Guinée: La division des partis politiques, une menace réelle à la transition politique.

Si la démocratie guinéenne manque aujourd’hui d’alchimie et d’évolution, c’est parce que sa classe politique refuse de s’entendre. 

En écoutant le discours des chefs de partis politiques face à Mamady Doumbouya hier 15 01.22 au palais Mohamed V, on se rend compte que l’union n’y est pas. 

Ils sont partis en rang dispersé, la suspicion et la méfiance planent plus que jamais sur eux. 

Une aubaine pour le nouvel homme fort de Conakry, le Colonel psdt Mamady Doumbouya. 

Et c’est ce qui explique le fait qu’il tarde à installer le conseil national de la transition et ne situe pas les guinéens sur la durée de la transition politique.

Cette désunion de la classe politique guinéenne l’arrange et réconforte sa posture actuelle. 

Pourtant  la division des formations politiques compromet le pluralisme politique et le débat contradictoire. De surcroît, cette division est susceptible de compromettre dangereusement la transition politique en cours. 

Elle doit alors, face à la junte militaire guinéenne, être soudée pour redorer son blason et renouer confiance avec le peuple.

Car il faut vraiment être assez irresponsable pour croire que l’on peut faire de la politique sans rassemblement, ni compromis. 

Mais apparemment les politiciens guinéens ne sont pas las de l’émiettement, des oppositions factices. Ils n’ont pas appris des erreurs du passé. 

Et pourtant c’est ce qui fait croire à bon nombre de personnes que ce sont leurs ambitions personnelles qui l’emportent sur le souci d’édifier un État stable, démocratique, progressiste, juste et les fait éviter donc de répondre aux besoins de la population. Elle s’engouffre dans les mêmes jeux de ping-pong politiques depuis 2010. 

Les forces politiques guinéennes ne mesurent pas la lassitude des citoyens guinéens face à leur spectacle politique dont l’agitation très superficielle les a toujours éloigné des préoccupations quotidiennes de la population guinéenne.

Or pour sauver la transition politique actuelle, il faut impérativement avoir des hommes et femmes politiques forts et engagés avec conviction et principes qui vont mettre l’intérêt du peuple de Guinée au dessus de l’intérêt privé et clanique. 

On ne peut pas se passer d’une classe politique quelque soit la dégradation économique et sociale du pays et quelque soit le témoignage négatif qu’ont laissé certains responsables politiques. 

Mais ils doivent comprendre que « Faire de la politique c’est faire le choix de servir son pays et non se servir de son pays pour des raisons égotiques et égoïstes. C’est un engagement dans un esprit de responsabilité. Un pays ne peut pas se passer de la classe politique. Ce n’est pas une question d’hommes, d’époque ou d’appartenance régionale, ethnique ou socio culturelle, mais un principe habité dans un état d’esprit de service et de responsabilité ». 

L’état guinéen doit commencer par sévir contre la naissance des partis politiques inutiles qui a laissé pendant longtemps une porte ouverte à toutes celles et ceux, parfois au profit d’intérêts personnels, à pouvoir créer un parti politique sans réel projet de société et dont parfois la durée de vie se mesure à l’aune d’un simple moment électoral. 

Les partis politiques étant le piliers de toute démocratie, ils doivent être l’expression de la diversité des idées qui traversent et construisent la société et non le contraire. 

Sinon la crise de représentation que connaît la Guinée perdurera et la guerre de leadership aussi. 

Et de là naîtra une autre mutation plus significative que celle qu’on vient de connaître et poussera irréversiblement au renouvellement du personnel de la classe politique guinéenne. 

La norme actuelle sera bouleversée. Les dérogations deviendront en ce moment la règle. La procédure d’exception se substituera à la Constitution comme forme d’organisation du politique et pour plus longtemps.

N’est-ce pas c’est dans une telle situation que se trouve le pays actuellement, à la différence que la mutation n’a pas encore touché les partis politiques? 

J’avais pourtant alerté mais en vain ! 

Aïssatou Chérif Baldé 

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