Le chef de la junte, Mamady Doumbouya use depuis plus de trois ans de manœuvres antidémocratiques qui ont détruit à petits feux le peu dont la Guinée pouvait se glorifier dans une Afrique peu regardante sur ce que la démocratie veut dire.
Et l’ancien légionnaire français après avoir instrumentalisé le peuple pour légitimer son coup d’État et pour une mauvaise cause, c’est-à-dire celle de vouloir faire prévaloir des intérêts partisans, ethnicistes, impérialistes et individuels et pour le seul bénéfice de ses auteurs.
Il est en train de faire la même chose avec la grâce présidentielle de l’ancien président Moussa Dadis Camara condamné à 20 ans de prison ferme en juillet 2024.
Le chef de la junte a ordonné hier par décret présidentiel la mise en liberté de l’ancien président Moussa Dadis Camara, ce fervent défenseur de l’Afrique des libertés.
Ainsi c’est à travers une justice aux ordres qui dicte des verdicts troublants, excessifs et iniques contre les opposants à son pouvoir françafricain excessif, qu’il grâcie son éminent otage et pour manipuler l’opinion publique.
Qu’on ne se leurre pas. Il veut à nouveau opposer et diviser les peuples de Guinée.
Car après le drame de de N’Zérékoré qui a eu lieu au stade du 03 avril l’année dernière, et par la faute de ses hommes nuisibles tels que Amara Camara qui y avaient organisé un match de soutien à la junte.
Il veut tenter à travers cette grâce présidentielle de récupérer la population de cette zone afin de faire passer sa confiscation du pouvoir.
Soutenu par le système mafieux françafrique, l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya ne lâche pas prise.
Il lui faut respecter l’engagement pris auprès de ses maîtres français, qui refusent d’être des anciens maîtres.
Ceci dit, le retour à l’ordre constitutionnel n’a pas de sens pour lui et ses maîtres.
Le plus important pour le système mafieux françafrique en perdition sur le continent africain, c’est le retour de la Guinée dans le pré-carré français.
Et pour marquer son allégeance à la vision néo-impériale du président français, tous les moyens sont bons. Car il sait que pour pouvoir réussir son glissement vers l’autoritarisme, il a besoin de la main tendue de l’Etat français.
Tous les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour empêcher que la Guinée ne revienne sur la trajectoire qu’il semble inexorablement emprunter.
Violence, incendie inhabituel des installations électriques, cherté de la vie, corruption, blanchiment d’argent, retrait des agréments des groupes de médias privés et restrictions des réseaux sociaux, censure, arrestations d’opposants, de militaires, restrictions des libertés individuelles, pillages des ressources minières, enterrement de la transition politique, mis en place d’un gouvernement de transition de figuration, l’incertitude qui gagne le terrain marquent désormais la vie des guinéens.
Même avec une grâce présidentielle, la faute commise et jugée poursuit le gracié
Car si la grâce présidentielle réduit ou supprime la peine et qu’elle dispense d’exécuter la sentence du tribunal, le gracié reste néanmoins coupable aux yeux de la justice et la condamnation ne disparaît pas de son casier judiciaire. La faute commise et jugée poursuit le gracié.
Par contre, en plus de la suspension de la peine permise par la grâce, l’amnistie, elle, efface la condamnation du casier judiciaire; l’intéressé alors est totalement blanchi et peut jouir de tous ses droits de citoyen.
Autrement dit, une personne amnistiée est considérée comme innocente par la justice.
C’est en cela que la grâce présidentielle accordée à l’otage politique est une malsaine charlatanerie, une manipulation, une instrumentalisation.
Mieux, il est connu de tous que les juges manipulés depuis le haut d’en haut ont connu toutes les difficultés du monde pour gribouiller les chefs d’accusation dans ces dossiers et tenir ce procès simulacre.
Derrière cette grâce présidentielle se cache tout simplement, une manipulation, et une envie grandissante de vouloir passer par tous les moyens pour confisquer le pouvoir dans un contexte de grandes incertitudes.
Et si tel n’était pas le cas, pourquoi devrait-on kidnapper des journalistes, des leaders d’opinions, qui n’ont commis aucun acte de violence ou criminel alors que les criminels qui font couler le sang, qui pillent les biens de l’État tiennent le haut du pavé dans notre pays?
Le françafricain Mamady Doumbouya dévoile son vrai visage
Avec cette grâce de l’ancien président Moussa Dadis Camara, le pion du néocolonialisme continue de dévoiler aux guinéens sa vraie face, celle d’un personnage antidémocratique voire dictateur des temps contemporains sous les tropiques.
C’est la stratégie du luron et du despote, il lui faut l’onction du peuple pour mieux le martyriser et le résultat est pire.
Avec cette méthode employée, il détruit et saccage tout sur son passage pour le prétendu bien être du peuple souverain qui l’aurait mandaté.
C’est en cela que Mamady Doumbouya et son clan sont au delà de la dangerosité ;il sont la dangerosité personnifiés ;ils sont le mal en puissance qui couvrent d’un manteau de circonstance, fait sur mesure, tout juste pour faire croire au regard de ses maîtres occidentaux qu’il est respectueux de l’intangibilité de la volonté populaire, la manifestation la plus perfectionnée de la démocratie.
Mamady Doumbouya veut à travers cette mesure de Clémence, cette grâce présidentielle prouver par là qu’il n’est pas un dictateur, il serait plutôt l’homme de la situation, du dialogue et de la paix, c’est-à-dire cet homme qui tient aux valeurs et principes de la démocratie.
Or, s’il veut réellement vendre une telle image de lui, il lui faudra par soucis d’apaisement, libérer ses otages politiques que sont Foniké Menge Sylla, Billo Bah, Habib Marouane Camara, Aliou Bah.
Or il ne le fera pas. Il n’a ni la volonté, ni le courage et l’audace d’aller dans ce sens.
On voit bien que cette mesure n’est que du dilatoire. Cet acte ne sera pas un haut fait, encore moins une mansuétude louable.
Mais l’humiliation publique du président Dadis Camara et les victimes des massacres du 28 septembre 2009.
Pour Mamady Doumbouya, le françafricain, chacun lui doit son souffle
C’est juste une énième manière de prouver à la face du monde qu’il est l’homme fort, propriétaire de tous les dossiers en Guinée, de toutes les vies et libertés.
C’est-à-dire sous le ciel guinéen, tout part de lui, son épouse française, son clan et mène à lui.
C’est le centre de l’État, le cœur de la nation. Chacun lui doit son souffle.
Et les subordonnés inutiles troubadours à la cour du souverain vont titrer
bientôt: « Moussa Dadis, Aliou Bah,… rendent grâce au président Alpha Condé ».
Quelle broderie, quel cynisme!
C’est à croire que les guinéens ont à faire à des aliénés dépossédés de toute capacité de réfléchir, d’affronter leur âme et conscience et d’agir en hommes libres.
Comme de coutume, le régime est dans son art habituel, l’art d’apporter de problèmes à des solutions.
Aïssatou Chérif Baldé
Un commentaire