Guinée/l’unité nationale, la bonne gouvernance et la démocratie ne sont pas les priorités de Doumbouya. 

Préserver la paix à travers l’unité nationale, instaurer une véritable démocratie et une bonne  gouvernance doivent être la priorité de tout État africain qui se veut progressiste et stable

En effet le passé colonial de l’Afrique, avec des frontières arbitraires ont laissé au continent un héritage très difficile à gérer. 

Car ces frontières furent conçues pour empêcher l’épanouissement, l’indépendance, l’unité des peuples africains. 

Or le renforcement de l’unité nationale en vue de garantir la volonté de vivre et de bâtir ensemble, tout en tenant compte de la diversité de la société africaine, guinéenne (régions, ethnies, cultures, générations, genre, classe sociale, classes intellectuelles, civiles et militaires, religions, etc.) doivent être l’objectif principal des dirigeants africains afin de pouvoir relever les défis actuels sur le continent. 

C’est en faisant de ces objectifs une priorité que l’on peut consolider la paix, la démocratie et l’état de droit. Car la paix, la démocratie, et l’État de droit tirent aussi leurs fondements de la liberté, de l’égalité, de la justice et de la souveraineté.

L’État neo-patrimonialiste obnubilé par l’ethnisme politique 

Mais l’État guinéen néo-patrimonialiste obnubilé par l’ethnisme politique avec des dirigeants et régimes despotiques, ayant pour seul objectif d’imposer à la Guinée un parti hégémonique dominant  après plus de six décennies d’indépendances tarde à le comprendre.

Pourtant les acteurs étatiques tout comme politiques savent pertinemment qu’un tel État est incompatible à la bonne gouvernance, à la Démocratie et à l’unité nationale.

En effet, l’État néo-patrimonialiste est le plus souvent source de dissensions intestines qui déchirent plusieurs États africains, puisqu’il est d’office porteur d’exclusion et de violences. 

Le pouvoir militaire actuel guinéen est le reflet exact d’un tel régime. 

Et dans ce type d’État, l’exercice du pouvoir et les considérations économiques personnelles pour le contrôle des ressources de l’État, sont en effet chez nombre d’acteurs nationaux, l’un des principaux enjeux de l’engagement politique. Le caractère népotiste, dilapidateur, adroit de la junte militaire guinéenne en est une preuve palpable. 

Ce néo-patrimonialisme, auquel se rattachent l’instrumentalisation de l’ethnicité mais aussi l’utilisation du népotisme et du clientélisme comme critères de distribution des ressources convoitées, concourt ainsi à éclairer les violence, et à obscurcir le peuple.

À cela s’ajoute le fait que le caractère néo-patrimonial des États africains à l’image de la Guinée, contiennent en eux-mêmes des germes d’exclusion et d’affrontements meurtriers. 

Les affrontements meurtriers au sud de la Guinée sous le régime déchu d’Alpha Condé ou encore les répressions et tueries du 10 mai dernier de la junte militaire dans la commune de Ratoma sont illustratifs de cet état de fait. 

Compte tenu du caractère nocif d’un tel État, aucun leader politique sensé, visionnaire qui ne veut pas voir son peuple périr, ne peut continuer à étendre les jalons d’un tel système politique périlleux. 

Car il est non seulement source de décadence mais est surtout incompatible avec la démocratie, la paix et la bonne gouvernance.

Diriger un pays pour améliorer la performance de sa nation vers des standards plus élevés. 

Lorsqu’on devient le président d’un État dans le but de servir son peuple, on cherche à élever sa vision vers de hauts sommets, à améliorer la performance de sa nation vers des standards plus élevés. 

Pour ce faire on aura forcément les objectifs suivants:

  • Constituer et  promouvoir le renforcement des libertés individuelles et collectives; 
  • permettre l’émergence d’une société civile forte et la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire); 
  •  rester attaché aux principes et valeurs d’éthique pour une moralisation financière dans la gestion des biens publics. 

Par ailleurs, un tel président accordera surtout une place prépondérante au renforcement des principes de bonne gouvernance administrative à travers :

  • le développement d’une politique de coordination des missions et interventions entre les différents corps de contrôle, l’application objective du principe universel de reddition des comptes, y compris en matière d’exécution budgétaire ; 
  • Le renforcement du rôle, des missions et des moyens de la Cour des Comptes, si cours des comptes y’en a;
  • La généralisation du système d’évaluation des performances de l’administration et de la justice ; 
  • La systématisation des appels à candidature pour certains emplois du secteur public et parapublic. 

Enfin un tel président va veiller à ce qu’il soit défini par les résultats et non par les attributs. 

Et en tant que homme ou femme politique qui comprend qu’un leadership effectif consiste à produire d’autres leaders et non de suiveurs, il va veiller:

  • au rééquilibrage des pouvoirs au sein de l’Exécutif au profit du Gouvernement ; 
  • au renforcement des pouvoirs et de la légitimité du Parlement,  au cumul des mandats;
  • au renforcement des institutions de la République ; 
  • à la réforme de la Justice et au renforcement de l’indépendance du pouvoir judiciaire. 

Mamady Doumbouya, une déception programmée de l’histoire récente de la Guinée 

L’actuel président de transition Mamady Doumbouya, auteur du coup d’État militaire du 05 septembre 2021, cet ancien légionnaire français, cette autre déception programmée de l’histoire récente de la Guinée est loin de dresser un bilan fiable dans le domaine de la démocratie, la bonne gouvernance, l’unité nationale. 

Car il n’a eu en 23 mois passés au pouvoir, ni la capacité, ni la volonté de rallier les hommes et les femmes guinéens à un but commun. 

Il est juste une énième déception programmée de l’histoire récente de la Guinée. 

Aïssatou Chérif Baldé 

Un commentaire

  1. De toutes les façons l’objectif principal d’une transition reste et demeure cel de l’organisation des élections libres et transparentes . Pour cette réussite il faut falloir que les acteurs politiques de cette transition guinéenne acceptent de mettre en œuvre toutes les dispositions nécessaires allant dans ce sillage.
    Merci beaucoup sister pour ta contribution dynamique. Afin de rétablir les principes démocratiques dans notre société.

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