Le scandale dure depuis des jours. Et selon les informations relayées par les médias guinéens, le chef de la junte militaire guinéenne Mamadi Doumbouya serait dans tous ses états.
Il aurait même fait auditionné les responsables de la société guinéenne des pétroles (SONAP), plusieurs anciens ministres et directeurs généraux, pour obtenir des explications autour de cet autre scandale concernant les produits pétroliers toxiques qu’on livre à la Guinée en toute légalité.
Les médias guinéens rapportent que des groupes électrogènes de l’Electricité de Guinée (EDG) ont même été endommagés aggravant ainsi les coupures d’électricité dans le pays.
La question qu’il faut se poser est celle de savoir pourquoi les autorités militaires ont pu confier l’achat de produits pétroliers à la multinationale suisse (Addax & Oryx) connue pour son implication dans la livraison de ce poison invisible en Afrique ?
Car il existe un rapport de l’ONG suisse, intitulé « Dirty Diesel », datant de 2016 qui est le résultat de 3 ans d’enquête, dénonçant la vente en Afrique de carburant à haute teneur en soufre par les sociétés suisses suivantes (AVitol, Trafigura et Addax & Oryx)
Le résultat de cette fut relayé par les médias occidentaux et africains en 2016 et il avait alors indigné les peuples africains et conduit l’ONU et tout comme la CEDEAO et ses pays membres à réagir.
Selon le rapport de L’ONG Public Eye dont le siège se trouve à Lausanne, il avait prélevé des échantillons à la pompe dans 8 pays (Angola, Bénin, Congo Brazzaville, Côte d’ivoire, Ghana, Mali, Sénégal et Zambie) et découvert que la teneur en soufre des carburants est jusqu’à 378 fois supérieure à la teneur autorisée en Europe.
Mais « Le maximum de concentration a été détecté au Mali, dans une station de pompage d’Addax & Oryx » peut-on lire dans ce rapport.
Il s’avère que c’est cette société du négoce de produits pétroliers qui livre à l’État guinéen les hydrocarbures dont il a besoin.
Pourtant, comme déjà mentionné dans le rapport intitulé “Dirty Diesel”, il s’agit de carburants de basse qualité volontairement mélangés à des produits chimiques à la toxicité bien connue.
Plus scandaleux encore est le fait que ces multinationales suisses ajoutent d’autres substances nocives, telles que le benzène à des « niveaux généralement interdits par les normes européennes”.
Et ces carburants très polluants demeurent sans doute l’une des causes principales du réchauffement climatique que connaît la Guinée.
On voit bien que c’est grâce à l’irresponsabilité de l’État guinéen, des cadres de la société des hydrocarbures (SONAP) et la faiblesse des standards en vigueur qui ont permis aux négociants suisses de vendre des carburants toxiques et de réaliser des profits substantiels au détriment de la santé de millions de Guinéens.
Pourtant d’autres pays de la sous-région ouest-africaine avaient juste après la publication de l’enquête de Public Eye pris des mesures pour adopter des normes plus strictes pour les carburants. Il s’agit notamment du Ghana, du Nigeria, du Mali et de la Côte d’Ivoire.
Le Ghana a divisé depuis 2017 par soixante la teneur en soufre autorisée dans le diesel importé. Cette décision essentielle a ouvert la voie à d’autres gouvernements d’Afrique de l’Ouest tels que la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Mali.
L’enquête de l’ONG Public Eye avait aussi fait réagir la CEDEAO en 2021.
« Les ministres de l’Environnement et du Pétrole ont eu à adopter de nouveaux standards contraignants pour les carburants importés, qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 2021. La limite de teneur en soufre autorisée pour le diesel et l’essence a été abaissée à 50 particules par millions (ppm), le seuil avec lequel les catalyseurs et filtres à particules fonctionnent».
La Guinée est pourtant membre de la CEDEAO et devrait donc respecter ces normes imposées par l’organisation sous-régionale. Mais ce scandale du « Dirty Diesel » prouve que les autorités militaires et ses subordonnées corrompus et corrupteurs ne se soucient pas de la santé des millions de Guinéens ou de la qualité des produits vendus aux peuples.
Car pour les putschistes tout comme leurs prédécesseurs le peuple de Guinée n’a pas droit à la santé.
Ils ne peuvent pas renoncer à leur modèle d’affaires lucratif avec leurs partenaires suisses (Addax et Oryx), car le peuple de Guinée n’a ni droit au développement, ni droit à la santé.
La réduction de la pollution atmosphérique pour le bien être de la population guinéenne n’est donc pas à l’ordre du jour.
Et les auditions des responsables de la SONAP ou d’anciens DG et ministres ne sont que de la distraction, car leur responsabilité ne sera pas du tout engagée.
Ce sont les protégés du système criminel françafrique, mafieux, népotiste, zérocrate et ethniciste mis en place par la junte militaire guinéenne.
Aissatou Cherif Balde
Très déçu de ce que la transition guineenne est en train de devenir