Guinée: Réajustement du gouvernement de transition ou le triomphe d’une médiocrité collective.

La page du désormais ancien Premier ministre Mohamed Beavogui est tournée. 

Les rumeurs et supputations qui faisaient état de la démission du désormais ancien Premier ministre Mohamed Beavogui se confirment avec la nomination d’un nouveau Premier ministre, chef du gouvernement de transition. 

Le tout nouveau Premier ministre est Bernard Gomou, précédemment ministre du commerce, de l’industrie des petites et moyennes entreprises.

Il a été d’abord nommé juste après le départ confus de Mohamed Beavogui, Premier ministre par intérim du gouvernement de transition guinéen. 

La nouvelle de sa nomination n’a pas surpris les observateurs et acteurs du secteur politique. 

Il s’agit avant tout d’un réajustement sans débauchage et ni grandes surprises des putschistes qui ne cherchent plus à inscrire leur volonté de changement dans une logique de continuité et de stabilité. 

Ils n’ont ni l’audace ni le courage  de se ressourcer du discours du 5 septembre 2021, car tout n’était qu’un faux-semblant. 

Au centre de ce jeu sinistre se trouve Mamady Doumbouya, ce prétendu libérateur, porteur d’espoir qui a trahi son discours du 5 septembre 21. 

Il impose maintenant des vérités dogmatiques, la pensée unique, la dictature dissimulée du prêt-à-penser aux guinéens et  encourage ainsi tous les médiocres, imposteurs de la République à porter le costume d’agents opportunistes d’une nouvelle caste de jouisseurs.  

Alors le réajustement de son gouvernement ce 20 août 22 demeure sans surprise le triomphe du camp de la médiocrité, du clanisme, de l’imposture, de l’inefficacité. 

C’est donc une déception pour ceux qui aspirent à voir ce pays qui a perdu son cap démocratique revenir vers une certaine normalité, un certain degré de «fonctionnement ». 

Pour l’heure aucune lueur d’espoir possible. 

Déjà chaque lueur d’espoir brouille les perceptions dans un pays où depuis plusieurs années des événements « au ralenti » se déroulent à une vitesse presque imperceptible pour le citoyen conscient: le passage d’une démocratie (imparfaite) et d’un État moyennement fonctionnel à un système autoritaire dans le contexte d’un État fragile. 

La junte a refusé donc un remaniement en profondeur qui privilégie la rupture, c’est-à-dire en refusant d’accepter dans le contexte actuel de fragilité institutionnelle du pays l’option la plus réaliste et moins violente, en continuant donc de  renoncer aux aspirations démocratiques et à la liberté pour trouver un socle commun pour construire une sortie viable à la crise actuelle. 

Et avec ce réajustement, les choses sont en effet très claires, car derrière ce remaniement partiel se dissimule mieux le déchaînement des luttes factionnelles, qui parasitent non seulement les institutions politiques mais aussi les administrations publiques, les syndicats, les organisations de la société civile, les entreprises du pays. 

C’est donc un problème de société amplifié par une médiocrité collective. 

Il n’est pas donc étonnant que la Guinée ait pu en une année  basculé d’un coup d’état militaire  soutenu par les guinéens vers un autre régime autoritaire sans onction populaire mais fort du soutien de la presque totalité de tous les pilleurs, imposteurs et profiteurs d’occasions qui ont d’importantes implications sur les stratégies nécessaires pour freiner la démocratisation, l’unité et inverser la tendance. 

Et ce coup d’état militaire devenu depuis un certain temps un tas de coups, ses auteurs vont sans doute s’activer à faire triompher, la fatalité au sein de la société guinéenne, pour ainsi faire triompher leur luxe et privilège sur le peuple de Guinée qu’ils ont rendu pauvre, inassouvis, arriéré, impuissant, malade.

Le pays est en effet tenu par des fanatiques aux allures despotiques prêts à faire le sacrifice de tous les guinéens pourvu qu’ils puissent garder le pouvoir. 

Et c’est seulement en tournant dos à ce clan factionnel qui tient ce pays d’une main de fer. 

C’est seulement en faisant preuve d’union, de bonté, de bon sens, d’humanisme et de solidarité, en obtenant des leaders patriotes qui ne surfent pas sur la carte ethniciste qu’il sera possible de triompher sur leur conspiration et manipulation. 

Cet homme ou femme politique doit donc être ce leader avec lequel la Guinée ne sera pas la risée des puissances impérialistes, et qui de par ses actes mérite son statut de leadership. 

Aissatou Chérif Baldé

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