Guinée: Le souverainiste Alpha Condé se plie aux desideratas des institutions de Bretton Woods.

Plongé dans une conjoncture des plus difficiles avec notamment une dette abyssale, le gouvernement guinéen n’a pas assez de marge de manœuvre.

Les caisses de l’État sont notamment vides et très d’ailleurs.

Et cette situation est due entre autres à la mauvaise gouvernance, au manque d’absorption des crédits empruntés par une administration publique incompétente et népotiste, à la crise sanitaire mondiale actuelle liée au covid-19, à l’apparition du virus Ebola dans le pays après celle de 2014 mais aussi et surtout à l’utilisation abusive des fonds publics pour l’organisation du coup d’état constitutionnel du 22.03.20 et les élections présidentielles anticonstitutionnelles du 18.10.2020.

Le gouvernement de M Kassory Fofana secoué alors par toute cette situation se voit aujourd’hui dans l’obligation de céder aux diktats des institutions de Bretton Woods puisque incapable d’entreprendre des réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance pour traduire en action la rupture avec les politiques et pratiques du passé proclamées pourtant par son gouvernement.

Plus le temps passe, plus l’on se rend compte que le slogan du président Alpha Condé “gouverner autrement” n’est que chimère et non pas la moindre.

Car il est plus que clair que l’on ne peut pas réformer un pays avec un gouvernement composé de voleurs, dilapideurs, de corrompus et corrupteurs sans aucune moralité et patriotisme.

M Alpha Condé n’étant pas prêt à réformer la Guinée avec les hommes et femmes guinéens qu’il faut.

Il se voit obligé de faire allégeance à ses créanciers pour combler le trou budgétaire devenu trop béant en revoyant le prix du carburant à la hausse pour faire saigner la population guinéenne à nouveau.

Comme pour dire au peuple de Guinée, vous avez tous mérité la facture salée de ma mauvaise gouvernance.

La sortie de son ministre des hydrocarbures Zakaria Koulibaly arguant des arguments infondés digne d’un État communiste prouve à quel point le mal de ce pays est profond. 

Et pourtant tout économiste averti sait pertinemment que cette mesure économique est inopportune et aura sans doute des effets sociaux- économiques négatifs sur la vie de la population guinéenne. 

Mais elle aura aussi surtout des conséquences négatives sur la croissance économique guinéenne, dont se vante pourtant le régime de Conakry. Une croissance qui n’est d’ailleurs qu’à sens unique et non inclusive.

Mieux, le gouvernement guinéen pouvait pourtant se passer d’une telle mesure économique soutenue par le FMI et la Banque mondiale, ces deux institutions financières qui ont créé les politiques d’ajustement structurel vers les années 80 avec des conséquences dévastatrices sur les économies africaines, s’il misait par exemple comme le Ghana sur la bonne gouvernance. 

Car ceux dont la Guinée a besoin dans la situation actuelle, c’est n’est donc pas l’augmentation du prix du carburant, mais plutôt des engagements pour un programme de réformes qui visent non seulement la situation économique mais qui s’étende aussi sur le mode de gouvernance de l’État. 

Ce qui signifie qu’il faut commencer par rendre l’organe guinéen de lutte contre la corruption indépendant avec beaucoup de pouvoirs d’investigation et renforcer le contrôle des grands projets d’infrastructures et des entreprises publiques, notamment celles du secteur minier.

Plus loin, il faut rendre pleinement compte à la population sur la gestion des ressources naturelles et des grands travaux en cours de réalisation afin que celle-ci comprenne où va l’argent des ressources extraites de son sous-sol.

Car sans la participation forte du peuple et de la société civile, sans la transparence, les réformes entreprises n’auront pas les effets escomptés. 

Sur ce, il faut vraiment être un gouvernement sans ambition ne voulant pas se libérer du syndrome de mendicité pour imposer de telles mesures économiques insensées à une population à bout de souffle.

En effet, l’équilibre social est d’une impérieuse nécessité dans la situation actuelle du pays puisqu’il permet d’améliorer la situation de la population guinéenne .

Or une telle mesure économique peut remettre tout ceci en cause. 

À cette allure, votre programme de “gouverner autrement” risque d’amplifier vos problèmes et les revendications sociales puisqu’il ne vise que la promotion de la médiocrité, la corruption, le népotisme, la  dilapidation des ressources naturelles; en refusant de promouvoir une croissance soutenue et inclusive notamment en rétablissant la viabilité budgétaire et en améliorant la gouvernance. 

Vous êtes certes acculé par la situation financière catastrophique du pays.

Mais, cette augmentation du prix du carburant n’est pas pourtant la solution.

Tout président responsable prendra des mesures et réformes capables d’atténuer l’impact de la conjoncture actuelle sur les conditions de vie de la population.

Mais comme d’habitude vous avez fait le choix des mesures d’austérité qui risquent de porter un coup dur au pouvoir d’achat des guinéens, déjà très faible.

Une chose reste claire, si la bonne gouvernance et la bonne volonté étaient les critères de gestion de la chose publique, ce pays n’aura point besoin d’une assistance financière extérieure pour sortir de l’auberge et mener les réformes structurelles nécessaires pour transformer l’économie du pays à travers de nouveaux leviers de croissance autres que la bauxite devenue comme une malédiction pour le peuple de Guinée.

Pour le reste, M le Psdt Alpha Condé, si vous pensez rendre la facture salée pour le peuple de Guinée, cette mesure peut s’avérer être l’épée de Damoclès pour vous. 

Aissatou Cherif Balde

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