Dix ans de gouvernance d’Alpha Condé : quel bilan pour la Guinée ?

« En Guinée plus le mensonge est gros, plus le Guinéen  te croit » dixit Professeur Alpha Condé. Partout dans le monde en période électorale, le souci majeur d’un président sortant est beaucoup plus axé sur le bilan qu’il doit laisser à son peuple. Sauf en Guinée ! 

Après son coup d’Etat constitutionnel du 22 mars 2020, le président en exercice a d’autres préoccupations : trouver les voies et moyens pour se pérenniser au pouvoir et même si cela était contraire à la volonté de la grande majorité de ses compatriotes. 

Et à l’allure où vont les choses,  il briguera, sauf surprise inattendue, son troisième mandat sans contrainte aucune. Car Mr Alpha Condé pratique une démocratie de l’imposture, celle qui défigure le sens des mots et qui installe les maux de toute nature : injustice sociale, déni de justice constitutionnelle, contentieux sans juge impartial et indépendant, accaparement des biens publics, népotisme, détournement de pouvoir et usurpation de fonction, transhumance politique, promesses électoralistes mensongères, etc…. 

Le goût du pouvoir l’emmène en cette période de campagne électorale pour ‘’sa sélection du 18 octobre 2020’’ à prendre les Guinéens pour des ploucs. Et ça ne le gêne point. A cet effet,  il prend soin de ne concrétiser aucune de ses promesses fantômes. Une attitude de sa part qui illustre jusqu’à quel point, il méprise le Guinéen. 

Nonobstant cet état de fait, il est quand même très important de dresser le bilan de l’actuel “Big Man”  de Conakry, afin d’éclairer la lanterne du peuple. 

Ainsi, coincé aujourd’hui entre une opposition en manque d’orientation, de stratégie et une panoplie d’anciens et nouveaux prédateurs de l’économie guinéenne, le “Mandela Guinéen” prend soin de gouverner de manière tout à fait opposée aux idées qu’il professait pendant sa période d’opposant. Ceci prouve qu’en réalité, Alpha Condé n’a jamais été un homme d’état, avec des visions et projets allant dans le sens du progrès socio-économique pour son pays ; par contre, il est plutôt un simple vendeur d’illusion. 

S’il l’était un homme d’état, il allait plutôt  se soucier du bilan qu’il allait laisser au peuple de Guinée: 

  • Un bilan dont le résultat devrait être orienté vers un modèle de développement élargi à tous les Guinéens, vers la construction d’une société démocratique et d’une économie, à la fois productive et inclusive où chaque Guinéen disposera d’un accès à la richesse et au bien-être.
  • Un bilan avec lequel la Guinée de demain devrait  construire  «une économie moderne, prospère, résiliente et solidaire », sur la base d’une stratégie de développement comprenant des objectifs à moyen et long termes qui seront soumis au débat parlementaire et avec la société civile.
  • Un bilan avec un engagement politique qui est surtout en faveur du développement humain durable, avec une stratégie comprenant une série d’indicateurs permettant de mesurer les performances réalisées et de rendre compte des avancées du processus du développement humain.
  • Un bilan avec  une gouvernance vertueuse permettant une prise en charge efficace de la lutte contre la précarité, l’impunité, les vulnérabilités et les injustices sociales. 
  • Un bilan avec un impérieux devoir de citoyen  acté sur  les principes directeurs susceptibles de permettre à la GUINEE  de rester debout pour préserver  dans l’épanouissement le présent  de ses populations d’aujourd’hui et le futur  des générations à venir.
  • Un bilan d’une Guinée de demain axé sur la prospérité et la solidarité, suivi d’une transformation sociale, économique et structurelle qui s’articule autour de l’unité nationale, la démocratie et la bonne gouvernance pour une économie durable et dynamique. 

Sauf que malheureusement la Guinée n’a pu retrouver ce chemin avec son  “Mandela”. 

Ce pays a pour une énième fois de son histoire le désavantage de se présenter sous une physionomie de plus en plus inquiétante. Son contexte  est en effet marqué  par des déséquilibres aussi bien économiques (hausse des prix, déficit des comptes publics et extérieurs, gabegie financière, détournements de deniers publics, fermeture en cascade d’entreprises nationales, difficultés d’accès au financement et aux marchés publics pour les PME/PMI, etc.) que sociaux (chômage persistant des jeunes, pauvreté galopante dans les zones périurbaines et rurales, insécurité, situation précaire des femmes et des retraités, grèves cycliques dans le secteur de l’enseignement , faible prise en charge de l’économie populaire et informelle dans les politiques publiques, etc.).

Ainsi  les promesses clamées  depuis toujours ne se sont  jamais  traduites de façon concrète dans la vie quotidienne des populations.

Certes, les efforts à faire et les sacrifices à consentir  pour une période de 10 ans peuvent paraître abyssaux, mais c’est avec une ferme détermination à la mesure de ce périmètre que l’on peut déjà circonscrire par la déclinaison des divers supports  qui en constituent l’ossature. 

Ainsi si Alpha Condé était un homme d’Etat qui a un réel souci de développement de son pays,  il aurait pu en 10 ans réaliser ce qui suit : 

1-    Relever les défis et préoccupations majeurs qui n’ont pas encore trouvé de réponses satisfaisantes aux yeux de nos compatriotes, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation, l’énergie, l’eau, l’environnement… 

2-S’adapter à l’évolution numérique et technologique.

3-  Ouvrir la perspective d’un avenir plus prometteur à notre jeunesse, à la femme, à l’entreprise, au paysan, à l’ouvrier, à l’artisan, aux personnes âgées et à la gouvernance politique et juridique. 

4  – Redonner espoir à la jeunesse qui sera plus forte pour multiplier ses succès sur l’échiquier des grandes nations et porter plus haut la voix de la Guinée. 

5  -Accroître les capacités de création de richesses afin de lutter efficacement contre la pauvreté et les exclusions ; le pari d’améliorer la qualité de vie des populations et d’assurer la protection de notre modèle social contre les multiples agressions culturelles.

S’il avait porté un costume d’un opposant historique, il allait une fois au pouvoir nouer avec les Guinéens, des idées sensées puisant forcément leur vitalité dans la réhabilitation de l’action politique afin de mettre celle-ci au service de la construction du pays de nos rêves, dans la dignité, le respect des droits humains, la protection des personnes vulnérables (les enfants, les femmes, le troisième âge, les personnes à mobilité réduite), l’indépendance de la justice, la liberté de presse et l’éthique.

Chacun de ses compatriotes allait y avoir la place qui lui revient pour participer à la construction d’une Guinée prospère et performante. 

Hélas, à part  ses hôtels construits pour les pilleurs de nos richesses, les pouvoirs occultes et obscurs, le bilan du Professeur Président reste mitigé pour ne pas dire médiocre du moins pour  celui qui voulait porter le costume de Madiba Mandela. 

Quel gâchis Professeur Alpha Condé! 

#Aissatou Chérif Baldé.

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