La Guinée est en train de vivre ce soir l’une des plus graves tragédies de son histoire. Ce drame est survenu ce dimanche 1er décembre 2024, lors de la finale d’un tournoi de football organisé par le pouvoir militaire guinéen en guise de soutien au chef de la junte Mamadi Doumbouya dans sa démarche de confiscation du pouvoir.
Plusieurs jeunes ont perdu la vie dans des circonstances dramatiques. On fait état de plusieurs morts et blessés.
Nous avons vu des images et vidéos insoutenables qui montrent des adolescents blessés, des corps allongés dans l’hôpital de la ville de Nzérékoré qui nous rappellent des images d’un pays en guerre.
Parmi les victimes se trouvent malheureusement de nombreux adolescents, une situation qui suscite une vive émotion au sein de la population.
Les causes du drame
Selon les témoignages et les informations relayées par les médias guinéens, tout semblait se dérouler dans une ambiance festive au début du match qui opposait la ville de Labé à celle de Nzérékoré.
Mais c’est l’expulsion de deux joueurs qui ont écopé de cartons rouges, qui a marqué le début de cet incident. Car cette expulsion a provoqué de vives contestations, entraînant une interruption du match pendant une vingtaine de minutes avant sa reprise.
Sauf que le climat de sérénité tant attendu n’a été que de courte durée. Il s’est à nouveau détérioré lorsqu’un but marqué par l’équipe de Nzérékoré, contesté par celle de Labé, a ravivé les tensions.
Selon les témoignages, des joueurs furieux se sont insurgés contre la décision de l’arbitre, déclenchant une réaction violente des supporters.
Ces derniers ont commencé à jeter des pierres dans le stade qui ne remplit aucun critère d’appellation de stade, provoquant une panique généralisée. Une grande partie du public a tenté de fuir en se précipitant vers l’unique porte de sortie, sous une pluie de projectiles, rapportent les journalistes sur place.
Les forces de sécurité apparemment incapables de contenir la colère de la foule et de maîtriser la panique des spectateurs ont alors fait usage du gaz lacrymogène pour tenter de disperser la foule.
Des drames humains sans fin
Force est de constater que la Guinée vit depuis l’arrivée de Mamady Doumbouya au pouvoir des drames humains sans précédent.
Il y a bientôt un an jour pour jour la Guinée vivait dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18 décembre l’une de ses pires catastrophes causées par l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures dans le centre de Conakry.
On avait enregistré au moins 16 morts et plus de 190 blessés et des dégâts matériels importants sans oublier les centaines de sinistrés qui se sont réfugiés en haute banlieue.
Jusqu’à nos jours les causes de ce drame n’ont pas été rendues publiques et les responsabilités n’ont pas été non plus situées.
Et cette fois-ci encore, ce drame s’est produit au mois de décembre. Les responsabilités pénales et civiles des organisateurs de ce tournoi ayant conduit à cette tragédie humaine ne seront pas non plus situées.
En Guinée, la vie humaine ne vaut pas plus que le pet d’un lapin
Nous sommes en Guinée, le pays où l’ordre des choses est fortement perturbé.
Ce pays où la vie humaine ne vaut pas plus que le pet d’un lapin.
Et nous sommes vraiment en Guinée et là-bas , tout le monde parle la langue des truands : les hommes politiques, les hommes d’affaires, et… en premier lieu le chef de la junte militaire Mamadi Doumbouya.
On graisse la patte, on verse des pots-de-vin, des bakchichs… une vie humaine, ça ne vaut pas un pet de lapin.
Les artistes, les sportifs ne bénéficient que des reconnaissances posthumes.
Et l’ État les laisse le plus souvent crever de pauvreté.
Aucune réaction, aucune assistance.
Et soyez sûr qu’aucune enquête ne sera menée pour situer les responsabilités dans cet énième drame humain.
Aissatou Cherif Balde