Notre combat:
Dire non à la personnalisation du pouvoir et des dépenses publiques.
Car depuis l’arrivée de la junte militaire guinéenne au pouvoir, le nouveau gouvernement de transition est vraiment enthousiaste de la démagogie et de l’extrême personnification du pouvoir.
Il semble y puiser d’ailleurs sa vitalité.. Et sa volonté manifeste de vouloir faire enraciner un pouvoir fondé sur la politique du ventre ne connaît aucune limite.
On a comme l’impression que ce concept dénommé “la Politique du ventre” développé par François Bayart définit très aisément la nature du pouvoir actuel.
Puisque dans le cadre de ce concept on exerce l’autorité avec un souci exclusif de la satisfaction matérielle d’une minorité.
Et on fait recours à des réseaux personnels pour assurer la centralisation politique et la gouvernementalité par le truchement de liens de parenté, de cooptation, d’alliance et d’amitié. Les différentes nominations du colonel Mamady Doumbouya en font foi. Tous ceux qui se trouvent dans ce réseau exercent une fonction prioritairement pour en retirer certains avantages personnels et non pour proposer un véritable programme économique, politique et/ou sociétal.
La politique devient un jeu de théâtre, une mise en scène.
Et partant de ce point de vue, on ne peut pas déduire que le Colonel Mamady Doumbouya se fonde sur l’ethnicité pour faire le choix des agents de l’État guinéen.
Il ne faut pas voir dans ces agissements de la simple volonté de recours à l’ethnisme politique: pour Mamady Doumbouya et son entourage, la lutte pour le pouvoir est d’abord une lutte pour les richesses, la politique du ventre, une lutte de faction, de clan, de cooptation qui parasitent toutes les institutions étatiques.
Et il leur faut donc continuer à travers ces réseaux de prébendes à alimenter ce système pour enfin avoir un accès direct aux ressources immenses de l’État guinéen.
Pour atteindre cet objectif Mamady Doumbouya à l’image de ces prédécesseurs use de la lutte d’influence, de la propagande, de la démagogie pour bâtir sa réputation et asseoir son prestige et son autorité aux dépens des autres.
C’est ce qui explique le fait que lorsqu’il dépense l’argent du contribuable guinéen, ou obtient un don de Bus d’un entrepreneur de la place pour mettre à la disposition des universités guinéennes. Il tente toujours de personnaliser ces dons ou ses décaissements d’argent.
Tel fut le cas des 100 milles dollars décaissés pour les étudiants guinéens de l’Ukraine coincés dans ce pays en conflit depuis des semaines.
On dirait que les fonds ayant servi à prendre des dispositions ou réaliser des infrastructures venaient des poches du président de la transition M Colonel Mamady Doumbouya.
Aucun de ses ministres ne s’affirme, il ne dit pas “j’ai décidé”. Il vient rapporter juste ce que le Président a décidé, même si c’est sa propre initiative.
Or ils gaspillent, le peuple paye!
La Guinée bat des records en termes de dépenses publiques. Les impôts, les recettes des mines qui financent ce réseau, atteignent des taux confiscatoires car l’argent public est trop souvent jeté par les fenêtres ou tout simplement englouti par la corruption.
Vu que L’État guinéen est caractérisé par une mauvaise utilisation et répartition des ressources sur fond d’un système néo-patrimonialiste.
Donc la personnalisation du pouvoir fondé sur la politique du ventre continuera de parasiter la société guinéenne.
Ce phénomène affecte certes l’exercice du pouvoir qui se traduit par une mise en vedette, une prééminence de l’actuel président de la transition.
Mais il reste aussi malheureusement utilisé par toute l’élite politique guinéenne.
Ils s’identifient tous au pouvoir, c’est comme si c’était un pouvoir privé.
La plupart des politiciens sont des entrepreneurs politiques et chefs de faction et de clan à la recherche du prestige.
L’État étant en Guinée la seule source de revenus intarissable, chacun veut y être pour accéder à la richesse matérielle synonyme de prestige, de vertu politique.
Car ces richesses permettent d’entretenir un réseau, capable de redistribuer (inégalement) les richesses à ceux d’en bas par l’intermédiaire de ce réseau.
Et cela fait de Mamady Doumbouya et de la plupart des politiciens des « big man » et chef de clan aux envies d’un pouvoir hégémonique.
Ainsi avec ce genre de pratiques, ils ne sont juste que des personnages influents et bien entourés, principalement grâce au recours systématique du clientélisme.
Mamady Doumbouya, en bon chef de clan, a besoin de ces pratiques. Elles lui permettent d’agir à rebours puisqu’il puise son pouvoir (y compris économique) dans sa capacité à contrôler et à utiliser les structures et les ressources publiques.
Pourtant, ce genre de politique reste caractérisé par une faiblesse organisationnelle et demeure surtout très centralisé et caractérisé par des pratiques personnalistes et informelles difficiles à saisir.
Et c’est ce qui explique d’ailleurs pourquoi la plupart de leurs actions sont souvent mal coordonnées et incohérentes.
Tant que Mamady Doumbouya est sous l’emprise de ces pratiques, il restera tout simplement un président d’un clan et réseau népotiste, donc du déjà vu, pour continuer d’embourber le pays dans le cul sac habituel.
Aïssatou Chérif Baldé.