Le peuple de Guinée ressemble malheureusement à un peuple amnésique qui a un faible pour les bourreaux et leurs progénitures.
Curieusement, nous souffrons, sociétalement je crois, de troubles qui ressemblent étrangement à des symptômes dits symptômes de type Alzheimer…
Nous souffrons, c’est du moins une lecture que l’on peut faire du fonctionnement sociétal de la Guinée, de troubles de la mémoire collective.
Et nous oublions alors les enseignements d’un passé récent. Comme si nous n’avons rien appris des crimes de l’Etat guinéen de 1958 jusqu’à nos jours.
Nous continuons de vénérer, dans une indifférence et déni total, tous ceux qui sont faux, imposteurs, usurpateurs, transhumants politiques, les menteurs pervers narcissiques.
Et nous n’avons malheureusement que du mépris pour les victimes d’injustice, les martyrs, les pauvres, les faibles, les personnes justes et intègres et sans oublier les prisonniers politiques en Guinée.
L’une des spécificité de notre société guinéenne reste donc l’oubli des martyrs tombés sous les cribles des balles et l’oubli des prisonniers politiques.
On pourra dire, peut-être, que cet oubli des événements horribles de l’histoire récente tels que ceux du 28 septembre 2009 et tant d’autres dans ce pays a plus à voir avec le déni qu’avec l’amnésie.
Une spécificité pourtant aux effets pervers sur la société guinéenne. Car elle pousse à ce que l’attitude des parents bourreaux soit reprise comme une dette par leurs enfants.
L’actualité guinéenne nous montre que cette attitude dans la chaîne générationnelle ne semble pas s’arrêter dans ce pays.
Et c’est pourquoi l’actuel ministre de l’information M Amara Somparé peut trouver des raisons irrationnelles, indignes aux injustices dont sont victimes les prisonniers politiques notamment les journalistes en Guinée.
Une situation plus que normale pour ce peuple, car dans ce pays chaque subordonné inutile est ministrable, chaque bourreau est recyclable, même le diable est présidentiable.
C’est-à-dire c’est un pays où tout est permis même ce qui est interdit.
Là-bas la mission du gouvernement est d’empêcher les bons citoyens de vivre dans la tranquillité.
Comme des tortues en hibernation continue, le peuple de Guinée tolère et accepte toutes les personnes qui ne séduisent que par leur négativité.
N’est ce pas Fodé Bangoura cet autre artisan de la répression sous le régime Conté comme tant d’autres avant lui vient d’être recyclé par Alpha Condé ?
Ce qui prouve que Lansana Conté est tout sauf mort. Car ses ministres et progénitures de ses ministres sont non seulement aujourd’hui artisans du régime de M Alpha Condé, mais ils constituent aussi les piliers de l’opposition guinéenne. C’est cela la double facette du paysage politique guinéen.
Ainsi être prisonnier politique dans un tel pays, signifie abandon, oubli, trahison, mépris.
En effet, les prisonniers politiques en Guinée tels que Ousmane Gaoual, Foniké Mengé Sylla et tant d’autres qui croupissent depuis des mois en prison sont des exemples illustratifs de cet abandon et oubli.
La plupart des militants de partis politiques d’oppositions en Guinée prompt à insulter ou invectiver tous ceux qui critiquent leurs leaders politiques sur les réseaux sociaux, brillent par rapport aux détenus politiques par un silence assourdissant.
Et quant aux leaders politiques, ils brillent par une ambivalence et mimétisme qui laissent perplexe.
Très peu de personnes s’indignent encore aujourd’hui sur la situation des prisonniers politiques guinéens. Ils sont pour la plupart passés à autre chose.
Même s’ils ne le disent pas, ils se projettent déjà sur l’horizon 2026, c’est-à-dire sur les échéances électorales prochaines.
Il s’agit pourtant de responsables politiques ou des militants des droits humains et les citoyens s’exprimant sans
détour contre l’État autoritaire guinéen qui sont aujourd’hui en prison.
Ousmane Gaoual Diallo, Foniké Mengé Sylla sont aujourd’hui écroués, parce qu’ils dénonçaient sans détour ce qui n’allait pas en Guinée.
Depuis 2010, les tribunaux aux ordres ont condamné plusieurs militants, parmi lesquels des personnalités politiques, des mineurs, des défenseurs des droits humains, des militants du droit du travail, des artistes,
des journalistes, des auteurs de blogs.
Et certains parmi eux ont été condamnés à de longues peines de prison.
La plupart des militants ont majoritairement été poursuivis en vertu des dispositions d’un Code pénal guinéen aux ordres qui criminalise la libre expression, les manifestations
pacifiques.
Les autorités ont arrêté un grand nombre de ces
militants, plus de 300 personnes au cours des manifestations de fin 2020 ou immédiatement après, ou lors des
raffles qui ont balayé la commune de Ratoma juste après les élections présidentielles de 2020.
Beaucoup n’ont pas encore été entendus et souffrent des mauvaises conditions de détention dans les prisons de Conakry surpeuplées et sources de plusieurs maladies telles que le covid-19.
La stratégie du gouvernement, notamment du ministre de la justice est simplement de jeter ces gens en prison et de les oublier.
Ceux qui ont la chance d’être interrogés sont le plus souvent les responsables politiques.
Et ceux qui ne sont pas célèbres ou ne sont pas des responsables politiques sont en prison depuis des mois, sans savoir pourquoi ils sont détenus.
Nous n’avons donc pas le droit de les oublier, sinon ils deviendront tous des personnes aux destins brisés.
Donc Ousmane Gaoual, Foniké Mengé Sylla, Abdoulaye Bah, Souleymane Condé pour ne citer que ceux-là, n’ont pas mérité d’être oubliés.
Les noms des détenus politiques qui ne sont pas connus du public doivent en temps réel être connus de tous, afin de faire échouer la stratégie du gouvernement guinéen.
Se souvenir de ses personnes, se battre pour leur liberté est un acte de défiance.
Car en faisant arrêter ces gens, l’intention du gouvernement est de faire en sorte qu’ils soient oublié ou pour que triomphe à jamais l’injustice, l’arbitraire, le déni.
En clair, l’intention est de les effacer de la mémoire collective du peuple.
Et notre but est tout simplement d’empêcher le régime d’atteindre cet objectif.
Mettre les images des détenus politiques, sur votre photo de profil personnel, de vos groupes et pages, afin que leur situation carcérale soit connue au maximum et inonde les réseaux sociaux est la moindre des choses que vous puissiez faire !
Demain ça peut être toi. Et disons non à la justice aux ordres.
Aissatou Cherif Balde