Les images des jeunes enfants de la commune urbaine de Conakry Ratoma assassinés tous les jours, le refus des autorités d’admettre ces crimes ciblés depuis bientôt 12 ans, prouvent à suffisance que l’État guinéen est défaillant.
Cet État géré aujourd’hui par des putschistes, d’anciens criminels financiers, d’anciens opposants charlatans politiques font aussi preuve d’indifférence.
Le nouveau clan à la tête de l’État gouverne aussi la Guinée avec fourberies, violences et irresponsabilités.
On tue pour tuer, parce qu’ils ont du plaisir à mépriser les citoyens qui ne pensent pas comme eux.
Et pourtant cette barbarie, dont la population de la commune de Ratoma est victime à nouveau, après le coup d’État militaire du 05 inquiète.
Car elle se passe sous le silence coupable des responsables politiques, religieux, de la fausse communauté internationale et de ses institutions aux ordres.
Ils semblent être donc tous insensibles aux souffrances et aux mauvais traitements infligés aux enfants de l’axe, opposés à la barbarie des régimes guinéens depuis 2006.
Quant aux acteurs politiques de l’opposition, ils refusent depuis douze ans de s’inscrire sur la durée, préférant de se contenter de suivre le rythme des échéances électorales.
Ils ne se battent que pour avoir des compromis et compromissions sans se soucier des martyrs et de leur familles endeuillés et sans parler de justice pour eux.
Pour ces opposants politiques, leur mission n’est rien d’autre que la conquête du pouvoir.
Les jeunes assassinés sont juste un moyen de chantage, de pression pour obtenir quelques avantages dans les négociations avec le pouvoir en place.
Or un parti politique doit en premièr lieu d’abord servir d’intermédiaire entre le peuple et le gouvernement.
C’est-à-dire proposer des solutions alternatives à la politique de la majorité en traduisant le mécontentement d’un certain électorat populaire.
Animateurs du débat politique, les opposants politiques contribuent à structurer l’opinion publique. Ils légitiment et stabilisent de par leurs actions et attitudes démocratiques, le régime démocratique.
Mais dans le cas guinéen, avec la tendance à la professionnalisation de la vie politique, les partis politiques ont acquis un rôle de sélection des responsables appelés à gouverner.
Donc au sein de ce genre de parti politique, l’intérêt d’un groupuscule est forcément au-dessus de l’intérêt national.
La politique étant pour eux un métier, une source de revenus intarissable.
Tant pis pour le peuple.
Et la situation chaotique actuelle du pays teintée d’incertitude, de haine, d’injustice, d’égoïsme des acteurs étatiques, de la classe politique, de l’ethnisme politique entretenu et soutenu de part et d’autre, ne peut que perdurer.
Ces maux ne se sont pas pourtant introduits dans notre société à notre insu, on les a cherché délibérément.
Et c’est pourquoi après la sélection du 18.10.20, orchestrée par le faux opposant historique Alpha Condé, la seule réponse possible à cette défiguration de la démocratie était le coup d’État militaire du 05 septembre 2021, ce mal nécessaire.
Cependant, l’idylle obtenue entre la classe politique guinéenne et les putschistes ne pouvait être que de courte durée, car le mal du pays est très profond.
Depuis, on a comme l’impression qu’il est déjà trop tard pour allumer le flambeau, puisque les ténèbres, cette voie des méchants, entourent tel un froid, telle une bouée, telle une solitude; la Guinée.
Le plus ahurissant est le fait que les putschistes sont en train de fomenter, d’entretenir aussi l’idiotie du peuple afin de pouvoir continuer à garder leur hégémonie clanique.
C’est pourquoi, ils font preuve de cruauté, d’hypocrisie, de manipulation, de mensonge.
Ce chaos actuel, malgré l’esprit borné des putschistes guinéens, est tout simplement inexplicable et injustifié, même s’ils essaient de se revêtir d’un masque de démocratie.
On sent donc qu’il n’a jamais été question de rupture avec l’indifférence, l’injustice, la violence d’état.
Car tout est fait pour que le changement dans la continuité soit assuré. Les putschistes sont désormais convaincus que le mode opératoire du président Alpha Condé était la meilleure.
Tout comme Alpha Condé, les putschistes savent qu’en infligeant de petits coups bien dosés et répétés aux jeunes de l’axe, cette méthode fait plus de mal et détruit plus que la cruauté virulente et expéditrice.
Alors dans ce contexte tant que ceux qui gèrent L’État n’arrivent pas à le stabiliser à travers le respect de la hiérarchie des normes, L’égalité des citoyens devant la loi, la séparation des pouvoirs et l’indépendance des juges, aucun espoir n’est permis.
Et de tels dirigeants doivent être tenus obligés de faire une distinction fondamentale entre « l’état de droit », où la loi est un instrument du gouvernement et le gouvernement est considéré comme étant au-dessus de la loi, et « l’état de droit » qui implique que tous les membres de la société sont soumis à la loi, y compris le gouvernement.
La question cruciale qui s’impose à tout guinéen est de savoir pourquoi les acteurs étatiques guinéens ont depuis 1958 été dans l’incapacité de promouvoir l’état de droit, défendu par un appareil judiciaire indépendant, jouant un rôle crucial en assurant le respect des droits civils et politiques ainsi que l’égalité et la dignité de tous les citoyens d’une part et d’autre part d’édifier cet État exigeant qui permet aussi de protéger le fonctionnement efficace des divers organismes qui s’acquittent de leur responsabilité électorale, sociétale et horizontale contre les abus de pouvoir d’acteurs étatiques ?
Aïssatou Chérif Baldé