Guinée: Le Conseil national de la transition, un endroit où l’on dénature les exigences fondatrices de la ddémocratie.

La Guinée fait face depuis le 05 septembre 2021 à une nouvelle énième phase de transition politique. 

Ceci dit, le pays connaît un nouveau blocage du processus de démocratisation via un coup d’État militaire. 

Ce risque de blocage était prévisible du moment où le régime déchu s’était résolu à offrir aux guinéens une démocratie de façade. 

C’est-à-dire cette déconfiguration de la démocratie, qui se définit comme une démocratie dont le pouvoir émane des dirigeants par les dirigeants et pour les dirigeants, et non du peuple à travers des élections libres et démocratiques.

C’est aussi une  une démocratie sans démocrates.

Depuis la promulgation de la loi fondamentale de 1990 qui est l’essence même de la démocratie guinéenne, le pays se trouve toujours dans un contexte caractérisé par des maux qui rongent sa démocratie et qui ne favorisent pas la mise sur pied d’un État véritablement de droit et par conséquent la consolidation de sa démocratie. 

Et 66 ans après son indépendance, la société guinéenne est toujours à la recherche de voies et moyens pouvant permettre d’asseoir la démocratie dans le pays, à travers d’institutions républicaines, issues d’élections crédibles et démocratiques et ce, pour la conquête de sa véritable identité aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique et social. 

Donc 66 ans après son indépendance, elle est toujours embarquée dans cette espèce de bourbier qui, en fait, est un perpétuel recommencement émaillé de coups de force à répétition.

Car dans ce pays, l’armée, les acteurs étatiques, la classe politique et la société civile s’avèrent être des vrais ennemis de la démocratie.

L’actuel président du Conseil national de la transition, M Dansa Kourouma peut être cité à titre d’exemple. C’est un parfait ennemi de la démocratie, un imposteur et il est issu de la société civile guinéenne.

Sans oublier Alhoussein Makarena Kaké, président du parti NFD, qui est l’illustration parfaire de la transhumance politique..

Ces personnages très nombreux au sein de ce gouvernement françafricain du régime militaire sont depuis 66 ans incapables de surmonter les crises institutionnelles et politiques qu’elles génèrent pour enfin consolider la démocratie guinéenne. 

De par leur attitude antidémocratique, ils ont souvent contribué à la recrudescence des coup d’État militaires et civils dans le pays et à un rétrécissement de l’espace civique. 

D’où l’éviction de l’ancien président Alpha Condé en septembre dernier via un coup d’État militaire. Car son régime n’a pas été en mesure d’établir ou de consolider un système de gouvernance démocratique. 

Le Conseil national de transition de Dansa Kourouma a dénaturé les exigences fondatrices de la démocratie 

Le conseil national de la transition qui doit jouer le rôle du parlement pendant cette phase de transition politique ne pouvait être avec Dansa Kourouma qu’un endroit où l’on essaie sur fond d’accord, de compromis, de compromission, de consensus à  dénaturer les exigences fondatrices de la démocratie. 

L’inquiétude à ce niveau s’explique par le fait que pendant ces dix dernières années, la classe politique guinéenne a souvent fait usage des pratiques freinant la démocratie à l’hémicycle.

Elle a facilité par exemple le scellement de compromis et compromissions louches, des contournements des lois de la République, en les substituant à des accords politiques ou à un consensus politique. 

Des agissements qui ont pourtant conduit pendant les deux mandats du président Alpha Condé à une faible crédibilité de la constitution et de la justice constitutionnelle guinéenne. 

Et la junte militaire à travers la nomination de Dansa Kourouma à la tête de l’hémicycle a opté pour la continuité de ces pratiques malsaines du régime Condé. 

Elle  a prouvé à travers le recyclage de certains personnages clés de l’ancien régime du président Alpha Condé, qu’elle est aussi sous l’influence du système mafieux et clanique existant depuis 636 ans. Elle n’a pas forcément les mains libres. 

Et c’est pourquoi le mode et critères de désignation des députés de la transition s’est fait  à l’image de la formation du gouvernement de transition.

Or, si la junte militaire guinéenne était animée par l’envie de faire de la Guinée un pays démocratique stable, les membres du CNT doté des prérogatives de l’Assemblée nationale, dissoute dans la foulée de l’éviction du président Alpha Condé, chargé donc de voter les textes des réformes prévues dans le cadre de la transition;  devraient être choisis minutieusement.

Cet organe législatif, donc l’un des maillons du dispositif prévu dans le cadre de la transition à durée indéterminée, devrait être au cœur d’âpres discussions.

Et ces discussions auraient dû porter sur l’équilibre entre mouvements politiques et organisations de société civile et surtout quelles personnalités intégrer au sein de cet organe législatif. 

Mais Mamady Doumbouya  faisant partie du système de pillage systématique et criminel mis en place depuis 66ans a refusé de tout mettre en œuvre, pour que la clé de répartition et le mode de désignation des députés de transition ne souffrent d’aucune ambiguïté ou anomalies. 

Les députés n’ont pas été choisis sur fond de patriotisme, de loyauté d’expérience, d’engagement, de probité morale.

On y trouve donc des personnes choisies sur fond de faux calculs politiques et ethnicistes sans compétences et aptitudes interpersonnelles, sans humilité, sans conscience de soi, sans vertu, sans intégrité. Ce choix porté sur ces personnes n’était pas fortuite.  

L’objectif était clair : ouvrir la voie à une nouvelle crise sans précédent qui prolongera le maintien de la junte militaire à la tête de l’État. 

On nous a imposé un CNT à la solde qui vote des projets de lois, écrit une constitution sans valeur juridique ou prend des mesures pouvant être un frein à la lutte contre l’impunité et aux droits des victimes et surtout à l’enracinement de la démocratie guinéenne. 

Et c’est pourquoi Dansa Kourouma pense que l’unité nationale doit se faire au mépris de la justice, et sans une reconnaissance par l’État de ses responsabilités pour les crimes graves commis dans le cadre de la crise guinéenne.

Car pour Dansa Kourouma et son patron Mamady Doumbouya ion ne parle de victime que pour mettre la pression sur le camp adverse afin de se partager le butin qui est la Guinée à part égale. 

Le combat politique étant d’abord clanique, factionnel, ethniciste, mafieux, régionaliste. 

Alors le CNT version CNRD, ne va jamais jouer le rôle d’Assemblée nationale pendant cette période transition et qui doit aboutir à l’organisation d’élections générales doit impérativement fonctionner comme une Assemblée nationale, sur fond de loyauté envers le peuple guinéen et de transparence conformément aux dispositions de la Constitution de 1990 amendées en 2010. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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