Après la publication de la charte de transition qui, il faut le reconnaître est bien écrite et si elle est appliquée, elle fera de la Guinée un eldorado démocratique.
Mais on peut s’interroger à haute voix sur plusieurs aspects de cette transition notamment: le droit à la santé,le droit à un environnement sain et durable,l’éducation , la formation, l’enseignement supérieur, et surtout le Black out total sur les ressources énergétiques et autres.
Or le développement et la prise en compte de ces secteurs est d’une impérieuse nécessité, si l’on veut faire de la Guinée un pays prospère et un moteur de développement économique.
Concernant le domaine de la santé, il faut à cet égard faire des points suivants une priorité:
*affecter à cet égard aux secteurs préventifs et curatifs de la santé publique une part du budget national au moins égale au taux recommandé par l’OMS, soit 15% ;
* renforcer l’offre des services et prestations de santé prénatale en vue de favoriser notamment le relèvement des indicateurs d’espérance de vie à la naissance ;
*accroître la couverture sanitaire du territoire national ;
*renforcer la formation ainsi que le recrutement de personnel médical et paramédical adéquat en nombre comme en qualité.
*garantir de façon transparente la gratuité des soins pour les personnes les plus vulnérables (femmes, enfants, sujets âgés et handicapés) tout en veillant constamment à préserver l’équilibre financier du système et à pérenniser ses acquis ;
Pour ce qui est du domaine de l’éducation nationale il faudra faire des secteurs suivants une priorité:
*adapter les cursus d’éducation et de formation ainsi le contenu des programmes aux besoins réels du pays et garantir aux langues le statut officiel de langues de travail dans la constitution ;
*promouvoir la scolarisation des enfants et jeunes des milieux défavorisés par des mécanismes d’entraide et de solidarité (allocations, bourses, etc.) ;
*éradiquer l’exploitation et la maltraitance des enfants (travaux pénibles, mendicité) préjudiciables à leur santé, leur éducation ;
*promouvoir la scolarisation des filles et la formation des femmes pour combattre toute forme de discrimination ou de stigmatisation en leur égard ;
Par ailleurs, il s’agira d’améliorer l’employabilité des jeunes par le relèvement, dans les niveaux secondaire et supérieur, de la proportion des élèves dans les filières scientifiques et technologiques, de promouvoir l’émergence de l’économie du savoir et de développer des écoles de formations spécialisées ainsi que des centres de formation professionnelle modernes.
Le secteur de l’énergie sans lequel aucun développement n’est possible doit être la priorité des priorités.
En dépit des milliards de francs investis dans ce domaine par le gouvernement déchu, la situation actuelle de la production de l’énergie en Guinée est plus que désastreuse malgré des potentialités avérées et reconnues.
Mettre en priorité le rattrapage du déficit énergétique en vue d’augmenter les capacités de production de notre économie à travers:
*l’accroissement de la production d’électricité en s’appuyant en priorité sur la valorisation du potentiel hydroélectrique ;
*la valorisation des énergies alternatives telles que les biomasses ;
*l’extension et la modernisation des installations et équipements de transport et de distribution.
L’autre aspect important qui ne doit en aucun cas être négligé aujourd’hui en Guinée est la protection de l’environnement.
Car en Guinée, l’exploitation minière sauvage dans les régions minières détruisent aujourd’hui carrément l’environnement.
Dans la région de Boké, où sont présentes les multinationales telles que CDM chine, GAC , UMS ou encore la société allemande Aluminiumoxid, l’environnement et notamment l’anacardier, principale richesse de la région est détruit, au grand dam des populations locales.
Les marigots sont souillés, les villages et autres localités urbaines ne sont pas en reste.
On oblige aujourd’hui même les villageois à quitter par la force les terres de leurs ancêtres pour faire place à des sociétés minières qui détruisent carrément l’environnement et obligent les villageois désormais sans source de revenus à immigrer pour finir dans les tréfonds de la Méditerranée.
Une tonne de cajou coûte dix fois plus cher qu’une tonne de bauxite. Mais l’État guinéen refuse d’y investir et préfère détruire ces plantations de cajou pour le bonheur des sociétés minières en premier lieu la CBG (compagnie de bauxite de Guinée).
Or, l’environnement à Boké est pollué. Même les animaux ne trouvent plus où s’abreuver.
Alors on ne peut pas ne pas faire mention d’un tel sujet d’une grande envergure nationale voire mondiale dans une charte de transition.
Il est temps que l’on mette un terme à l’exploitation sauvage des mines en Guinée pour imposer la transformation de ces ressources en Guinée avant toute exportation.
On ne doit plus tolérer que des sociétés minières avec la complicité de l’État et de ses barons du régime déchu actionnaires dans ces sociétés continuent de détruire l’environnement sans rendre des comptes.
Ces secteurs font partie des défis à relever dans ce pays et des préoccupations majeurs qui n’ont pas encore trouvé de réponses satisfaisantes aux yeux de nos compatriotes.
Si la transition n’a pas fait mention de ces sujets d’une grande envergure nationale, espérons que le Colonel Doumbouya y fera peut-être mention dans son discours de demain à l’occasion de sa prestation de serment.
Après, il reviendra à chaque guinéen de faire entendre sa voix à propos des réglementations futures et veiller en plus à leur effectivité.
Par ailleurs,eu égard à l’étendue des perspectives, la junte ne peut pas partir au moins d’ici 2 ans,le temps minimum pour avoir les textes les plus essentiels et la mise en place par la suite des nouvelles institutions post-transition.
Aïssatou Chérif Baldé