L’élite guinéenne se joue du peuple de Guinée avec une politique gavée de cynisme, qui l’empêche de penser.
Les premières victimes de cette politique conçue juste pour dominer le jeu, en se jouant des guinéens et les événements, l’intérêt étant son but et l’intrigue son moyen sont les enfants de la commune urbaine de Conakry- Ratoma.
Les images qui nous parviennent de l’axe de la démocratie ce dimanche 09 mars 2025 montrant des jeunes opposés aux affiches de Mamady Doumbouya et d’autres qui les soutiennent s’affronter dans les rues de cette zone le prouvent.
L’axe de la démocratie, théâtre de jeu politique perfide
Cet endroit est devenu le théâtre d’un jeu politique perfide où pouvoir et opposition se veulent maîtres et conquérants.
Une situation qui dure depuis 2006, sous l’ancien régime du feu général Lansana Conté.
Or dans cette zone les enfants manquent de tout. Il ne s’y trouve ni centre hospitalier adéquat, ni école professionnelle, ni centre de loisirs.
Considéré depuis plus de dix ans comme bastion de l’opposition.
On voit depuis l’arrivée de la junte au pouvoir que ce soit les activistes de la société civile, les anciens membres de l’opposition, l’opposition actuelle, que chacun se sert des enfants de cette zone pour des ambitions et intérêts personnels.
Pourtant, une fois l’objectif atteint, comme c’est le cas actuellement avec les anciens membres du Bureau politique national de L’UFDG et actuels artisans du pouvoir militaire tels que, Amadou Oury Bah, Ousmane Gaoual Diallo, Souleymane Thiaguel, Alpha Bacar Diallo, on les criminalise.
On a comme l’impression que le seul agenda de ces anciens ténors de L’UFDG dont le gouvernement de transition manque de leadership est la mainmise sur l’axe de la démocratie.
On fait semblant d’oublier de s’être servi de ces enfants, de les avoir manipulés pour atteindre le sommet de l’Etat.
Des actes qui constituent une violation grave des droits de l’enfant
Ces actes constituent pourtant une violation des droits de l’enfant dans la mesure où ils affectent notamment le rythme et la présence des enfants à l’école et peuvent faire courir aux enfants des risques élevés.
Et il existe d’ailleurs dans cette zone des graves incidents affectant ces enfants pendant les manifestations dont des blessures par balle, décès et incarcérations d’enfants.
L’État guinéen, en bon artisan du chaos,de la violence profite de cette situation de détresse, de frustration des enfants pour les brimer et les oppresser davantage.
La junte militaire joue sur la même carte
Mamady Doumbouya, venu au pouvoir le 05 septembre 2021 joue aujourd’hui sur la même carte. Il a juste après son coup d’État militaire fait semblant de mettre fin à cette situation injuste de cette zone.
Or il se jouait d’eux, car en bon chef d’un pouvoir des pires, d’un clan facho-ethniciste, son clan déteste cette partie de la Guinée, qu’ il qualifie de façon haineuse de criminels.
C’est pourquoi il violente, brime et tue les jeunes de l’axe aussi. Depuis son arrivée au pouvoir, 63 adolescents sont tombés sous les cribles de ses balles.
Que ce soit les autorités, les forces vives du pays y compris la société civile, personne ne lance un appel, pour protéger ces enfants contre la manipulation à des fins politiques, manipulation qui les exposent à de réels dangers.
Plus grave encore, c’est un ancien droit-de-l’hommiste devenu Premier ministre du de Amadou Oury Bah qui est au cœur de ces manipulations.
Chaque entité fait de ses enfants des victimes à vie
On a comme l’impression que chaque entité pour atteindre le sommet de l’Etat ou pour s’éterniser au pouvoir s’active pour faire des enfants de l’axe des victimes à vie.
Car ils savent tous que plus on vit avec un sentiment d’injustice profonde, d’exclusion perpétuelle plus on est vulnérable, manipulable, malléable, corvéable donc réceptif à toute sorte de propagande grossière et manichéenne.
C’est de cette façon que, opposition et pouvoir se jouent des enfants de l’axe et du peuple de Guinée.
On contraint chacun à se positionner
Nous avons à faire à une élite politique qui contraint chacun à se positionner. Il faut être pour ou contre. Ils font du manichéisme de mauvais aloi qui ne permet plus la contradiction, la nuance, les critiques.
On cherche à nous mettre dans une situation où on peine à saisir des situations complexes.
Nous vivons aujourd’hui en Guinée, en deux ordres distincts:les bons et les mauvais.
Ce procédé nous divise en deux. C’est réducteur mais reste efficace.
Car le peuple n’est plus apte à se représenter la complexité des situations pour refuser de servir d’escalier pour une telle élite politique égoïste, cynique, sauf pour quelques-uns à grande maturité intellectuelle.
Et malheureusement ils sont une minorité, donc invisibles.
L’élite manichéenne a pris le dessus
Or dans chaque crise en Guinée, elle prend des décisions politiques sans stratégie, qui entravent très sérieusement le processus de démocratisation en Guinée.
Elle joue depuis 2006 au jeu de ping-pong avec le peuple:
Tantôt ils font semblant de défendre l’intérêt du peuple, feignant d’être des vrais démocrates; or ils n’ont aucunement pas d’attitudes démocratiques.
Tantôt ils se contredisent dans leur démarche manifestement manichéenne.
Et c’est pour toutes ces raisons que le pouvoir militaire répressif arrive à troubler facilement les forces vives, afin de torpiller le chemin vers une transition douce, qui demeure l’idéal de demain pour la Guinée, pour enfin entrer dans une nouvelle donne politique, une véritable république d’alternance.
Le pouvoir ne contribue pas à l’instauration d’un environnement protecteur sur l’axe de la démocratie
Que ce soit les acteurs politiques ou étatiques, personne parmi elle ne plaide pour l’instauration d’un environnement protecteur dans la commune de Ratoma.
Et pourtant c’est la seule façon de contribuer à prévenir et à combattre la violence des forces de l’ordre afin d’assurer la survie et l’épanouissement des enfants, moyennant une tolérance zéro pour toutes les formes de violence à leur égard.
C’est surtout la seule d’amener ces enfants à regagner la confiance de l’État.
L’achat de conscience ne peut pas empêcher ces enfants qui n’ont connu que de la violence d’état, l’humiliation, la déshumanisation, la haine, l’exclusion, l’excès du pouvoir de se révolter.
Une telle mutation engage des responsabilités, des décisions et des idées audacieuses pouvant conduire à la stabilité de cette zone et du pays.
L’État tout comme l’opposition doivent impérativement adopter un discours politique qui est celui de la construction, du rappel de ce qui nous lie et des engagements que nous prenons vis-à-vis des populations que nous sommes censés défendre.
Ce discours surtout venant de l’État doit s’articuler autour de valeurs et principes, dans une approche bien guinéenne, c’est-à-dire imbu de nos valeurs qui vont de pair avec notre éducation familiale.
Malheureusement le pouvoir excessif de la junte guinéenne tarde à le comprendre.
Aïssatou Chérif Baldé