L’An 62 de l’indépendance de la Guinée : un mot pour les femmes guinéennes.

La République de Guinée a soufflé le vendredi 2 octobre  ses 62 bougies en tant qu’Etat souverain et indépendant. Premier pays de l’Afrique francophone à se libérer du joug colonial, le 2 octobre 1958 lui ouvre une ère nouvelle, celle de la  liberté et la dignité restaurée de tout un peuple grâce à ses illustres fils, en première ligne Sékou Touré.

Parmi les figures emblématiques de la lutte pour l’indépendance de la Guinée, les femmes à l’instar de nos héroïnes M’Balia Camara et Mafory Bangoura, ont joué un rôle de premier plan pour la libération nationale. Fort malheureusement, l’apport de la femme guinéenne pour l’émancipation du peuple de Guinée semble avoir été relégué aux oubliettes. 

62 ans d’indépendance, le bilan pour la femme guinéenne reste mitigé et n’est toujours pas de bonne augure, car l’état guinéen n’a toujours pas compris que la femme demeure un pilier de développement économique et social pour toute société qui se veut futuriste.

Les inégalités, l’injustice, les violences conjugales, la misogynie et les préjugés, bref les pesanteurs socioculturelles auxquelles les femmes sont confrontées en Guinée deviennent de plus en plus encrées dans la société guinéenne, empêchant la création d’un environnement propice pour lutter contre ces obstacles, afin de favoriser l’ indépendance et l’épanouissement de la femme guinéenne. 

62 ans d’indépendance, et l’Etat guinéen n’arrive toujours pas à rétablir les fondements de la famille, restaurer la valeur de l’enfant, alléger les charges familiales sur la femme, lui reconnaître sa dignité en systématisant sa scolarisation, en améliorant ses conditions de travail et en valorisant son rôle de mère. Car sans cela, la Guinée ne saura trouver son statut de femme et de citoyenne, véritablement libre et indépendante.  

En Guinée de nos jours, le respect de la loi sur l’égalité du genre, la justice et la solidarité souffre par le fait de certaines réticences sociales pour ne pas dire du mépris. Des mentalités constituant un frein à l’émergence et à l’épanouissement de la Guinéenne. 

Pas étonnant lorsque nous avons un appareil d’Etat défaillant comme le nôtre  avec des hommes aux idées rétrogrades, misogynes et pleins de préjugés à l’égard de la femme guinéenne, et sans aucun respect pour la vie de la femme.

Et pourtant l’émergence d’une société égalitaire en Guinée est primordiale et ne peut se faire sans un changement de mentalité. Et la seule façon de changer les mentalités et les comportements est d’effectuer un travail d’éducation sur le terrain tout en ciblant les jeunes, pour leur montrer dès l’école ce que sont les relations égalitaires.

En effet la réaction de certains sur mes prises de position prouvent sciemment qu’ils sont aussi plein de préjugés et ont besoin  de ce genre de cours pour comprendre qu’il n’y a pas de thème tabous pour les femmes et que de nos jours vous ne pouvez pas prétendre  exercer le pouvoir, notamment sur les femmes, par le seul fait d’être du sexe masculin, et sans aucun bagage, intellectuel, culturel, politique et surtout sans aucune utilité pour la société. 

Mes sœurs guinéennes, la route pour les changements de normes et de rôles de genre calqués sur nos réalités est longue et prend certes du temps comme ce fut le cas en Europe, mais est faisable. Tout est question de volonté et d’engagement politique. 

L’indépendance ne s’acquiert pas sur un plateau d’or. Mes sœurs, elle s’arrache. Prenons l’exemple sur nos héroïnes nationales Hadja M’mah Fory Bangoura, M’balia Camara, etc…

Sur ce, repos éternel pour nos héroïnes nationales. 

Aissatou Cherif Baldé. 

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