Guinée/France: avec la visite de la secrétaire d’État française, la françafrique se solidifie en Guinée

La secrétaire d’État française Chrysoula Zacharopoulou est en Guinée. 

Elle est arrivée mardi en fin de journée à Conakry, dans la capitale guinéenne. 

C’est la première visite d’un officiel français en Guinée, depuis le putsch de 05 septembre 2021.

La France contrainte par les peuples maliens et burkinabés de plier bagage grâce au leadership des actuels tenants du pouvoir dans ces deux pays africains au passé historique commun à la Guinée, est accueilli à bras ouverts dans le pays de son ancien légionnaire au pouvoir en Guinée depuis 2021. 

Certes c’est une première visite d’un officiel français en Guinée depuis la chute du régime despotique du président Alpha Condé qui lui sur fond d’une insincérité pesante prônait qu’on coupe le cordon ombilical avec la France. 

Or en dessous, il cédait la gestion d’une partie du port guinéen au richissime, corrompu et corrupteur français, l’un des cerveaux du pillage systématique de l’Afrique, Vincent Bolloré. 

Cet homme connu pour son soutien aux réseaux maléfiques de la françafrique n’a malgré son exploitation du port guinéen aucun compte bancaire domicilié à la banque centrale guinéenne. Il y règne en maître du monde. 

La junte militaire guinéenne, notamment le président Mamady Doumbouya acquis à la vision néo-imperiale française, n’y trouve pas d’obstacles. 

Car il veut briser ce mythe d’une  Guinée insoumise à l’impérialisme mélanophobe français. 

Mamady Doumbouya est ce prototype de président africain dépourvu de conscience qui croit que l’avenir de l’Afrique se dessine en France. 

Pour cet ancien légionnaire français, nous devons penser à la France comme Messie, interlocuteur indispensable pour notre destin. 

Car il est le fruit du dispositif de rattrapage de type discrimination positive, puisque l’ancienne puissance colonisatrice n’applique plus l’indigénat. 

Or le talon d’Achille de l’africain est d’attendre le salut de l’ancien colon. 

En cautionnant cette idée de l’Occident dénoncée par Aimé Césaire sur l’incapacité de l’Afrique à avoir puissance sur son propre destin, il devient le cheval de Troie de l’ancien maître. Et après avoir fini de tétaniser son peuple, il s’en va chez le maître, chercher le chemin du salut.

Nous y sommes donc. 

La France officielle déclare dans le cadre de cette visite qu’elle «réaffirme son engagement aux côtés du peuple guinéen, dans le domaine des infrastructures : l’électricité, l’eau, l’éducation, la santé ou encore la lutte contre le terrorisme.»

Elle rappelle sa « disponibilité à accompagner la transition jusqu’à son terme, ainsi que le processus électoral, en coordination avec les autres partenaires internationaux de la Guinée », notamment l’Union européenne (UE), l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et les Nations unies.

Pourtant, il n’appartient pas à la France et toute cette fausse communauté internationale de guérir les maux dont souffre la Guinée. Ce n’est pas à elle de trouver des solutions aux problèmes guinéens. 

Elle n’a pas plus de moyens pour cela que n’en aurait le lion à devenir le guide des antilopes.

On s’interroge alors sur les agissements de  la junte militaire guinéenne. La France, par ci, la France par là , toujours la France dans le rôle du commandeur, du sauveur… Lassant non!

Mais pour cette élite guinéenne décérébrée au cerveau importé à la solde des puissances néocolonialistes, il faut impérativement continuer à s’adresser au mauvais sorcier. 

Par ailleurs, qu’a fait et que compte faire cette même Communauté internationale contre les conflits au Congo-Kinshasa, au Mali, au Burkina, au Soudan, au Soudan du Sud, en Centrafrique, contre les  tensions sociales, les violences de tout genre et les pertes de revenus en Afrique ?

Rien sinon qu’une indignation sélective ou une justice à géométrie variable. Car la déclaration universelle des droits de l’homme existant depuis plusieurs décennies n’est valable que ” pour eux  les “civilisés” qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des “barbares“.

Sachez bien que les transitions démocratiques en Afrique et particulièrement en Guinée ainsi que le vote ne servent qu’au renouvellement du personnel local du système-monde. 

Les électeurs locaux en deviennent, à leur propre insu, des clients de la politique spectacle et les victimes des rapports marchands qui lui sont sous-jacents. 

Les sujets qui peuvent écorcher les oreilles du G8, de l’UE  tels que le pillage des matières premières de l’Afrique, le diktat des grandes puissances, les guerres sur le continent, le terrorisme, l’immigration mortelle, la dette extérieure, les réformes néolibérales, les bons coups d’états militaires, les putschs constitutionnels, les Républiques héréditaires, les pouvoirs despotiques sont soigneusement écartés du débat. 

La Guinée grâce à la junte militaire actuelle, ambivalente, qui se joue du panafricanisme, qui n’a de foi qu’en l’argent et attend, dans la jouissance, l’avis de l’extérieur, est sur le chemin de devenir membre du précarré françafrique. Et s’il ne l’est pas d’ailleurs .

Alors applaudissons la visite de la secrétaire d’État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenaires internationaux pour que perdure des idéologies dont les fondements sont le paternalisme, l’infantilisation et l’impérialisme.

Des idéologies selon lesquelles, l’homme africain incapable de tout faire, doit continuer d’être l’éternel enfant assisté qui ne veut donc pas grandir. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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