Guinée: le cadre de concertation inclusif lancé et une sortie du colonel Doumbouya qui ne doit pourtant pas faire l’objet de polémique.

Depuis l’allocation du colonel Mamady Doumbouya à l’occasion de l’ouverture du « cadre de concertation inclusif» le vendredi 15 avril 2022 à Conakry, il est sur le banc des accusés

Tout d’abord ce cadre de concertation inclusif a été mis en place via un décret daté du 6 avril. Cette structure vise à répondre au besoin pressant exprimé par la classe politique, qui réclame un cadre de dialogue autour de la gestion des affaires publiques. 

Ce cadre, tant réclamé par la classe politique, est censé instaurer des discussions pour sortir de la transition mais il a été boycotté par certains partis politiques majeurs. 

Lors de cette ouverture, le Colonel psdt Doumbouya a tenu le discours suivant: «On ne reculera devant rien pour les réformes, pour aider notre pays. On fera le sale boulot : nettoyer notre pays, combattre la corruption sous toutes ses formes. Tous ceux qui sont liés à la gabegie répondront devant le peuple de Guinée. »

Qu’aurait t-il dit dans ce discours qui doit faire l’objet de polémique? 

Certes la transition politique en cours se présente sous une physionomie plus ou moins inquiétante. 

Le CNRD donne tantôt l’impression de préparer une transition aux allures de mandat et souffre surtout d’une insincérité pesante et d’une incommunicabilité notoire digne d’un régime communiste. 

Et l’administration de la justice telle que la CRIEF semble parfois fonctionner à géométrie variable ; elle change de visage selon les classes socio-économiques, ethnicistes et mafieuses. 

Le flou entretenu autour des membres du CNRD ou le fait qu’on a l’impression que le cadre de concertation inclusif lancé joue le même rôle que le CNT rappelle que les nouvelles autorités guinéennes n’ont pas un véritable plan de gestion de la transition politique actuelle. 

Elles versent donc dans l’improvisation et l’amateurisme. 

Mais une chose est sûre, ce discours du colonel Mamady Doumbouya fait sans doute allusion aux actuelles poursuites judiciaires et ne souffre d’aucune ambiguïté. 

Ce discours ne doit pas faire l’objet de polémique ou d’une autre interprétation. 

Et tout citoyen Guinéen conscient du fait que les criminels financiers ont fini par parasiter les institutions étatiques du pays doit se réjouir de cette apparente fermeté du colonel Mamady Doumbouya. 

Car qu’on le veuille ou pas, la fonction publique guinéenne et le système politique du pays ont besoin d’une purge. 

Ces anciens dignitaires qui ont participé à l’effondrement de ce pays ne doivent pas se permettre aujourd’hui de hausser le ton une fois de plus dans ce pays. 

Nous avons en face une classe restreinte de personnes qui ne représente pas le peuple de Guinée, qui néanmoins est déterminée depuis 63 ans  à imposer sa propre loi, sa propre forme de lutte à la société guinéenne.

Et grâce à ces personnes le peuple de Guinée malgré les immenses ressources du pays, est de plus en plus pauvre, et le pays est l’un des plus corrompus d’Afrique. 

Alors il est temps que ceux qui ont pillé ce pays  payent le prix. 

D’ailleurs la Guinée se classe selon le rapport de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption, publié en janvier 2019,au 138e rang mondial sur 180 pays étudiés (148e sur 180 en 2017).

Et face à ces injustices, ces détournements qui appauvrissent le plus les Guinéens, doit-on vraiment fermer les yeux ? 

Apparemment oui. Nous sommes dans l’ère des lâches. 

Les gens refusent de trouver des solutions. Ils édifient des tranchées “numériques “.  

On crie, on gesticule, on fait le buzz sur tout ou rien cela fait effet placebo. On a le sentiment d’être connecté aux réalités guinéennes et d’avoir de l’apathie. Mais c’est juste du “bougisme”. 

Certes, cette junte militaire guinéenne ne fait pas preuve d’exemplarité. 

Mais le fait d’avoir osé poursuivre certains concepteurs de la corruption organisée dans ce pays est une première. Et ces actions si imparfaites soient elles doivent être appréciées à leurs justes valeurs. 

Car ces gens ont toujours pu se revêtir de tous les costumes dans ce pays pour échapper à la justice. 

Nous devons apprendre à faire de la société guinéenne, une société qui se veut extrêmement non conflictuelle, où tout problème doit si possible trouver sa solution dans une concertation pacifique.

Car trop de sang a coulé dans ce pays et trop de larmes versées .

La Guinée pour aller de l’avant doit se réclamer comme un pays de « discussion », de compromis, de consensus politique. 

Et si souvent « polémique » rime avec « politique », la vie politique guinéenne doit aussi par moment être un long fleuve tranquille. 

La plupart des politiciens, des tenants du pouvoir en Guinée surtout le président déchu Alpha Condé ont toujours versé dans des discours qui « attaquent, rejettent agressivement, en termes véhéments, le discours de l’autre. 

Et pourtant ces discours polémiques avec des termes plus ou moins véhéments, voire insultants n’ont fait que creuser le fossé de division dans ce pays. 

Les chasseurs de polémiques parmi les guinéens il faut retenir que parfois le silence vaut mieux que parole mal lâchée. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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