Qui parle d’inflation parle de hausse des prix. Et les prix des denrées de première nécessité, le prix de l’énergie, du gaz, du pétrole ont explosé d’une façon galopante depuis le début de la guerre en Ukraine.
Cette hausse des prix inquiète non seulement la population allemande,mais aussi et surtout le gouvernement fédéral allemand qui redoute les frustrations au sein de la société.
Déjà des manifestations sont signalées dans beaucoup de villes en Allemagne pour dénoncer l’explosion du prix de l’énergie, du gaz et les denrées de première nécessité.
Mieux, cela fait plus de 70 ans que l’Allemagne a connu pour la dernière fois des taux d’inflation à deux chiffres. Au quatrième trimestre 1951, le taux était de 11 pour cent selon les calculs de l’époque.
Et selon les prévisions de la Bundesbank, la banque centrale fédérale allemande, le taux d’inflation calculé sur la base des règles européennes harmonisées va atteindre 8% pour l’ensemble de l’année 2022. Ce taux est déjà de trop puisque tous les prix des denrées de première nécessité telles que la farine, le beurre, le pain ont explosé.
Pour y pallier et venir en aide aux ménages, aux entreprises le gouvernement de coalition composé des écologistes, des socio-démocrates et des libéraux-démocrates se sont accordés à nouveau sur un nouveau paquet d’aides aux ménages et aux entreprises pour compenser la hausse des prix.
Il s’agit du troisième paquet de ce type depuis le début de l’année et après l’expiration de la prime du carburant et le ticket à 9 euros pour les transports publics locaux et régionaux le 31 août dernier.
La coalition s’accorde sur 65 milliards d’euros d’aides.
Ce paquet comprend des mesures ciblées pour les couches vulnérables qui subissent à plein fouet les conséquences de l’inflation, qui a atteint pour l’heure 7,9 % sur un an.
Ces mesures sont réparties comme suit: Il prévoit une prime forfaitaire de 300 € pour les retraités et les salariés. Une prime de 200 € pour les étudiants, la hausse des allocations familiales (+ 18 € pour le premier et deuxième enfant), l’augmentation du supplément d’allocations pour les familles à faible revenu.
La protection sociale minimum dénommée « Hartz IV » sera remplacée par une allocation citoyenne plus avantageuse à compter du 1er janvier 2023.
Les barèmes fiscaux seront révisés afin d’éviter la hausse des impôts liées à l’inflation (dites « progression à froid »).
Le forfait déductible pour le télétravail (5 € par jour dans la limite de 600 € annuels) sera pérennisé.
En effet, ces mesures visent aussi à freiner le prix de l’énergie, source de l’inflation qui a explosé depuis le début de la guerre en Ukraine.
Le gouvernement envisage à cet effet de mettre en place un « frein à la hausse du tarif de l’électricité » pour la consommation de base. Il sera financé par les profits exceptionnels que les fournisseurs tirent de la hausse des prix.
Le paquet comporte outre mesure une prime exceptionnelle de chauffage. Les bénéficiaires recevront une prime exceptionnelle de chauffage (à hauteur de 540 € pour un foyer de deux personnes par exemple) pour la période allant de septembre à décembre.
Concernant le gaz, l’État va prolonger la TVA (taxe de la valeur ajoutée) réduite sur la consommation (7 % au lieu de 19 %) jusqu’en mars 2024.
Il reporte, par ailleurs, d’un an l’augmentation de 5 € du prix de la tonne de CO2. Elle prendra effet au 1er janvier 2024.
En matière de transports, l’État fédéral se dit prêt à financer à moitié les frais de transports publics communs. Elle veut proposer un ticket qui sera vendu dans une fourchette de prix allant de 49 € à 69 €. Mais à condition que les länder acceptent de financer l’autre moitié de cette mesure.
Quant aux entreprises, Berlin prolonge le dispositif d’activité partielle, ainsi que la TVA réduite dans la restauration.
La coalition projette aussi de créer une autre mesure pour éviter que les entreprises qui consomment beaucoup plus d’énergie n’arrivent pas à avoir une répercussion sur la hausse des prix de l’énergie source de l’inflation.
Le Chancelier Olaf Scholz a lors de la présentation de ce troisième paquet d’aide début septembre proposé qu’une prime d’inflation soit payée par les employeurs aux salariés. Cette prime supplémentaire et exceptionnelle pour les salariés se fera sous forme d’un paiement unique à hauteur de 3000 euros.
Il espère surtout que ce paiement supplémentaire des employeurs à leurs employés en raison de l’inflation galopante qui sera exonéré d’impôt ne se limitera pas seulement aux salariés de la fonction publique. Il sera élargi à tous les employés du privé aussi.
Une chose est certaine, le thème de l’inflation ne disparaîtra pas en 2023. Les pénuries d’approvisionnement et les tensions géopolitiques vont persister tant que la guerre en Ukraine continuera. Car l’Europe n’a non seulement pas de matières premières mais sa survie économique en dépend énormément.
Depuis que la Russie a radicalement réduit ses livraisons de gaz à l’Europe, les prix du gaz naturel et de l’électricité ont augmenté plus fortement que prévu.
Il est donc de plus en plus probable que l’inflation galopante actuelle atteigne les deux chiffres l’année prochaine.
Par ailleurs, en guise de solidarité face à la crise énergétique en Europe, l’Allemagne a décidé de fournir beaucoup plus d’électricité à la France qui risque d’en manquer cruellement cet hiver.
Et c’est pour pouvoir assurer cette exportation d’électricité à la France et garantir la fourniture d’électricité à l’intérieur du pays que le gouvernement allemand a décidé de réactiver deux de ses réacteurs nucléaires qui étaient arrêtés depuis la catastrophe de Fukushima.
Aïssatou Chérif Baldé