Grâce présidentielle en Guinée: entre piège, manipulation et instrumentalisation.

Le Psdt Alpha Condé est parvenu en 10 ans à tripatouiller la Constitution, à user des manœuvres antidémocratiques qui ont détruit à petit feu le peu dont la Guinée pouvait se glorifier dans une Afrique peu regardante sur ce que la démocratie veut dire.

Et Alpha Condé après avoir instrumentalisé la constitution pour une mauvaise cause, celle de vouloir faire prévaloir des intérêts partisans et individuels et pour le seul bénéfice de ses auteurs, est en train de faire la même chose avec la mesure dénommée grâce présidentielle. 

Avec une justice aux ordres qui dicte des verdicts troublants, excessifs et iniques contre les opposants à son troisième mandat de trop, il grâcie ses otages prisonniers politiques pour manipuler l’opinion publique. 

Car, si la grâce présidentielle réduit ou supprime la peine et qu’elle dispense d’exécuter la sentence du tribunal, le gracié reste néanmoins coupable aux yeux de la justice et la condamnation ne disparaît pas de son casier judiciaire.

La faute commise et jugée poursuit le gracié.

Par contre, en plus de la suspension de la peine permise par la grâce, l’amnistie, elle, efface la condamnation du casier judiciaire; l’intéressé alors est totalement blanchi et peut jouir de tous ses droits de citoyen. 

Autrement dit, une personne amnistiée est considérée comme innocente par la justice. 

C’est en cela que la grâce présidentielle accordée aux otages politiques est une double injustice, une malsaine charlatanerie, une manipulation, une instrumentalisation. 

Mieux, il est connu de tous que les juges manipulés depuis le haut d’en haut ont connu toutes les difficultés du monde pour gribouiller le chef d’accusation dans ces dossiers totalement vides. 

Et d’ailleurs, si tel n’est pas le cas, pourquoi prendre en otage des personnes opposées à un tripatouillage constitutionnel, à un mandat de trop, les soumettre à une justice inique, humiliante pour les gracier après? 

Pourquoi devrait-on mettre en prison quelqu’un qui n’a commis aucun acte de violence ou criminel alors que les criminels qui font couler le sang, qui violent les femmes, qui pillent les biens de l’État tiennent le haut du pavé dans notre pays?

Sans doute, le locataire de sekhoutoureya M Alpha Condé continue de dévoiler aux guinéens sa vraie face, celle d’un personnage antidémocratique voire dictateur des temps contemporains sous les tropiques.

C’est la stratégie du luron et du despote, il lui faut l’onction du peuple pour mieux le martyriser et le résultat est pire. 

Avec cette méthode employée déjà lors du tripatouillage constitutionnel, il détruit et  saccage tout sur son passage pour le prétendu bien être du peuple souverain qui l’aurait mandaté ;c’est en cela que Alpha et son clan sont au delà de la dangerosité ;ils sont la dangerosité personnifiés ;ils sont le mal en puissance  qui couvrent d’un manteau de circonstance, fait sur mesure, tout juste pour faire croire au regard de ses maîtres occidentaux qu’il est respectueux de l’intangibilité de la volonté populaire, la manifestation la plus perfectionnée de la démocratie. 

M Alpha Condé veut à travers cette mesure de Clémence, cette grâce présidentielle prouver par là qu’il n’est pas un dictateur, il serait plutôt l’homme de la situation, du dialogue et de la paix, c’est-à-dire cet homme qui tient aux valeurs et principes de la démocratie. 

Or, s’il veut réellement vendre une telle image de lui, il lui faudra par soucis d’apaisement, initier une amnistie générale en faveur de tous les prisonniers politiques et les citoyens innocents qui croupissent en prison depuis le lendemain des élections présidentielles d’octobre 2020 et surtout exiger le retour sans conditions du président Dadis Camara. 

À défaut, cette mesure n’est que du dilatoire. Cet acte ne sera pas un haut fait, encore moins une mansuétude louable. Mais l’humiliation publique de jeunes plein d’avenir.

C’est juste une énième manière de prouver à la face du monde qu’il est l’homme fort, propriétaire de tous les dossiers en Guinée, de toutes les vies et libertés. 

C’est-à-dire sous le ciel guinéen, tout part de lui et mène à lui. C’est le centre de l’État, le cœur de la nation.

Chacun lui doit son souffle.

Et les subordonnés inutiles troubadours à la cour du souverain vont titrer 

bientôt: « Madic sans frontières, Grenade, Souleymane Thiaguel… rendent grâce au président Alpha Condé ». Quelle broderie, quel cynisme! 

C’est à croire que les guinéens ont à faire à des aliénés dépossédés de toute capacité de réfléchir, d’affronter leur âme et conscience et d’agir en hommes libres.

Comme de coutume, le régime est dans son art habituel, l’art d’apporter de problèmes à des solutions. Et c’est pourquoi Alpha Condé a choisi Fodé Bangoura comme facilitateur. 

Mais c’est la Guinée, ce pays où tout change pour que rien ne change.

Aissatou Cherif Balde

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