En Guinée, aussi sous le règne de Mamady Doumbouya, les imposteurs ont la vie dure: ils peuvent faire illusion et bluffer en toute impunité.

Alpha Condé est déchu, mais ils sont plus que jamais déterminés à être au centre de la gestion des affaires de l’État. 

Avec le Colonel Mamady Doumbouya, c’est désormais chose faite. 

Si hier ils adoraient où non Alpha Condé, ils étaient avec Cellou Dalein Diallo ou pas. 

Aujourd’hui pour avoir aussi une part du gâteau et être sous les bons offices de Doumbouya avec sa transition à durée inconnue, ils sont même prêts à dénigrer, invectiver leur mentor d’hier. 

D’autres comme Sékouba Konaté parlent déjà d’une transition politique de 5ans. 

Sacré ancien président d’une transition biaisée ! 

Et le premier ministre Mohamed Beavogui semble s’accommoder au rythme du jeune président guinéen. C’est pourquoi il nous dévoile une feuille de route sans nous parler de la durée de la transition ou encore de la mise en place du CNT. 

Pendant ce temps, le jeune putschiste est serein. Car il a le soutien de la France et de son organisation néocolonialiste 

 « La Francophonie ». 

Et c’est pourquoi la presse française si prompt à critiquer Alpha Condé dans un passé récent ou encore Assimi Goita est avare en matière d’information sur le jeune putschiste guinéen. 

Rien d’étonnant ! 

C’est la Guinée qui gagne avec un développement à reculons. 

Si avec le vieux Alpha Condé, ce n’était pas un jeu facile pour la France d’avoir une mainmise sur la Guinée. Ceci est désormais avec le  jeune président aux ambitions démesurées qui désire emprunter les pas de Faure Eyadema du Togo un jeu facile pour la France. 

Tenez vous bien. Mamady Doumbouya n’est pas Assimi Goita. La Guinée n’est pas le Mali non plus. 

On se retrouve dans cette situation de cul de sac grâce à la prolifération de la transhumance politique sous l’ère d’Alpha Condé. Et cela a affaibli carrément l’opposition qui face à Mamady Doumbouya ne sait plus à quel saint se vouer. 

L’administration publique, la société civile guinéenne, les partis politiques, l’armée sont devenus le nid des transhumants imposteurs politiques, des concepteurs de la violence d’état, de l’ethnicité, des traîtres du président déchu Alpha Condé. 

Ils ont souvent des visages doux et prétendent être quelque chose qu’ils ne sont pas. 

Or au fond, de défauts d’esprit se couvrent de leur grâce et de beaux semblants cachent des âmes basses. 

Ils contrôlent le pays et se contrôlent. La machine de l’intrigue, la manipulation en marche. 

Voyez-vous Mamady Doumbouya a emprisonné ses hommes sûrs tels que le jeune militaire Alya Camara et il a même dissout son unité spéciale. Et cette décision n’est pas fortuite. 

Lorsqu’on observe ses nominations à la loupe, on voit que le caractère népotiste, clanique, fantaisiste, clientéliste  n’est plus un secret, c’est plutôt flagrant. 

On renvoie les fonctionnaires comme des mouches et on revient faire avaler au peuple qu’il s’agit d’un assainissement de l’administration publique.

Sauf que pendant ce temps, ceux qui sont renvoyés ne sont pas encore remplacés. Et cela met le fonctionnement de la fonction publique en péril. L’actuel premier ministre en a déjà fait cas. 

Peut-on vraiment essayer d’imposer une politique d’austérité aux guinéens, sans pouvoir leur dire les vraies raisons ? 

Ce licenciement massif a tout l’air d’une injonction de la Banque mondiale et du FMI que M Alpha Condé n’a pas peut-être voulu faire appliquer. 

N’est-ce pas c’est grâce à ce genre d’austérité économique imposée aux pays africains aux débuts des années 90 à travers le fameux programme d’ajustement structurel, devenu insupportable pour les africains que le vent de la démocratie commença à souffler sur le continent ? 

Alors il y a de quoi à aller doucement dans ce dossier M Doumbouya. 

Car la politique d’austérité étant un ensemble de mesures devant être mises en place par l’Etat devrait dans le cas guinéen passer d’abord par des impôts  élevés et moins de dépenses de l’État. 

Si vous voulez pendant cette période de transition politique résorber les déficits publics ou diminuer l’endettement du pays, votre politique d’austérité devra chercher à réduire les coûts et les dépenses publiques.

Le gouvernement du premier ministre doit dans ce cas être composé majoritairement que de technocrates à la place d’une composition sur fond d’un jeu d’équilibrisme. 

S’agissant par exemple de la lutte contre l’inflation, la politique d’austérité doit essayer de faire baisser les prix par la diminution de la consommation en s’appuyant sur divers leviers :

la restriction du crédit,

la modération salariale,

l’augmentation de la pression fiscale… 

Mais jamais procéder au renvoi massif des fonctionnaires de l’État de cette façon . Car gouverner c’est prévenir. 

Ce pays est vraiment de par la faute de ses imposteurs devenu carrément le comble de l’absurdité. 

Sacré pays vraiment où l’ordre des choses est inversé.

Un ministre d’éducation qui brûle les téléphones des élèves, mais pendant ce temps le diagnostic de son département est inconnu, les écoles de Koubia ferment par manque d’enseignants. 

Mais qu’est ce qui est normal dans un pays où un membre de la société civile en l’occurrence M Dansa Kourouma en campagne actuellement à l’intérieur du pays au compte du colonel Doumbouya, prétend  protéger une transition politique qui vient à peine de commencer, pourtant soutien du régime déchu et candidat à la présidence du futur CNT ? 

Qu’est ce qui est normal dans un pays où un président putschiste réconcilie des anciens présidents témoins de l’une des phases les plus dramatiques de notre histoire sans enclencher la voie de la justice pour les victimes?

Un pays où un premier ministre d’un gouvernement de transition dévoile sa feuille de route sans parler de la durée de la transition, de la mise en place du Conseil National de la transition, comme s’il était le premier ministre d’un gouvernement élu et légitime ? 

Qu’est ce qui est encore étonnant dans un pays où on pense que l’âge, c’est-à-dire les politiciens âgés de plus de 60 ans sont la source des problèmes guinéens, alors qu’au fond la jeune génération est plus vorace, corrompue, corruptible, sans valeur morale et principe ? 

Pour ces imposteurs dépourvus de courant idéologique, seuls l’intérêt personnel immédiat compte (au nom des électeurs ou du peuple bien sûr).

On tourne la veste du côté du pouvoir pour aller à la mangeoire, puis on la retourne dès que l’on est plus en bon terme avec le parti au pouvoir. 

Voilà ce qui explique que le gouvernement de transition à durée inconnue n’est composé presque que des protégés des partis politiques, des factions claniques, ethnicistes, des frustrés des partis politiques de l’opposition, des protégés des groupes mafieux. 

Malheureusement cette façon de faire de la politique en Guinée est très appréciée par les petits et les grands gourmands nomades politiques, et ça s’appelle de la transhumance politique ou encore le nomadisme politique. 

Il faut éviter surtout de le confondre au prince de libre choix en démocratie. 

Et l’actuel président pressé d’ évoluer dans ces eaux troubles, ces marécages politiques guinéens fait tout pour avoir la maîtrise des données topographiques de ces bas-fonds pas comme les autres. Le caractère clientéliste, népotiste, clanique de certaines de ses nominations en font foi. 

La transhumance politique est pourtant répréhensible et pose à la fois des problèmes d’ordre moral, éthique et juridique. 

Elle révèle des limites et entrave sans relâche l’enracinement démocratique. 

Cet instrument politique fragilise  les équilibres et les contrepoids nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie. Il cultive et entretient l’immoralisme. 

Mais vu que l’exercice du pouvoir et les considérations économiques personnelles pour le contrôle des ressources de l’État, sont en effet chez nombre de ces personnes, l’un des principaux enjeux de l’engagement politique, la gestion de l’État ne sera qu’une affaire de transhumants politiques et d’imposteurs. 

En attendant le réveil !

Ces imposteurs auront pour le moment le dernier mot et la transition risque de durer longtemps. 

Le discours du président Doumbouya sur une prétendue volonté de lutter contre l’injustice, la corruption et le détournement des biens risque d’être juste de l’enfumage. Car il se trouve encore beaucoup de cadres corrompus, ethnicistes, dans son cercle restreint. 

Va-t-il scier la branche sur laquelle il est assis. Pas du tout !

“Je préfère un futur imprévisible à un futur imposteur”. 

Aissatou Cherif Balde. 

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