage pour effriter les partis politiques, la société civile guinéenne, les organisations syndicales, pour diviser le peuple de Guinée, stigmatiser une partie de la population guinéenne, encourager la corruption et l’injustice sur fond d’une hérésie politique et justice sélective; et tout en soutenant la propagation de la bassesse politique à l’image de ces jeunes gens qui sont devenus des caisses de résonance pour injurier ou dénigrer, invectiver les adversaires politiques peut-être utilisée autrement. 

Elle peut être utilisée autrement en empêchant par exemple l’émiettement de l’État guinéen, pour construire une nation guinéenne unie et solidaire. 

Et surtout réconcilier les guinéens avec leur passé, poser les jalons d’un système économique émergent, performant et un système démocratique fiable et consolidé.

Cela exige la fin de la désorganisation du système de santé, de l’éducation, l’engorgement des hôpitaux, des écoles publiques, les perturbations importantes de la vie sociale, économique et politique.

Sa seule arme doit demeurer la valorisation des cadres intègres

En le faisant, le président putschiste allait prouver que contrairement à ses prédécesseurs, il est parvenu à comprendre que sa seule arme doit demeurer la valorisation des cadres intègres, de la compétence, de la culture politique et citoyenne, le patriotisme, la rigueur et l’intransigeance. 

Ces valeurs sont capables de guérir tous les maux dont souffre la Guinée tels que la corruption, l’injustice, l’arbitraire, la division, l’ethnocentrisme politique. 

Et elles vont surtout débarrasser l’État guinéen de tous ceux qui ne brillent que par la  démagogie, la propagation de la haine et de la division, de la médiocrité, du néocolonialisme, et du néopatrimonialisme. 

Dans ce cas, la grande majorité des guinéens vont adhérer sans contrainte ou achat de conscience aux idéaux du président de la transition Mamady Doumbouya. 

Et il ne fera pas recours à l’arbitraire  pour assurer la pérennisation de son pouvoir.  

À l’évidence, aucun président ambitieux n’a intérêt à diviser son peuple, car dans l’unité on peut faire déplacer même les montagnes. 

Le coup d’État militaire, ce mal nécessaire d’un pouvoir agonisant

Mais si la fin du règne de M Alpha Condé le 05 septembre 2021 nous a révélé la faillite d’un État guinéen escroc qui évoluait entre perfidie, machiavélisme, destruction de la société guinéenne pour le bonheur d’une seule personne, d’un clan usurpateur avec un pouvoir sans morale donc une sorte de ruine sociétale. 

Le coup d’État militaire, ce mal nécessaire d’un pouvoir agonisant, devenu irrespirable, a démontré que les échecs du pouvoir Condé étaient plus nombreux que ses succès. 

Ce putsch militaire est avant tout un changement dans la continuité et Mamady Doumbouya, une déception programmée de l’histoire récente de la Guinée. 

Des échecs dûs entre autres à son entourage, cette élite ethniciste et clanique, symbole du pouvoir des pires et qui sont là depuis l’indépendance. 

Une indépendance plus ou moins mal gérée, puisque l’élite guinéenne ne fait que repousser les erreurs et les sources morales de ses erreurs. 

Elle refuse surtout de se poser les bonnes questions pour trouver les solutions appropriées. 

Pourtant la cataracte qui voile nos yeux serait mal opérée, si l’on se bornait à la diviser sans l’extraire; car le plus léger mouvement pourrait la replacer devant notre vue.

Sans les bonnes questions, pas de bonnes solutions adéquates 

Alors tant que l’on ne se pose pas les bonnes questions pour trouver les solutions adéquates; tant que nous n’avons pas une élite intègre et consciente à la tête de l’État guinéen, ce pays ne connaîtra jamais l’émergence.

Car un État est le résultat et surtout le reflet de ceux qui le gèrent.

Nous continuerons donc toujours à avoir tant de vagues et de fumée dans le ciel guinéen, qu’il serait impossible de distinguer le noir du blanc et l’espoir du désespoir. 

Surtout que dans ce pays l’on ne sait pas ce que l’on veut, pour ensuite avoir le courage de le dire et  ensuite avoir l’énergie de le faire.

Mamady Doumbouya ne peut pas être victime de son entourage 

En somme Mamady Doumbouya ne peut pas être victime de son entourage, car il demeure le chef d’œuvre théâtrale de la déchéance continue de l’État guinéen et le big man du pouvoir hégémonique, ethniciste, népotiste dominant. 

Et c’est surtout son choix de faire de la transition politique guinéenne, une énième transition politique trompe l’œil. 

Le fait que les opposants à son pouvoir soient dérangés constamment, tués par des policiers et des militaires déployés en grand nombre lors des manifestations, avec les contrôles qui y sont incessants; s’accompagnant de vols et d’intimidation prouve bien évidemment qu’il est le cerveau du système mafieux. Il sait surtout bien jouer son rôle. 

Car il sait pertinemment que l’étincelle peut venir à chaque instant et le dispositif sécuritaire et militaire mis en place ne peut qu’exacerber cette tension, comme l’annonce de la coupure des réseaux sociaux ou l’interdiction des manifestations par son gouvernement de figuration. 

C’est enfin une dérive autoritaire terrible qui porte en elle les fruits d’une violence terrible voulue et entretenue par Mamady Doumbouya dont la carrière militaire reste marquée par les tueries et la barbarie humaine. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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