Depuis l’arrivée de Mamady Doumbouya au pouvoir, ce Général autoproclamé, plus rien ne va dans ce pays.
Les drames humains et les tragédies humaines font partie du quotidien des Guinéens.
En moins d’une année, avec le drame du 1er décembre à N’zérékoré, le pays vit donc son deuxième drame après l’explosion meurtrière du dépôt du carburant à Conakry-Coronthie, en décembre 2023.
Sans bien évidemment compter les graves accidents de circulation, les incendies des habitations, des magasins avec ses dégâts matériels et humains importants devenus très récurrents.
Cette situation est intolérable, car elle est l’œuvre de pillards, de bandits à col blanc, des usiriers negriers, usurpateurs sans amour et respect pour le peuple de Guinée et incapables d’assurer la protection des populations.
Depuis 2021, les démons ont ressurgi de plus belle.
En trois ans, le pays flirte avec la faillite: inflation, effondrement de la monnaie nationale, chômage endémique, services publics (eau, électricité) aléatoires, immigration mortelle, corruption endémique, pillage systématique et systémique des ressources minières du pays, musellement des médias privés, oppression, émiettement du tissu social, ethnicité et division, kidnapping des entrepreneurs locaux et les opposants politiques, assassinats des voix dissidentes.
Un rapport de Human Rights Watch publié ce lundi 2 décembre épingle la junte militaire
Le rapport de Human Rights Watch publié ce lundi 2 décembre 2024 aborde dans ce sens. Cet article met a nu les dérives du pouvoir militaire à Conakry.
Dans ce rapport intitulé «Guinée: Les droits humains en péril alors que la transition promise se fait attendre »,
Human Rights Watch met à nu les dérives du pouvoir militaire.
« Il explique dans ce rapport avoir mené des entretiens avec 30 individus en personne à Conakry, entre le 22 et le 28 septembre, dont des représentants d’organismes des Nations Unies et de la communauté internationale, des membres d’organisations nationales et internationales de défense des droits humains, des journalistes, des membres de l’opposition politique et des victimes de violations des droits humains, et a rencontré le ministre guinéen de la Justice et des Droits de l’Homme. Du 10 au 31 octobre, Human Rights Watch a également mené des entretiens par téléphone avec 27 témoins de violations des droits humains. Human Rights Watch a aussi examiné des déclarations de membres du gouvernement et analysé des dossiers médicaux et médico-légaux, des documents juridiques, des photographies et des enregistrements vidéo partagés directement avec ses équipes de recherche pour corroborer les récits des victimes et des témoins » .
Un rapport qui décrit le caractère autoritaire du régime militaire guinéen.
En effet, le pouvoir dans les mains de Mamady Doumbouya mains s’exerce par l’arbitraire, l’autoritarisme, la privatisation du pouvoir, la privation aux citoyens des droits les plus élémentaires, l’injustice. Durant ces trois ans, il s’est évertué à faire enraciner les structures néopatrimoniales tout en posant des actes qui obstruent le chemin de la démocratisation et du développement socio-économique du pays.
Une gouvernance des pillards
Sur le plan de la gouvernance, avec Mamady Doumbouya, les fossoyeurs d’hier se mutent en donneur de leçons; les vizirs d’aujourd’hui tels que les ministres, les DAAFs et directeurs des régies financières sont devenus plus voraces. Leur seul souci est comment se remplir les poches.
Pendant ce temps, la misère s’accroît dans les foyers de manière exponentielle; l’insécurité et l’injustice persistent chez les populations.
De loin, peut-on apercevoir cette souffrance exsangue dans laquelle croupit le Guinéen et cela dans l’indifférence totale d’une caste de jouisseurs se disant dirigeants.
La Guinée est donc malade de ses « acteurs » étatiques. La terre de Samori Touré, de Bocar Biro, de Dinah Salifou est malade de ses enfants comme Mamady Doumbouya, Amara Camara, Djiba Diakité.
Car malgré les ressources humaines, minières, énergétiques, c’est -à -dire les atouts pour faire émerger la société guinéenne, la vie en Guinée relève encore au-delà d’un miracle.
Et cet ‘’ancien légionnaire français’’ qui promettait de remettre de l’ordre, notamment du côté de la justice et dans la gestion des affaires, est devenu, une fois à la tête de l’État guinéen, une déception programmée de l’histoire récente de la Guinée.
En créant sa CRIEF, le chef de la junte militaire Mamady Doumbouya a voulu à un moment donné faire preuve de bonne volonté pour lutter contre la corruption.
Mais sauf que l’on ne peut pas lutter contre la corruption, lorsqu’on n’est incapable de faire preuve d’exemplarité.
Au fait, l’injustice et la corruption ont toujours gangrené l’État guinéen. Et ce manque de bonne gouvernance est rendu aussi possible par la complicité passive du peuple de Guinée. Donc ce peuple qui refuse d’agir ensemble contre ces cadres véreux, faisant ainsi le choix de la stagnation.
En outre, la Guinée n’a en effet jamais connu un tel degré de corruption voulu et entretenu par un président d’un clan hégémonique avec un pouvoir qui se dissémine au sein d’une bande des rapaces.
Ils sont parvenus en trois ans à vilipender, spolier les ressources minières et énergétiques de ce pays, détruire son environnement, sans aucune retombée positive pour le peuple et en livrant le pays à des loups venus de tous les horizons pour s’approprier de ses ressources.
Le plus inquiétant est le fait que parmi ces loups, les plus dangereux sont les usurpateurs comme Djiba Diakité, ces personnes dont l’esprit et le cœur sont rongées jusqu’à la moelle épinière par la colère, l’envie, la culpabilité, l’ego, l’injustice, la corruption.
Pour eux, la Guinée et les Guinéens, tout comme leur vie ne comptent pas.
Et c’est pourquoi les richesses de ce pays ne peuvent pas être partagées de manière équitable.
C’est pour toutes ces raisons que la mort de 300 guinéens à Nzérékoré à cause de leur tournoi maléfique doit être étouffée, cachée au peuple de Guinée.
Car le peuple de Guinée n’a mérité que pauvreté, mépris. Or ce mépris, cette pauvreté, cette défaillance de l’Etat guinéen demeurent leurs œuvres.
Un triomphe d’imposteurs rendu possible grâce au peuple
Outre mesure, force est de constater que le triomphe de ces individus médiocres, imposteurs, injustes, est rendu possible grâce à la complaisance du peuple et de la classe politique guinéenne.
Car cette cruauté, cette haine,cette injustice, cette indifférence, cet égoïsme du pouvoir militaire guinéen ne se sont pas introduits dans notre vie à notre insu, on les a cherché délibérément.
Non seulement, la plupart des hommes politiques de l’opposition guinéenne détournent les yeux sur cette évolution tragique, puisque préoccupés sur fond de la politique du ventre à intégrer le camp des pillards pour aussi avoir l’argent du beurre.
Mais ils n’ont ni le courage, ni la vision de reconnaître que le peuple de Guinée a besoin d’actes que de paroles.
Quant à la jeunesse guinéenne, elle refuse de faire preuve de grandeur, pour être cette grande génération de Guinéens porteurs d’espoir, puisqu’elle a décidé de soutenir l’enracinement d’une république bananière, néopatrimoniale, dirigée par des intérêts égoïstes d’une petite oligarchie autoritaire, clanique, ethniciste dont la corruption dénature l’essence de ce pays.
La jeunesse guinéenne a fait le choix de fermer les yeux sur le fait que le népotisme a fini par infester toutes les institutions étatiques guinéennes.
Car il y a de nombreux gens qualifiés qui ne sont pas là où ils devraient être, parce qu’ils refusent de lécher les bottes de qui que ce soit, ou encore parce qu’ils ne savent pas lécher les bottes.
Alors quelle solution trouver lorsque l’esprit et le cœur de la plupart des acteurs politiques sont rongés par la corruption et l’injustice jusqu’à la moelle épinière ?
Seule la révolte de l’esprit et du cœur du peuple pourra ouvrir la voie de la guérison et au prix d’un effort soutenu par le même peuple pour mettre hors d’état de nuire toute cette élite subalterne d’une nouvelle tyrannie en Guinée.
Une élite subalterne d’une structure économique internationale mafieuse à connotation néocoloniale qui ressemble à des limousines passe-partout ayant une angoisse devant le vide qui provoque cette ambition, ce pouvoir démesuré, cet acharnement à posséder, par tous les moyens.
Sans quoi, on va continuer d’être «encerclé » par les gangs « prédateurs », englué dans une cascade de crises et à des conditions de vie insoutenables.
Si nous n’agissons pas maintenant, l’instabilité et la violence auront un impact durable sur des générations de Guinéens.
Le peuple continuera d’être pris au piège dans ce genre de «cycle tragique» de violences, de misère et de catastrophes comme la tragédie de N’Zérékoré et de Coronthie.
Aissatou Chérif Baldé
https://www.hrw.org/news/2024/12/02/guinea-rights-risk-promised-transition-derails