Guinée: 64 ans d’indépendance, l’élite guinéenne tarde à travailler dur, afin de donner le meilleur d’elle au peuple.

Chronique de Aissatou Chérif Baldé

Le 64ème anniversaire de l’indépendance de la République de Guinée est célébré pour la première fois depuis l’accession de la Guinée à l’indépendance sur fond de multiples crises.

La jeunesse de l’axe sur fond d’un sentiment d’exclusion sociale, de mise à l’écart a préféré célébrer le 64ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée autrement.

Et cette situation doit interpeller la junte militaire guinéenne au pouvoir depuis le 05 septembre 2021. Elle doit se pencher sur cette question sans passion ni arrogance. Car le phénomène de mise à l’écart sur fond d’ethnisme politique est une réalité en Guinée.

Elle doit se rappeler qu’elle a pris le pouvoir à cause de l’absence de véritable démocratie, des contextes de crise économique et sociale, l’ethnisme politique qui sont sans doute les causes profondes de la déstabilisation de l’État guinéen.

Et quoi qu’il en soit, aujourd’hui encore, l’appartenance ethnique ou clanique est un facteur extrêmement important, à des degrés divers, de la vie des populations et de l’organisation de l’État guinéen.

Certes les clivages ethniques ont souvent été exploités et le sont encore aujourd’hui, mais ils ne constituent pas obligatoirement un obstacle insurmontable à l’édification d’un État guinéen moderne.

C’est plutôt la faillite de l’État qui pose problème. Et l’absence de démocratie, de justice sociale, de paix, la corruption-business, l’autoritarisme qui sont des éléments décisifs des crises actuelles et jouent un rôle beaucoup plus important que les clivages ethniques.

De l’indépendance à nos jours, les acteurs étatiques se sont souvent comportés comme des prédateurs, peu soucieux de redistribuer les profits de l’économie de rente à l’ensemble des peuples. Cette attitude s’accompagne par la mise en place de régimes autoritaires, corrompus, s’accaparant le pouvoir au profit d’une minorité, ou d’un clan hégémonique.

La junte militaire guinéenne doit comprendre qu’il est donc impératif de refuser de tomber dans le piège de ceux qui tirent gratification de cette situation de cul de sac habituel.

Pour préserver la paix, l’unité nationale, bannir ce sentiment d’exclusion sociale, politique en Guinée on a pas besoin de faire recours à une démagogie boueuse, à la division et à l’ethnisme politique.

Il suffit en premier lieu d’instaurer une véritable démocratie et une bonne gouvernance.

Car qui parle de véritable démocratie et de bonne gouvernance parle de justice, égalité, transparence, répartition équitable des ressources, probité, intégrité des acteurs étatiques.

Pour ce faire il va falloir se fixer les objectifs suivants:

1- renforcer l’unité nationale en vue de garantir la volonté de vivre et de bâtir ensemble, tout en tenant compte de la diversité de la société guinéenne (régions, ethnies, cultures, générations, genre, classe sociale, classes intellectuelles, civiles et militaires, religions, etc.).

2- Consolider la paix, la démocratie et l’Etat de droit, qui tirent leurs fondements de la liberté, de l’égalité et de la souveraineté.

3- Constituer et promouvoir le renforcement des libertés individuelles et collectives, pour permettre l’émergence d’une société civile forte et la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire).

4- Rester attaché aux principes et valeurs d’éthique pour une moralisation financière dans la gestion des biens publics.

5- Accorder une place prépondérante au renforcement des principes de bonne gouvernance administrative à travers : le développement d’une politique de coordination des missions et interventions entre les différents corps de contrôle, l’application objective du principe universel de reddition des comptes, y compris en matière d’exécution budgétaire ;

6- Renforcer le rôle, des missions et des moyens de la Cour des Comptes ;

7- Généraliser le système d’évaluation des performances de l’administration et de la justice ;

8- Procéder à la systématisation des appels à candidature pour certains emplois du secteur public et parapublic.

9- Et veiller enfin :

au rééquilibrage des pouvoirs au sein de l’Exécutif au profit du Gouvernement ;

au renforcement des pouvoirs et de la légitimité du Parlement ;

au renforcement des institutions de la République ;

à la réforme de la Justice et au renforcement de l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Ainsi les concepteurs de la violence d’état, de l’ethnisme politique, de l’exclusion sociale et politique n’auront plus leur place dans la société guinéenne.

Et la paix, l’indépendance ou l’unité nationale, ne seront pas que des vains mots.

Chaque citoyen guinéen comprendra enfin que c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté politique, une justice.

La population de l’axe ne se sentira pas exclue, marginalisée à tel point de célébrer l’indépendance de la Guinée autrement.

Car l’État guinéen donne à cette partie du peuple de Guinée toutes les raisons de se sentir victime d’une exclusion sociale, d’une relégation ou marginalisation sociale.

Et les peuples de Guinée seront sans exception unis pour célébrer ensemble, les victoires remportées pour notre libération.

On s’engagera, on se lèvera comme un seul Homme,pour défendre notre liberté et notre unité.

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