RAVEC en Europe: Symbole d’un recensement chaotique des Guinéens de l’étranger. (Par Barry, Aboubacar Tely).

Le recensement des Guinéens de l’étranger qui a débuté ce début de mois juin 2025 presque partout en Europe organisé par le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) est un fiasco total. 

Selon un communiqué dudit ministère publié aujourd’hui et géré par Ibrahima Kalil Condé, le processus d’enrôlement des Guinéens établis à l’étranger est prolongé de cinq jours, c’est-à-dire jusqu’au 25 juin 2025. 

Mais cette vaste opération de recensement lancée par le pouvoir militaire, dans le cadre du RAVEC (Répertoire administratif des citoyens et électeurs), censé servir de base pour un fichier électoral fiable et une meilleure connaissance démographique est en train de tourner au cauchemar pour les Guinéens résidant en Europe.

Des enrôlements chaotiques en Europe 

En France, on assiste dans les lieux du recensement plus ou inadéquats à des files d’attente interminables, à l’existence des listes fantômes et une organisation catastrophique de l’enrôlement des Guinéens. 

Dès l’aube, des centaines de Guinéens se pressent devant les centres de recensement, certains arrivant dès 4h du matin dans l’espoir d’être enrôlés. 

Pourtant, malgré leur patience, beaucoup repartent bredouilles.

Car les deux centres ouverts en région parisienne à la mairie de Montreuil et dans le 18ᵉ arrondissement de Paris font face à une désorganisation criante, une logistique défaillante et des files d’attente interminables provoquant frustration et colère de la diaspora guinéenne. 

À Montreuil, le quota est fixé à seulement 100 personnes par jour, un nombre dérisoire au regard de la demande. Les agents recenseurs, souvent débordés, n’ayant pas la maîtrise technologique font preuve d’une lenteur exécrable, peinent donc à gérer l’afflux, et les retards s’accumulent.

« Je suis venu trois fois, à chaque fois on me dit que la liste est déjà complète alors que j’étais là avant l’ouverture », témoigne Mamadou Bah, un Guinéen résidant à Saint-Denis. 

Comme lui, beaucoup dénoncent des listes opaques, établies en dehors de toute transparence, favorisant certaines personnes au détriment d’autres pourtant présentes depuis des heures.

« Des gens arrivent à 8h et sont prioritaires parce qu’ils connaissent quelqu’un, alors que nous, on est là depuis l’aube », s’indigne Camara Bintou, une étudiante guinéenne.

Même son de cloche en Allemagne et en Belgique 

Notre rédaction a reçu plusieurs témoignages sous forme de vidéos qui attestent le chaos qui existe aussi dans les centres de recensement en Allemagne. 

On nous parle aussi de l’existence des listes fantômes et des pratiques malsaines contestées. 

Le manque de clarté dans l’organisation suscite la méfiance. Plusieurs personnes affirment que des listes parallèles circulent, remplies par des inconnus ou des intermédiaires, sans aucun contrôle. « Des gens arrivent à l’heure qui leur conviennent et sont paradoxalement prioritaires parce qu’ils connaissent quelqu’un, alors que nous, on est là depuis des heures », raconte Tahirou Bah, un Guinéen résidant dans la région de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. 

Le centre d’enrôlement le plus touché par ces pratiques est celui de Dortmund. 

Beaucoup de Guinéens présents sur les lieux et qui nous ont contactés témoignent même que certains agents demanderaient 30 euros aux personnes qui veulent éviter les files d’attente. 

Et la situation en Belgique n’est pas différente de celle des deux autres pays précités. 

Partout, c’est le chaos, la désorganisation totale, le favoritisme. On voit des femmes avec des enfants, en état de famille ou encore des personnes âgées exténuées par les longues files d’attente où parfois, il n’existe même pas un endroit pour s’asseoir à plus forte de l’eau à boire.  

Des dysfonctionnements qui décrédibilisent le RAVEC 

Cette situation pose la question de l’équité du processus et décrédibilise en même temps l’État guinéen et le RAVEC en charge de ces enrôlements. 

Dans ces conditions, le RAVEC ne peut pas établir un fichier électoral crédible et obtenir une meilleure connaissance démographique ou avoir des bases de données démographiques fiables qui permettent à l’État d’analyser, de contrôler l’évolution démographique du pays. 

Ces dysfonctionnements mettent à nu le manque de volonté politique du pouvoir militaire qui promeut que les incompétents à tous les niveaux de l’administration publique sur fond de calculs ethnicistes et politiques. 

Quant à la diaspora guinéenne, pourtant engagée, elle se sent abandonnée et lésée dans ses droits par les autorités guinéennes incapables de leur offrir un recensement digne d’un pays indépendant depuis 66 ans. 

Un enjeu crucial pour la démocratie guinéenne

Ce recensement est pourtant essentiel. Il doit permettre à des milliers de Guinéens de l’étranger de figurer sur les listes électorales et de participer aux futurs scrutins. Mais dans ces conditions, beaucoup seront exclus. 

Peut-être aussi, ce recensement n’est juste qu’un alibi aux yeux de leur maître occidentaux, pour une junte militaire guinéenne qui n’a pas du tout envie de finir avec une transition politique trompe l’œil. 

Et nous savons aussi que les élections en Guinée sont organisées pour être gagnées par le pouvoir en place. Car elles ne sont ni transparentes, ni légales. 

En attendant, la colère monte en France !

« On veut juste être recensé, c’est un droit, pas une faveur ! », lance Touré Bangaly devant la mairie de Montreuil.

Alors que la date limite approche, la pression s’intensifie. 

La Guinée parviendra-t-elle à garantir un recensement juste et inclusif pour sa diaspora ? 

Pour l’instant, le chaos persiste, et les Guinéens de France attendent toujours des réponses.

Barry, Aboubacar Tely.

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