Coup d’état militaire en Guinée, au Mali, au Burkina-Faso; terrorisme, djihadisme,perte de revenu, immigration mortelle, tripatouillage constitutionnel, institutions obsolètes, telles sont les couleurs de la sous-région ouest-africaine.
Les élites politiques, économiques, administratives, médiatiques, intellectuelles, artistiques de cette zone continuent de cracher sur leurs nations et piétinent depuis plus de six décennies sans relâche son cadavre fumant.
Parlant de la Guinée, la situation actuelle est encore plus complexe. Fantasme, complotisme d’un groupe occulte restreint qui se veut « alternatif » agissant dans l’ombre pour accomplir un but machiavélique n’est pas du tout nouveau dans ce pays. Car ces théories du complot ont toujours remis au goût des discours d’inspiration ethnicistes, divisionnistes, leurs donnant ainsi une coloration moderne dangereuse.
Sur fond de haine des peuls par exemple, elles sont sous entendues par une idéologie réactionnaire qui se nourrit des problèmes sociopolitiques guinéens.
Et la situation ne doit pas changer, car les conspirationnistes en tirent gratification sociale et financière depuis 65 ans.
Pire le peuple de Guinée, surtout une partie de la jeunesse et de sa diaspora éthniciste observent, soutiennent, goguenarde, faussement affectées la Guinée qu’on abat ; et écrivent d’un air las et dédaigneux, des pages d’une « Histoire » de la nation guinéenne, très sombre.
Une situation presque normale, pour un peuple qui a décidé de se rassembler sur son élite, sur sa communauté, son ethnie, donc refusant de facto l’édifice d’une nation prospère, résiliente et solidaire.
Parmi ces gens, existe aussi ceux qui souhaitent être la carte juridique des pouvoirs impérialistes occidentaux tels que Mamady Doumbouya et son sulfureux ministre de la justice Charles Wright.
Un cocktail très dangereux qui fausse la démocratie, car elle permet aux masses inconscientes, ignorantes de générer des élites incompétentes, inconscientes,éthnicistes, des laquais à la solde qui ne prennent pas en compte les aspirations au changement des peuples africains et guinéens.
Face à une telle situation,ce
genre d’élite si affligeante soit-elle continuera encore de prospérer en Afrique et en
Guinée, puisque le peuple surtout celui guinéen a le choix de tolérer l’inacceptable et de se mouvoir dans un oubli amnésique.
Le guinéen est par exemple, au nom de l’ethnocentrisme politique prêt à recycler tous les bourreaux d’hier et toute cette élite corrompue et corruptible.
En Guinée, le peuple donne du sang vierge à tout ce qui a trait au mensonge, perfidie, manipulation, division.
Ce qui a d’ailleurs permis à Alpha Condé de recycler des anciens prédateurs et bourreaux guinéens pour faire asseoir son autorité hégémonique.
Et la même politique est utilisée aujourd’hui par la junte militaire guinéenne dans le choix des acteurs étatiques pour aussi faire asseoir son autorité hégémonique, clanique factionnel, ethniciste et clientéliste.
C’est aussi l’une des raisons qui pourrait expliquer l’absence du général Sékouba Konaté, le protégé des puissances tutélaires éternelles en Afrique,
au procès du 28 septembre et pourtant ministre de la Défense de la junte au pouvoir au moment du massacre des opposants au régime d’antan.
Et depuis six décennies, c’est le même discours machiavélique qui est entonné par les différents responsables guinéens et il y puise d’ailleurs son succès.
Mais ce succès, ces régimes le doivent au peuple de Guinée, qu’ils ont fini de compremettre depuis longtemps.
Or il est grand temps de poser le bon diagnostic et cela demeure indispensable car loin, d’être le fait de farfelus ignorants sur les réseaux sociaux, le complotisme, la perversion du panafricanisme, de la démocratie sont le symptôme d’une véritable maladie de la société africaine et guinéenne.
Et c’est pourquoi d’ailleurs il n’est pas étonnant de voir des militants de l’opposition politique guinéenne au régime militaire actuel pervertir le panafricanisme, dénigrer les panafricanistes qui depuis sa genèse, sa pensée panafricaniste s’est située aux antipodes des frontières établies par la conférence de Berlin de 1884-1885, qui a balkanisé l’Afrique et, par conséquent, créé des nations artificielles qui ne respectaient pas toujours le statu-quo de l’africain du continent.
Mieux, le but ultime du panafricanisme est la construction d’une ”Grande Afrique” unifiée, à travers la réappropriation de la ”souveraineté continentale” sous tous ses aspects, et surtout l’émancipation des maux endogènes qui paralysent le progrès de l’Afrique”.
On pourrait donc se demander pourquoi des jeunes guinéens peuvent se sentir menacés par un tel combat ?
Et pourquoi pense-t-on par exemple, qu’un africain naturalisé allemand n’a pas le droit d’adhérer à l’idéologie panafricaniste et que ayant donc la nationalité française, on doit accepter de facto la servitude volontaire, l’humiliation permanente des peuples africains ?
Un fait dû à l’ignorance cruelle ou plutôt à l’aliénation mentale ?
Car pour rappel « Une nationalité n’est pas une origine ni géographique ni ethnique, elle n’est qu’un état juridique d’appartenance à un pays, auquel est attaché droits et devoir ».
Avec l’une ou l’autre, l’Afrique a encore du chemin à faire.
Aissatou Cherif Baldé.