Chronique/Les auteurs du coup d’État militaire survenu le 05 septembre 2021 en Guinée, ces françafricains se sont définitivement éloignés du premier discours de leur chef de la transition Mamady Doumbouya, ce pantin par excellence de la françafrique.
En effet un coup d’État militaire est en principe une situation hors norme, une rupture, un recul démocratique, car il remet en cause les fondements de la République tels qu’ils avaient été institués, même si dans certaines mesures des coups d’États avec Rawlings et Sankara furent salvateurs.
Quant au coup d’État militaire en Guinée, il reste un recul démocratique et s’est lentement mais sûrement transformé en un cauchemar pour le peuple de Guinée.
Nous sommes aujourd’hui plus que jamais convaincus que ce coup d’État militaire perpétré contre l’ancien président Alpha Condé est tout sauf salvateur.
Et pourquoi ?
Les putschistes en tête Mamady Doumbouya ont élevé en trois ans des mesures et un vide bourratif, à travers des décisions et mesures politiques clivantes.
Bourratif, car ils ont enfourné dans les oreilles du peuple les mesures vides, telles que le non recyclage des figures de proue de l’enterrement de l’alternance démocratique, zéro tolérance face à la corruption, à l’impunité.
Et les mesures prises par les putschistes sont sans substances, puisque l’on ne peut pas par exemple prétendre lutter contre la corruption organisée sans faire preuve d’exemplarité.
Ils sont aujourd’hui avec les anciens cadres du RPG-arc-en-ciel, de L’UFDG, de la société civile qui n’ont pas trouvé l’offre du pouvoir déchu ou de leurs familles politiques à leur endroit séduisant.
Et ceux-ci ont quitté le navire coulant pour se jouer du peuple avec des démissions ou des départs involontaires digne d’une scène de théâtre.
Plus grave encore, ces anciens politiciens de carrière, les artistes mendiants et parasites, les petits idiots utiles et monstres des réseaux sociaux sont devenus les artisans de la répression, de la corruption organisée, de la division et voire de la criminalisation des immigrés guinéens en Allemagne qui sont aujourd’hui déshumanisés par Morisandan Kouyaté signataire d’un accord de rapatriement.
Car la délégation de Morisandan Kouyaté tente de rapatrier même les malades. Un jeune souffrant du nom de Sangaré a échappé le mercredi 03 septembre 2024 de justesse à une expulsion. Il a fallu l’intervention de l’avocat de l’ONG hambourgeoise Guinée-Solidaire-Organisation e.V pour lui éviter de passer devant la délégation du ministère des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger.
Et nous avons appris ce jeudi 04 septembre 2024 que c’est un autre jeune homme très malade qui est visé par une éventuelle expulsion.
La junte militaire au pouvoir est vraiment en panne de projet
C’est pourquoi son seul projet reste le musellement des médias privés, le kidnapping ou l’assisinat des leaders d’opinion tels que Foniké Menge Sylla, Billo Bah et tant d’autres.
Elle n’arrive pas à tenir plusieurs de ses engagements et à donner une vision et un cap clairs à la transition en Guinée.
Toutefois on voit bien que le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas une priorité de l’agenda des militaires au pouvoir à Conakry.
Des signes de confiscation du pouvoir qui ne trompent pas
L’un des signes avant-coureurs qui indiquent l’envie de confiscation du pouvoir par la junte militaire guinéenne est le fait qu’elle est beaucoup plus préoccupée à trouver des sujets de distractions pour occuper le peuple, que de s’atteler sur l’essentiel qui est le retour rapide à l’ordre constitutionnel.
La tenue des concerts financés avec l’argent du contribuable pour encenser un pouvoir agonisant et agressif est un exemple illustratif de cette envie de confiscation du pouvoir.
En effet, sa stratégie de la diversion transportée sur la tenue de ces concerts est simple. Elle consiste à détourner l’attention du public guinéen des problèmes importants tels que le retour à l’ordre constitutionnel, la cherté de la vie, l’inflation, le manque de politique gouvernementale du gouvernement de transition, le retour des coupures d’électricité, la continuité de la corruption organisée, création de chantiers futiles partout dans la région de Conakry, l’arnaque organisée autour de la confection des passeports dans les ambassades guinéennes où même les rendez-vous pour la confection des passeports est achetable etc…
D’autres signes avant-coureurs sont faciles à détecter grâce à la longue expérience des guinéens avec la dictature.
Ces signes avant-coureurs se manifestent aujourd’hui par l’accaparement de tous les pouvoirs par le putschiste Mamady Doumbouya, par les violences policières et tueries enregistrées lors des manifestations de l’opposition politique guinéenne juillet 2022, février 2023 et en 2024.
On peut citer aussi la restriction des libertés individuelles, l’interdiction faite aux opposants politiques de quitter la Guinée ou d’y retourner, l’arrestation et le kidnapping des opposants politiques.
Le fait que la junte militaire guinéenne continue de faire de l’ethnicité, de la cooptation, du népotisme, du clientélisme, de la médiocrité intellectuelle, les critères de sélection des agents de l’État met aussi à nu l’envie démesurée de la junte de confisquer le pouvoir.
Et c’est pourquoi Morisandan Kouyaté continue de bourrer les ambassades d’un personnel incompétent et médiocre.
Un coup d’État militaire tout sauf salvateur
Ainsi à travers les attitudes unilatérales, despotiques de la junte militaire guinéenne dans la gestion des affaires de l’État, sa comparaison inintelligible de la situation du pays à celle du Mali et du Burkina-Faso, le message envoyé au peuple de Guinée est clair.
Ce coup d’État militaire n’avait jamais eu pour objectif d’assainir, de restaurer l’État de droit et la démocratie, de consolider l’unité nationale bref de recoller les morceaux de verre cassés par le régime d’Alpha Condé.
Sinon, on n’allait pas assassiner en trois ans 33 adolescents lors des manifestations des forces vives guinéennes, tuer le Général Sadiba Koulibaly et kidnapper Foniké Menge et Billo Bah.
On constate aussi que la lutte anti-corruption n’est juste qu’une sorte de règlement de compte, pour éliminer ceux qui peuvent empêcher la confiscation du pouvoir.
Il n’a donc jamais été question de faire que la moralisation de la vie politique porte impérativement sur: la déontologie de la vie politique,la prévention des conflits d’intérêts (déclarations d’intérêts),le contrôle des déclarations de patrimoine des principaux responsables publics, l’inéligibilité des élus ou cadres condamnés pour fraude fiscale ou pour corruption et l’indépendance de la justice et des magistrats.
Le discours de Mamady Doumbouya tenu le 05 septembre 2021 fût une répétition bis, un refrain bien connu.
Car tous les putschistes commencent toujours à justifier leurs actions par les souffrances du peuple, par l’injustice,la gabegie,l’impunité ,la violation de la Constitution.
Sinon Mamady Doumbouya et ses agents de l’État allaient tous sans exception procéder à la déclaration de leurs biens.
Le chef des putschistes guinéens, allait surtout comprendre qu’une junte militaire qui puise sa légitimité de l’onction populaire qui n’est plus totalement acquise aujourd’hui, doit forcément se méfier d’adopter des attitudes qui ne prennent en compte qu’un seul côté, qu’une seule position, qu’un seul point de vue.
Et les putschistes regroupés au sein du CNRD allaient comprendre que la nécessité de créer un cadre de dialogue franc, réaliste, sage pour privilégier le consensus politique dans une situation hors norme est inévitable pour la réussite de toute transition politique.
Puisque le consensus politique reste dans un processus de démocratisation, l’instrument le mieux adapté pour éviter des crises et trouver des solutions à celles existantes.
L’envie de confiscation du pouvoir de plus en plus grandissante
Mais Mamady Doumbouya n’a nullement envie de quitter le pouvoir après ces 36 mois illégitimes passés à la tête de l’État guinéen.
Il faut donc jouer sur la surdité politique et sociale en transformant le coup d’État militaire en une sorte de pouvoir autoritaire accepté.
Des signes avant-coureurs qui peuvent pousser à la déflagration politique et sociale
Dans ce contexte, il poursuit et impose sa politique arbitraire par l’interdiction des réunions, des manifestations, le sabotage des activités partisanes et associatives, les brimades, les tueries des adolescents innocents et les humiliations au quotidien des activistes, le quadrillage policier de la vie publique.
Car ils cohabitent sans doute avec d’autres signes avant-coureurs qui peuvent pousser à la déflagration politique et sociale qui ne laisseront guère subsister de doute quant au dérèglement de la mécanique autoritaire, bien huilée mais qu’on croit à tort résistante à toute épreuve.
Et c’est fût l’une des causes de la chute du pouvoir de M Alpha Condé.
Aïssatou Chérif Baldé