Junte militaire guinéenne: Un chantier gigantesque vous interpelle et en premier lieu le processus électoral.

Les élections, cette autre pierre angulaire de la démocratie ne doit plus être une source de violence et d’instabilité.

Les élections qui sont en temps réel la pierre angulaire de la démocratie, puisque c’est à travers elles que le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple se manifeste aisément, sont malheureusement depuis l’avènement du multipartisme en Guinée au début des années 90 source de conflit.

Élection source de conflit

Les élections entraînent depuis des affrontements meurtriers avec un spectacle très triste mettant à mal l’évolution démocratique en Guinée. 

Pendant le régime despotique de M Alpha Condé, la tenue des élections est devenue plus que jamais synonyme de conflit, d’affrontement meurtrier.

C’est -à -dire un fait cauchemardesque pour les populations guinéennes et surtout celles qui militent pour l’opposition politique. 

Un fait qui donne l’impression que les peuples de Guinée désabusés par cette expérience des dix dernières années commencent à regretter l’époque du monopartisme, du parti-État, où de tels conflits ne pouvaient pas paraître puisque le vainqueur des élections était connu d’avance et qu’il n’y avait qu’un seul parti qui participait aux élections. 

Le passage de l’opposant historique M Alpha Condé à la tête de l’État a renforcé cette impression. On avait pourtant cru qu’avec son arrivée au pouvoir, la Guinée allait rompre avec ces pratiques incompatibles à la démocratie 

Sauf que la réalité était tout autre. Les élections sous le régime d’Alpha Condé ont continué de plonger la Guinée  dans une situation conflictuelle, une crise électorale récurrente.

Pourtant les élections étant cet instrument à travers lequel le peuple doit librement exprimer son choix ne doit pas être perçu comme source de conflit ou utilisé comme tel, puisqu’elles doivent être très fréquentes dans un processus démocratique. 

Mieux, les acteurs politiques guinéens en premier lieu M Alpha Condé ont usé de tous les moyens pour faire du processus électoral, une source de division, de haine, d’affrontements meurtriers. 

L’attaque du cortège de l’opposant guinéen Cellou Dalein Diallo à la rentrée de la ville de Kankan lors de la sélection du 18.10.20 est illustrative de cet état de fait. 

Ces attaques furent tellement violentes que l’on se demandait pourquoi les élections qui sont censées favoriser un cadre nouveau, sont sources de violences et de haines? 

Mieux, pourquoi les élections au lieu de stabiliser, déstabilisent 

le plus souvent en Guinée ? 

Les causes de ce conflit

Au fait les causes de cette situation crisogène liée à l’organisation des élections en Guinée sont surtout très diverses et variées. 

Et elle n’est pas une particularité guinéenne. Car dans beaucoup de pays africains, ces crises liées aux élections sont une sorte de violence politique, qui est une forme de conflits anarchiques et destructives, destinés à atteindre

un but politique, comme paramètre de la stratégie. Et ce genre de violence politique vise le contrôle du pouvoir politique en passant par la force. 

L’élection présidentielle de 2010 en Guinée ou encore celle de 2011 en Côte d’Ivoire constitue un exemple très illustratif de ce genre de violence. Alpha Condé tout comme Alhassane Ouattara sont les parrains de ce genre de violence. 

Les facteurs endogènes déterminants

Une telle violence politique voulue et entretenue par les acteurs politiques est favorisée par le manque de culture politique, culture citoyenne des guinéens, par  l’appétit du pouvoir chez les leaders politiques et les tenants du pouvoir, et surtout par la lutte du contrôle des structures en charge d’organisation des élections telles que la CENI en Guinée

Manque de culture politique

Sur ce, l’accent doit être surtout mis sur le manque de culture 

politique, démocratique des militants qui demeure l’une des causes principales de ces crises électorales émaillées d’affrontements souvent meurtriers. 

Or, un tel manque de culture politique constitue un véritable frein à l’enracinement du pluralisme en Guinée qui se traduit par le manque d’éducation démocratique de la population guinéenne.  

Méconnaissance des règles démocratiques ! 

La population guinéenne a en effet une méconnaissance des règles démocratiques telles que:la liberté de presse et de l’information, l’existence de l’alternance véritable du pouvoir, le respect de la constitution, l’existence de plusieurs partis politiques aux idéologies différentes qui luttent sainement pour la conquête du pouvoir, la séparation réelle des pouvoirs , le respect de la dignité humaine, la liberté de travail etc…

Plus inquiétant encore est le fait que cette méconnaissance des règles de la démocratie soit observée même chez les intellectuels notamment les leaders politiques. 

Une classe politique égoïste ! 

La classe politique guinéenne reste encore aujourd’hui caractérisée par une déficience morale et intellectuelle et une très mauvaise appréciation du jeu démocratique. Son appréciation est souvent liée à la satisfaction de leurs intérêts égoïstes. 

Étant d’ailleurs toujours de mauvaise foi, ils nagent dans le dilatoire,oubliant qu’ils sont d’abord des formateurs et des exemples. 

Ils oublient souvent qu’ils sont en face d’une population à presque 80% analphabète mais préfèrent privilégier leurs ambitions et droits par rapport à leurs devoirs.

Des manquements qui compliquent donc l’émergence d’une société démocratique en Guinée. 

L’appétit du pouvoir ! 

L’autre facteur encourageant cette violence électorale est lié à l’appétit du pouvoir guinéen. 

La plupart des Hommes politiques guinéens à l’image de M. Alpha Condé ont des comportements despotiques et autoritaires. Le pouvoir rien que le pouvoir sans conviction aucune, sans un idéal ou principe semble être le leitmotiv du politicien guinéen. 

Tellement ils sont obnubilés par le pouvoir d’État, ils oublient tout autour d’eux et perdent le sens même de leur humanisme.

L’État étant dans ce contexte, la seule source de revenus intarissable et le seul moyen d’enrichissement rapide, chacun se transforme donc en politicien et pense avoir la capacité de la gestion des services publics. 

Ils savent qu’une fois avoir occupé un poste ministériel, de DAF, de DG comme l’actuel directeur de la banque centrale M Nabe, celui de la caisse nationale de la sécurité Malick Sankon, le président de la HAC Boubacar Yacine Diallo etc… ou une fois devenu Président de la République , ils seront libres de dilapider les ressources de l’État sans être inquiétés. 

Et ils sont convaincus qu’en Guinée lorsqu’on est président de la République ou ministre, directeur général outre le budget officiel qui permet le fonctionnement du pays, on  dispose facilement d’un budget spécial qui échappe à tout contrôle fiscal. 

Ces voleurs disposent donc d’une caisse noire qui leur permet d’acheter une clientèle politique. 

Ensuite, ils savent qu’être au pouvoir est un moyen de placer dans l’administration publique tous ses proches. Encourageant ainsi le népotisme, le clientélisme. 

L’ex président déchu Alpha Condé et son ex premier des ministres Kassory Fofana sont l’incarnation de ces pratiques nocives. 

Pour ce genre de personne, le pouvoir devient cet instrument qui confère honneur et prestige à son détenteur. 

Et c’est pourquoi chaque  leader se bat pour être la clé de voûte de leur société et de leur clan et ne bat jamais pour être un chef d’État. 

Dans ce contexte, les élections deviennent forcément un champ d’affrontement.

Le contrôle de la CENI ! 

Le troisième autre facteur qui est à la base de ces crises électorales à répétition en Guinée est lié au contrôle des structures ayant en charge les élections telle que la CENI, qui demeure tant au niveau des opposants que du pouvoir un aspect de leur programme de gouvernement. 

En effet, le contrôle de ces structures focalise leur attention, créant ainsi la suspicion et la méfiance entre eux. 

Et dans cette  bataille fausse ou vraie que livre l’opposition, la mouvance, chaque partie voulant vaille que vaille avoir une mainmise sur le dispositif électoral, la tension devient extrême et insoutenable pendant les périodes électorales.

Ainsi dans ce bras de fer, on aboutit le plus souvent à une absence de dialogue inclusif et constructif, chaque partie campant sur ses positions. 

S’appuyant alors sur les forces régaliennes, le pouvoir impose ses points de vue en s’accaparant de tout le déroulement du processus électoral.  

Les facteurs exogènes ! 

Il existe outre ces facteurs internes cités ci-dessus, d’autres qui sont exogènes. 

La fausse communauté internationale

Il s’agit ici du rôle joué par la communauté internationale telle que l’union européenne, l’ONU, la CÉDÉAO, L’union africaine et la Francophonie pendant ce processus électoral en Afrique. 

Elle manque le plus souvent de tact et de transparence dans la gestion de telle crise et n’intervient que pour défendre ses intérêts ou l’intérêt de leurs amis dictateurs. Le choix du peuple ne compte pas. Ils préfèrent donc avoir des présidents rôtisseurs, des vassaux protecteurs de leurs intérêts que d’avoir des présidents audibles aux principes démocratiques, patriotes, serviteurs du peuple. 

La presse internationale ! 

Et il ne faut surtout pas négliger le rôle de la presse internationale qui, ayant des objectifs inavoués, tentent souvent de travestir les informations selon une vision dictée par leur gouvernement et enveniment ainsi la tension davantage. 

Mais nonobstant cet état de fait, les facteurs  endogènes cités ci-dessus sont plus déterminants dans la naissance d’une telle crise. 

Ce qu’il faut pour éviter ces crises électorales ! 

Face aux insuffisances des systèmes électoraux en Guinée avec pour conséquence une crise électorale sans fin, la subvention par l’État des Organisations de la Société Civile, l’engagement des jeunes à assumer plus de responsabilité, la formation de la population par le pouvoir, la société civile et les partis politiques en vue de promouvoir l’émergence d’une culture politique, d’une culture citoyenne sont d’une impérieuse nécessité. 

L’État guinéen, les leaders politiques surtout les jeunes leaders doivent s’engager à œuvrer pour des élections inclusives, apaisées et participatives en Guinée, pour pousser les autorités guinéennes à institutionnaliser le dialogue politique, dans le respect des règles du jeu démocratique, pour éviter qu’à chaque fois qu’un conflit électoral se pose, qu’il ne soit remplacé par un accord. 

Il faudra aussi nécessairement encourager à cet effet, l’alternance au sein des partis politiques, pour empêcher la pérennisation des présidents de partis politiques à l’image de M Alpha Condé. Car en Guinée une fois président de parti politique, toujours président. 

Et l’État guinéen, surtout pendant cette période exceptionnelle, doit surtout travailler sur la  formation et la compréhension du fonctionnement des systèmes électoraux des leaders politiques, et des citoyens guinéens en général, car ils en manquent profondément.

Enfin, pendant cette phase transitoire, les autorités guinéennes, doivent mettre en place un mécanisme juridique de lutte contre la fraude électorale, notamment par l’élaboration de codes électoraux consensuels, tout en renforçant l’indépendance de la CENI. 

À défaut les élections continueront à empêcher l’enracinement de la démocratie en Guinée et resteront source de conflit, de diversion et de division en Guinée. 

#Aissatou Chérif Baldé

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