Le sommet de la cedeao prévu ce samedi 21 mai à Accra où l’institution devrait statuer entre autres sur les différentes crises dans la sous-région ouest-africaine n’aura finalement pas lieu.
Pour le moment aucune autre date n’a été fixée par le gouvernement ghanéen qui assure actuellement la présidence de l’organisation sous-régionale.
La cedeao au cœur de la diplomatie d’influence d’Akufo-Addo depuis plus d’un an, et au centre des crises régionales n’a pas donné les raisons de ce report.
Pendant ce temps, c’est le président de la commission de la CEDEAO Jean-Claude Kassi Brou qui fait parler de lui.
Parlant de la Guinée, il a déclaré lors d’une interview qu’il a accordé à la chaîne de télévision africaine Africa24TV ce mardi 17 mai ceci: “Les meilleures transitions, c’est les transitions les plus courtes possibles. Une transition qui est issue d’un coup d’Etat militaire, ce n’est pas un mandat électif. Dans notre région vous avez des chefs d’Etats qui sont élus pour cinq ans, d’autres sont élus pour quatre ans. Un coup d’Etat militaire qui s’apparente à un mandat électif, ça pose un problème”.
Plus loin, il est allé jusqu’à exiger des autorités guinéennes la libération de toutes les personnes interpellées, en réclamant, « très rapidement», un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Si l’exigence pour un retour rapide à l’ordre peut être comprise et soutenue.
Celle portant sur la libération des anciens dignitaires, criminels financiers, responsables des tueries, de l’enterrement de l’alternance démocratique, et par conséquent du coup d’état militaire pose problème.
Elle prouve que cette institution est le syndicat de tous les cadres et présidents voyous aux attitudes despotiques.
Et il est quasiment inadmissible, voire inacceptable que M Kassi-Brou exige du gouvernement de la transition la libération des personnes écrouées pour détournement de deniers publics, de blanchiment d’argent et sans oublier les crimes de sang dont ces anciens dignitaires sont comptables dans ce pays.
Le plus ahurissant, est le fait qu’on l’avait pas vu hausser le ton pour empêcher le coup d’État constitutionnel en Guinée, l’exaction de plus de 400 personnes pendant le règne d’ Alpha Condé.
Car s’il avait joué son rôle conformément aux textes de loi de la cedeao, son institution aurait pu éviter à la Guinée ce coup d’état militaire aux allures de mandat.
Elle apparaît sans gêne sous le visage du médecin après la mort; elle réagit tardivement alors qu’elle aurait pu ( devrait) le faire en amont.
À travers cette sortie digne d’un cadre élitiste, ambivalent qui n’a de foi qu’en l’argent et attend, dans la jouissance, l’avis de l’extérieur, Kassi-Brou prouve qu’il n’est rien d’autre qu’un valet aux ordres.
Sous ce registre, on se rend compte que le RPG-arc-en-ciel constitue un véritable frein au développement de la Guinée. Et que les cadres de ce parti politique ont des ramifications dangereuses au sein de la cedeao. Ils travaillent ensemble contre le peuple de Guinée.
Et c’est ce qui explique que la Cédéao les a soutenu pendant ces dix années passées à la tête de l’État guinéen contre le peuple.
Maintenant qu’ils ont perdu le pouvoir, M Kassi – Brou compte aider les cadres du RPG-arc-en-ciel à renaître de leur cendre pour que les anciens dignitaires criminels financiers reviennent au pouvoir.
Par ailleurs M Kassi Brou prompt à mettre le Mali, la Guinée, le Burkina sur les bancs des accusés brille pourtant d’un silence assourdissant lorsqu’il s’agit de parler du coup d’état constitutionnel dans son pays la Côte d’Ivoire soldée de graves violences et des violations de droit de l’homme.
Mais comme l’opposition politique guinéenne a décidé de faire front commun avec le RPG-arc-en-ciel, le réveil risque d’être brutal pour elle.
Car un bras dessus-dessous avec le RPG-arc-en-ciel signifie pousser une grande majorité des guinéens dans les bras de la junte militaire.
Mieux, il faut réellement être atteint d’une déficience intellectuelle et morale pour soutenir la CEDEAO dans sa prise de position exigeant la libération de ceux qui sont à l’origine de la crise et l’instabilité politique actuelle.
On espère que la junte militaire guinéenne essayera de rectifier le tir pour éviter de tordre le coup à la transition politique en cours.
Pour enfin pouvoir renouveler la confiance avec le peuple afin d’éviter des aversions, des excès,des erreurs qui peuvent entraîner un mouvement de défiance.
Et pour y arriver, il suffit juste de comprendre qu’en sociologie politique, le pouvoir s’inscrit dans une relation sociale et constitue avant tout une potentialité, une capacité qui peut prendre des formes d’action diverses.
Il est donc nécessaire de se rappeler qu’en tant qu’hommes et femmes politiques qu’on est pas les seuls dépositaires du pouvoir à la suite d’une relation verticale et à sens unique, imposée au peuple.
Aïssatou Chérif Baldé